Quelques titres phares présentés au Festival du nouveau cinéma aujourd'hui.

Endorphine. D'André Turpin.

Simone (Sophie Nélisse) a 12 ans quand elle est témoin de la mort de sa mère lors d'une agression brutale. Cette expérience traumatique aura bien entendu des échos chez la femme dans la vingtaine (Mylène Mackay) qu'elle deviendra, tout autant que chez celle de 60 ans (Lise Roy), physicienne accomplie et conférencière.

Grâce à un montage à la fois complexe et précis, André Turpin entraîne le spectateur dans un voyage métaphysique où toutes les dimensions se conjuguent. Comme une espèce de monde parallèle où s'entrechoquent les images mentales, sans que celles-ci ne répondent aux codes habituels d'espace et de temps.

En résulte un film très riche, très accompli sur le plan de la réalisation, qui ne se laisse toutefois pas aimer facilement. La trame narrative, en forme de puzzle, est difficile à suivre. L'approche glaciale qu'a choisi d'emprunter le cinéaste rapproche aussi davantage ce film du cinéma expérimental.

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Aujourd'hui, 19 h 30, au Quartier latin.

Chienne de vie. D'Hélène Choquette.

Dans ce film documentaire, Hélène Choquette (Les poings de la fierté) dresse le portrait de sans-abris qui entretiennent une histoire d'amour et de survie avec leurs chiens de compagnie.

De façon sensible, la cinéaste suit quelques-uns d'entre eux dans la rue au fil de quatre saisons, révélant du même coup le rejet social dont ils sont souvent victimes.

Lors d'une scène, très éloquente, une femme affiche d'ailleurs son incompréhension envers un jeune sans-abris qui sollicite un peu d'argent.

De facture classique, ce document entre dans un monde d'extrême solitude, où l'animal devient souvent la seule raison de s'accrocher à la vie.

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Aujourd'hui, 13 h 15, au Cinéma du Parc.

PHOTO FOURNIE PAR LE FNC

Chienne de vie

Le coeur de Madame Sabali. De Ryan McKenna.

Le cinéaste manitobain Ryan McKenna (The First Winter) s'est amené au Québec pour tourner cette tragicomédie tendre et colorée.

Le récit est construit autour d'une femme souffrant de problèmes cardiaques, dont la vie emprunte une tournure singulière après qu'elle eut reçu le coeur d'une Malienne sauvagement assassinée.

Serti d'un humour pince-sans-rire, qui n'est pas sans rappeler celui que pratique Stéphane Lafleur, Le coeur de madame Sabali regorge d'idées inattendues et entraîne le concept de mixité en des territoires inédits.

Ne serait-ce que pour la présence formidable de Marie Brassard, ce film vaut assurément la peine d'être vu. En prime, vous aurez droit à une prestation du célèbre duo Amadou et Mariam!

* * * 1/2

Aujourd'hui, 17 h, au Cinéma du Parc.

PHOTO FOURNIE PAR LE FNC

Le coeur de madame Sabali

Fatima. De Philippe Faucon.

Lancée à la Quinzaine des réalisateurs, cette production française, à laquelle le Québec a aussi participé sur le plan technique et financier, relate le parcours d'une quadragénaire d'origine marocaine, prête à tout afin que ses deux filles puissent accéder à une éducation en France.

Sans aucun pathos, Philippe Faucon brosse le portrait d'une femme discrètement courageuse, devant laquelle se poseront bien entendu les écueils inévitables.

Fatima, qui fait des ménages pour gagner sa vie, devra affronter le petit racisme ordinaire (une patronne laisse volontairement traîner de l'argent pour voir ce que Fatima en fera), la fracture générationnelle avec ses filles, parfaitement intégrées, et apprendre à vivre dans une société dont elle ne maîtrise pas la langue.

Une belle délicatesse, teintée d'une bonne dose d'humanité, traverse ce beau film de part en part.

* * * 1/2

Aujourd'hui, 13 h, au Cinéma du Parc.

PHOTO FOURNIE PAR LE FNC

Fatima

Early Winter. De Michael Rowe.

Production canado-australienne, Early Winter est le nouvel opus du cinéaste Michael Rowe, lauréat de la Caméra d'or à Cannes (de même que la Louve d'or au FNC) il y a cinq ans grâce à Année bissextile.

Cette fois, le réalisateur australo-mexicain s'attarde à décrire les difficultés d'un couple montréalais, formé d'une émigrée russe (Suzanne Clément) et d'un Québécois bilingue (Paul Doucet). D'où l'utilisation de la langue anglaise dans la maisonnée.

L'approche est austère, sans compromis, sans effets dramatiques non plus. Le récit recense avec justesse, à l'aide de menus détails, les signes d'un amour qui s'étiole dans un contexte familial où de jeunes garçons sont aussi impliqués. Les deux acteurs principaux, magnifiques de retenue, livrent de remarquables performances.

Rappelons qu'Early Winter a remporté récemment le prix du meilleur film de la section Venice Days à la Mostra de Venise.

* * * 1/2

Aujourd'hui, 17 h, au Cinéma du Parc.

PHOTO FOURNIE PAR LE FNC

Early Winter