La rivalité mythique entre les pilotes de formule 1 Niki Lauda et James Hunt, qui a viré au combat de «gladiateurs» dans les années 70, ressurgit du passé avec force dans Rush de Ron Howard, dévoilé en avant-première au festival de Toronto.

L'Autrichien Niki Lauda, surnommé «le rat», est aussi ambitieux, calculateur et méthodique que le Britannique James Hunt est un playboy flamboyant dont la formule préférée est «plus on approche la mort, plus on se sent vivant».

La rivalité entre les deux hommes, dès leur apparition dans les championnats de formule 3 virera à l'obsession: être celui qui deviendra le premier champion du monde de F1. L'apogée de cette confrontation aura lieu pendant la saison 1976.

«Ces années-là ont été l'âge d'or de la F1 pour les fans parce que beaucoup de pilotes mouraient sur les circuits, donnant à ce sport un côté gladiateur», déclarait à l'AFP Ron Howard dans un récent entretien à Paris.

«Pour les pilotes, c'était presque comme une guerre, c'était un combat», explique le cinéaste, qui confie aimer les histoires où les personnages mettent en jeu leur vie.

«Chaque année, il y avait une réunion des pilotes et vous saviez pertinemment que quelques-uns d'entre eux ne passeraient pas l'année», poursuit le réalisateur au visage juvénile malgré ses 59 ans, casquette toujours vissée sur la tête, masquant sa calvitie.

Le championnat 1976 est resté dans les mémoires comme celui de l'accident spectaculaire de Lauda, sorti d'une voiture en feu par d'autres pilotes, et son incroyable retour sur les circuits peu après malgré la douleur encore vive provoquée par ses brûlures au visage. Pourquoi? Ne pas laisser le titre à Hunt!

Le réalisateur d'Apollo 13, Le Code Da Vinci ou Un homme d'exception, pas spécialement amateur de F1, a découvert cette histoire grâce au scénariste Peter Morgan avec lequel il avait travaillé sur Frost/Nixon : «Rush était une histoire passionnante, cinématographique, dont je pouvais tirer quelque chose d'intéressant sur grand écran», poursuit le cinéaste.

Magique, qu'on soit amateur ou pas de sport automobile

«C'est sans doute le film le plus difficile que j'ai jamais fait entre psychologie des personnages et univers à créer de manière authentique», poursuit Ron Howard. «J'avais déjà à le faire pour Apollo 13 mais les personnages n'étaient pas aussi complexes».

Course après course, scène après scène, la magie opère qu'on soit amateur ou pas de sport automobile, la reconstitution de l'époque valant autant que le duel lui-même. Entre courses et caractère entier des pilotes, «j'ai dû me discipliner pour tourner chaque course comme un prolongement de la personnalité et de l'état d'esprit des protagonistes», souligne encore Ron Howard.

Pour incarner les deux héros, il a choisi l'acteur germano-hispanique Daniel Bruhl (Good bye Lenin, Inglourious basterds, etc.), qui sera aussi présent à Toronto dès l'ouverture avec le très attendu Le cinquième pouvoir (the fifth state), sur l'avènement de Wikileaks.

L'acteur, qui a rencontré Niki Lauda pour préparer le rôle, avoue avoir été grisé par le pilotage d'une formule 3 (les acteurs n'ont pas eu le droit de piloter des F1). «C'était excitant. Après un seul tour, j'ai compris la dépendance. C'est de la pure adrénaline», a-t-il raconté à l'AFP.

Quant à Hunt, il est campé par l'Australien Chris Hemsworth, très connu depuis les deux opus Thor et qui prouve ici qu'il n'est pas que muscles.

Howard est devenu familier du grand public d'abord comme acteur - c'est lui le «Richie» de la série télévisée culte Happy days - avant de faire l'essentiel de sa carrière derrière la caméra.

Hemsworth et Ron Howard vont se retrouver devant et derrière la caméra pour le film In the heart of the sea sur le naufrage en 1820 du baleinier Essex et qui raconte comment les rescapés ont mangé des cadavres pour survivre.