(Paris) Back To Black, autour d’Amy Winehouse, qui sort bientôt sur grand écran, après le biopic sur Bob Marley et avant ceux sur Bob Dylan et Bruce Springsteen, témoigne d’un levier recherché par l’industrie musicale.

Ce long métrage sur la chanteuse de Rehab paraît le 12 avril au Royaume-Uni, le 24 avril en France et le 17 mai aux États-Unis.

L’attrait pour les musiciens du côté du 7e art semble évident. Le destin des vedettes de la chanson coche plusieurs cases : enfance, pour la plupart, dans un milieu modeste, succès monstre et inattendu, dépendances et/ou fin tragique. Amy Winehouse est décédée en 2011, minée par les excès à 27 ans (même âge que Janis Joplin, Jimi Hendrix, etc.). Bob Marley a succombé en 1981, à 36 ans, des suites d’un cancer.  

« Mais il faut retourner le truc, ce n’est pas le cinéma qui est en quête de mythes, Terminator a 40 ans. C’est plutôt le monde de la musique et les ayants droit qui sont à la recherche d’outils pour ramener les musiciens dans les oreilles de nouvelles générations noyées d’actualités », expose à l’AFP Sophian Fanen. Ce journaliste, co-fondateur du site d’information français Les Jours, vient de publier Amy pour la vie (éditions Novice).

Paramount, qui a distribué Bob Marley, One Love, sorti le 14 février, s’est réjoui fin février du succès du film, notamment dans l’Hexagone. « Le catalogue complet de Bob Marley en France enregistre une moyenne de plus de un million de visionnements par jour depuis une semaine ! Le titre Could You Be Loved vient d’entrer dans le top 200 “streaming” 44 ans après sa sortie », savourait ainsi la société dans un communiqué. Et d’ajouter : « La France se hisse à la première place en termes de croissance streaming avec plus de 45 % ».  

« Amortir »

Belkacem Bahlouli, rédacteur en chef France du magazine Rolling Stone, souligne pour l’AFP que « Bruce Springsteen et Bob Dylan ont vendu leurs catalogues et, pour ceux qui les ont acquis (respectivement pour un demi-milliard de dollars et 200 millions, selon la presse spécialisée), il faut les amortir ».

« Il faut que ça “streame” pour que ça passe à une autre génération et, la mécanique du streaming étant ce qu’elle est, on va en avoir jusqu’à plus soif », prédit Sophian Fanen, également auteur du livre-référence Boulevard du stream (Castor Astral).

Les biopics musicaux sont déjà en plein boom. « On en a deux par an maintenant, ça pousse comme les champignons après la pluie », glisse Belkacem Bahlouli.  

Le quotidien britannique The Guardian note ainsi que « le biopic musical est un genre vaste, toujours en expansion, et il n’y pas assez de place pour tout citer ».  

Rolling Stone, dans son numéro de février, établit que les biopics musicaux foisonnent particulièrement « depuis une dizaine d’années, pour le meilleur et pour le pire ».  

« Pas de choix »

Back To Black est plutôt à ranger dans la seconde catégorie. Marisa Abela, l’actrice britannique qui incarne la chanteuse, n’est pas à blâmer dans ce film réalisé par Sam Taylor-Johnson, derrière la caméra pour Cinquante nuances de Grey et, précédemment, Nowhere Boy, qui narrait la jeunesse de John Lennon.

« Ce qui pose problème, c’est la réhabilitation du père d’Amy Winehouse, qui passe pour un mec bien, ce qu’il avait dû être au départ, avant que le pognon ne lui monte à la tête », griffe Belkacem Bahlouli.  

Amy, documentaire marquant d’Asif Kapadia sorti en 2015, égratignait cette figure paternelle. « Le documentaire était peut-être un peu trop à charge contre le père, mais le film passe totalement à côté du rôle du père. Le film ne veut blesser personne, ne fait pas de choix, ne pose aucune question », établit Sophian Fanen.

Les fans de musique attendent la suite : un biopic sur Michael Jackson, interprété par son neveu Jaafar Jackson, Bob Dylan joué par Timothée Chalamet et Bruce Springsteen, avec Jeremy Allen White (série The Bear) pressenti dans le jean serré du « Boss ».