(Paris) L’acteur français Gérard Depardieu, inculpé pour viols depuis 2020, met sa Légion d’honneur « à la disposition » de la ministre de la Culture qui a annoncé une procédure disciplinaire pouvant aboutir au retrait de cette distinction, ont indiqué samedi ses avocats dans un communiqué transmis à l’AFP.

Ces derniers s’interrogent sur la démarche de la ministre, Rima Abdul-Malak, se demandant si elle « ne porte […] pas ainsi un coup supplémentaire à une présomption d’innocence déjà agonisante ».

Gérard Depardieu, 74 ans, est inculpé depuis 2020 pour viols, à la suite d’une plainte d’une comédienne française, Charlotte Arnould, des accusations qu’il conteste.

Mes Béatrice Geissmann Achille et Christian Saint-Palais se demandent aussi s’il est dans la « fonction » de Rima Abdul-Malak de participer « aussi activement à la chasse à l’homme » et au « lynchage médiatique » dont ils estiment que leur client fait l’objet.

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La ministre française de la Culture, Rima Abdul-Malak

Mme Abdul-Malak a annoncé vendredi qu’un conseil de l’ordre de la Légion d’honneur allait « se réunir et engager une procédure disciplinaire pour décider si cette Légion d’honneur doit être suspendue ou pas, retirée complètement ou pas ».

« Ce sera à eux de décider », avait-elle précisé, sur la chaîne France 5.

Gérard Depardieu avait reçu la Légion d’honneur des mains du président Jacques Chirac en 1996.

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Gérard Depardieu

Créée par l’empereur Napoléon Ier au début du XIXe siècle, cette distinction récompense les civils et les militaires pour des actes et services rendus à la France. De nombreux artistes se la voient décerner.

Le code de la Légion d’honneur prévoit qu’un « comportement contraire à l’honneur » peut conduire à un blâme, une suspension ou une exclusion de l’ordre.

La ministre s’est dite par ailleurs « dégoûtée », lors d’un déplacement vendredi, par les propos et l’attitude de l’acteur lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018, qui font « honte à la France ».

Dans ces images, dévoilées par un reportage de l’émission Complément d’enquête diffusé sur la chaîne France 2 début décembre, l’ex-monstre sacré du cinéma français multiplie les propos misogynes et insultants en s’adressant à des femmes, dont une fillette.

« Une émission contestée et contestable qui diffuse un montage d’images captées dans la sphère de l’intime et du privé », critiquent les avocats de l’acteur dans leur communiqué samedi.

Concomitamment à la diffusion de Complément d’enquête, une deuxième plainte pour agression sexuelle a été déposée par la comédienne française Hélène Darras, pour des faits a priori prescrits, remontant à 2007 sur un tournage. L’acteur nie aussi ces accusations.

Par ailleurs, une enquête en recherche des causes de la mort a été ouverte après le décès début décembre de l’actrice Emmanuelle Debever, 60 ans, qui se serait suicidée. Elle avait accusé Gérard Depardieu de violences sexuelles, notamment dans une publication Facebook de 2019, a indiqué mercredi à l’AFP le parquet de Paris.