Vues d’Afrique se tient pour la 39e fois dès ce jeudi, et jusqu’au 30 avril, à la Cinémathèque. Son menu étoffé offre une fois de plus un panorama diversifié de la fiction et du documentaire africain ou au sujet de l’Afrique. Coup d’œil sur cinq films avec la directrice de la programmation Kotimi Guira.

Souleymane Cissé : hommage d’une fille à son père

Les proches de Souleymane Cissé, pionnier du cinéma malien, prennent la parole dans ce film hommage réalisé par sa fille Fatou Cissé, aussi présenté au dernier Festival du film black de Montréal.

Ce portrait intimiste qui évoque les difficultés de faire du cinéma en Afrique, mais aussi les gloires de Souleymane Cissé, raconte beaucoup sans tout dire, notamment au sujet de sa relation avec sa femme, l’actrice Dounamba Dany Coulibaly. « Quelqu’un d’extérieur aurait peut-être posé un regard différent, mais là, ce film vient de la famille, il y a peut-être des non-dits », convient Kotimi Guira, directrice de la programmation de Vues d’Afrique. Ce film a été dévoilé au dernier Festival de Cannes, en 2022, là où Souleymane Cissé avait remporté le Prix du jury en 1987 pour Yeelen. Le cinéaste sera présent à la soirée d’ouverture ce jeudi avant de recevoir Le Carrosse d’Or à Cannes le mois prochain.

Jeudi, 19 h, cinéma Guzzo du Marché Central – film d’ouverture du Festival

Le chant des vivants

Des hommes et des femmes qui ont survécu à l’immigration clandestine se retrouvent dans la campagne française pour panser leurs blessures psychologiques profondes et tenter de trouver les mots pour parler de ce qu’ils ont vécu. « Ces gens ne savent pas ce qui les attend quand ils partent. Ils ont souvent vu des gens mourir, ils leur ont tenu la main, ils ont vu des enfants téter le sein de leur mère mourante et n’étaient pas préparés à ça, souligne Kotimi Guira. Et il n’est pas facile de se sortir de ces traumatismes. » Le film de Cécile Allegra est délicat et humain, souligne-t-elle. Il avance au rythme de chacune des personnes qui se confient à la caméra et révèle le pouvoir guérisseur de l’art, aussi évoqué dans le film Watba de Giedon Vink.

Vendredi, 20 h, salle principale

Faux débat

Deux amis issus de deux groupes ethniques distincts, Bouba et Ben, doivent faire face à leurs différences malgré les liens forts qui les unissent. Ils seront réunis, car ils partagent malgré tout une caractéristique rare qui pourrait sauver la vie de l’un des deux. Kotimi Guira insiste sur l’habileté du film de Bobo Herico qui parvient à évoquer des questions complexes en l’ancrant dans quelque chose de profondément humain. « Il a trouvé une manière habile de dire que l’appartenance à une ethnie, c’est juste une étiquette qu’on nous pose et qu’au fond, on est tous les mêmes, des êtres humains, dit-elle. Les jeunes ne veulent plus de ce genre de manipulation – pour moi, c’est de la manipulation. Et ça divise. Ce film montre qu’au-delà des manipulations, on a tous le même sang. »

Le 25 avril, 20 h, salle principale

Mamody, le dernier creuseur de baobabs

Il pleut très peu dans le sud-ouest de Madagascar, sur le plateau de Mahafaly. Or, des villageois ingénieux ont eu il y a longtemps une idée qui allait leur assurer un approvisionnement en eau : creuser les troncs des baobabs, ces arbres géants, pour les transformer en citernes… « Il y a des citernes familiales et d’autres publiques, et elles se remplissent d’eau quand il pleut. Ce qui est exceptionnel, raconte Kotimi Guira, c’est que même si l’arbre est creusé, il ne meurt pas. Quand il n’est plus exploitable, il se referme, simplement. » Le film suit notamment le chercheur Cyrille Cornu, qui étudie les baobabs depuis une dizaine d’années.

Samedi, à midi, salle principale

L’envoyée de Dieu

L’envoyée du titre, c’est la jeune Fatima, 12 ans, recrutée par des djihadistes qui lui commandent d’aller faire sauter une bombe dans un marché. Une fois déposée près du lieu de l’attentat, elle aura dix minutes pour accomplir sa funeste tâche. « En faisant le tour, elle a vu sa mère et a repensé à sa vie. Je ne vous dis pas comment le film se termine », dit Kotimi Guira. Le film d’Amina Mamani met en valeur l’exploitation des enfants dans la guerre menée par les djihadistes et comment une enfant, c’est-à-dire une personne qu’on juge facile à manipuler, peut remettre en question ce qu’on lui impose.

Samedi, 17 h 30, salle principale

La plupart des films sont projetés plus d’une fois.

Consultez la programmation pour connaître l’horaire complet