Après The Father, le dramaturge français Florian Zeller propose The Son, une autre adaptation cinématographique d’une de ses pièces, dont il signe la réalisation. Et c’est une réussite.

C’est arrivé grâce à un courriel rédigé il y a deux ans. Hugh Jackman en était l’expéditeur, Florian Zeller le destinataire. L’acteur avait tellement été bouleversé par la simple lecture de la pièce The Son qu’il a pris l’initiative d’écrire au dramaturge pour lui signifier son immense intérêt. Dans le cas où le rôle du père dans l’adaptation cinématographique à venir n’était pas encore attribué à un acteur précis, l’interprète de Wolverine était déjà fin prêt.

« C’était comme du feu dans mon ventre, a confié Hugh Jackman en conférence de presse. Il arrive très rarement dans la vie d’un acteur de savoir instinctivement qu’un rôle nous est destiné à un moment précis de notre vie. Quand Florian m’a offert le rôle, ce fut un grand soulagement ! »

PHOTO FOURNIE PAR ENTRACT FILMS

Zen McGrath, Laura Dern et Hugh Jackman dans The Son, un film de Florian Zeller

« À cause de la pandémie, notre première rencontre s’est faite sur Zoom, a ajouté Florian Zeller. Je n’avais pas encore vraiment réfléchi à l’acteur qui tiendrait le rôle du père et à cette étape, je n’avais pas l’intention d’y réfléchir vraiment non plus. Mais au bout de huit minutes de conversation, j’ai offert le rôle à Hugh ! »

Un mal existentiel

D’abord créée sur scène à Paris, avec Yvan Attal dans le rôle du père, la pièce Le fils, qui sera montée à la fin du mois au Théâtre du Rideau Vert (dans une mise en scène de René Richard Cyr), relate cette fois comment un père s’y prend pour tenter d’aider son fils, un adolescent âgé de 17 ans, aux prises avec un mal existentiel chronique.

Tout comme The Father, qui était aussi l’adaptation d’une de ses pièces, Florian Zeller parvient dans The Son à rendre cinématographique un récit dont l’origine théâtrale reste évidente. Transposant l’histoire de sa pièce à New York, l’auteur français, qui travaille toujours avec le dramaturge britannique Christopher Hampton pour ses adaptations dans la langue de Shakespeare, fait aussi écho à un autre état d’esprit sur le plan social et politique.

Entourés des excellentes Laura Dern (la mère) et Vanessa Kirby (la nouvelle femme), Hugh Jackman (le père) et Zen McGrath (le fils) livrent des performances poignantes. L’un ne sait plus comment aider adéquatement celui qui, pourtant, montre en apparence quelques signes encourageants, l’autre est complètement impuissant face à sa propre détresse.

Deux scènes marquantes

Au-delà des thèmes explorés dans cette histoire, retenons deux scènes en particulier. La première implique Anthony Hopkins. Le lauréat d’un Oscar en 2021 (grâce à The Father) n’apparaît que dans une seule scène dans The Son, mais quelle scène ! Face à Hugh Jackman, le célèbre acteur est tout simplement grandiose. Et il y a cette autre, parfaitement déchirante, où les parents sont appelés à prendre une décision qui, d’une façon ou d’une autre, changera le destin de leur fils.

« Ce film montre vraiment comment les gens ont tendance à s’isoler quand il est question de santé mentale, a souligné Hugh Jackman. Il y a la honte, la culpabilité, le sentiment qu’on peut régler ce genre de problèmes soi-même. Mais réaliser son impuissance et se permettre d’être vulnérable peut aider à comprendre et à faire preuve d’empathie envers ceux qui nous entourent. J’espère sincèrement que The Son suscitera des discussions. »

L’acteur indique aussi que ce film a eu un impact très fort dans sa propre vie, dans sa propre relation avec ses enfants.

« Pendant plusieurs années, le rôle de parent était de paraître fort et fiable, de ne jamais s’inquiéter et de ne pas être un fardeau pour ses enfants. Mon approche a certainement changé après avoir tourné The Son. Je fais maintenant davantage part de mes vulnérabilités à mes enfants de 17 et 22 ans. Et je sens leur soulagement quand je le fais. »

Distribué au Québec par Entract Films, The Son, en lice pour le Lion d’or, prendra l’affiche le 18 novembre.