(Paris) Nine 1/2 Weeks, Fatal Attraction… Dans les années 1980, Adrian Lyne était devenu le roi du « thriller érotique ». Un genre passé de mode ? Il entend prouver le contraire avec Deep Water (Eaux profondes), disponible sur Amazon Prime.

Après avoir fait jouer Michael Douglas et Glenn Close (Fatal Attraction), Robert Redford et Demi Moore (Indecent Proposal), le réalisateur britannique, âgé de 81 ans, revient après deux décennies d’absence avec un couple glamour : Ben Affleck, 49 ans, et Ana de Armas, 33 ans (l’infirmière de Knives Out, également vue dans le dernier James Bond).

« Pour les choisir, j’ai fait un test chez moi à Los Angeles », a expliqué Adrian Lyne à l’AFP. « Je ne connaissais pas bien Ana, mais quand j’ai vu son travail avec Ben, j’ai tout de suite compris qu’il y avait de l’alchimie. Ce n’est pas lui ou elle, mais eux ensemble ».

L’enjeu : former un couple redoutable à l’écran, le personnage incarné par Ana de Armas rendant son compagnon fou de jalousie avec ses infidélités.

Si le film d’Adrian Lyne pouvait tout à fait sortir des années 1980, les conditions de travail ont changé, a noté Adrian Lyne, qui a notamment découvert le rôle des « coordinateurs d’intimité », chargés de mettre les acteurs plus à l’aise dans les scènes de sexe, de veiller au respect de leur consentement et d’éviter les abus.

PHOTO FOURNIE PAR 20 TH CENTURY STUDIOS

Adrian Lyne et Ben Affleck lors du tournage de Deep Water

« La notion elle-même me consternait », admet le réalisateur. « Ce que je n’aime pas, c’est l’idée que cela implique qu’il y ait un manque de confiance entre les acteurs et le réalisateur. Si tu n’as pas ça, tu n’as rien. Je pourrais mourir pour eux, et ils doivent pouvoir mourir pour moi ».

Un réalisateur doit par ailleurs toujours se battre pour conserver les éléments troublants d’un projet de film, souligne-t-il : « souvent l’instinct des studios est d’aplatir toutes les bosses du scénario, mais souvent ce sont les parties les plus intéressantes ».

Dans le film, le couple ne correspond pas aux canons hollywoodiens. Le personnage incarné par Ana de Armas trompe son mari ouvertement, avec une certaine complicité de celui-ci. « Il ne s’agit pas d’un mariage conventionnel et heureux. Il y a une sorte de malaise », souligne-t-il.

Le véritable thème du film est la jalousie, « qui est une émotion tellement complexe — incroyablement destructrice, mais qui a également un côté érotique ».

« Je ne sais pas pourquoi je continue de faire toujours ça. Ça a l’air éculé, mais j’aime les films dans lesquels ont peut se mettre dans la peau d’un acteur. Je peux apprécier Dune ou Matrix, mais je préfère largement les plus petits films, sur vous et moi », ajoute-t-il.

Si Adrian Lyne n’avait pas tourné depuis une vingtaine d’années, ce n’est pas pour une raison particulière, mais simplement la réalité d’une industrie où des projets qui ont mis des années à être financés peuvent s’effondrer au dernier moment.

Il n’attendra pas autant pour le prochain : « je ne peux pas attendre encore vingt ans — car j’en aurai alors cent ! », s’esclaffe-t-il.