Les cinq films dans lesquels Daniel Craig a personnifié James Bond constituent un cycle à part entière dans la célèbre série, que vient clore avec émotion No Time to Die (Mourir peut attendre). Retour sur le parcours de l’acteur dans un rôle où il aura laissé une trace indélébile.

Casino Royale (2006), Martin Campbell

On a tendance à oublier qu’avec Casino Royale, sorti quatre ans après Die Another Day (avec Pierce Brosnan), les producteurs ont complètement fait table rase de tout ce qui s’était fait auparavant. Ils ont remis les compteurs à zéro en portant à l’écran le tout premier de la série de romans qu’Ian Fleming a consacrés à l’agent 007.

« Notre gadget dans Casino Royale, c’est James lui-même ! », avait déclaré à l’époque la productrice Barbara Broccoli, au cours d’une rencontre de presse à laquelle La Presse avait assisté. Elle avait aussi affirmé que Daniel Craig était le seul choix envisagé pour incarner le plus célèbre agent de Sa Majesté. Ce dernier n’a cependant pas donné son accord tout de suite. « J’ai d’abord exigé de lire un scénario et je n’ai pu faire autrement que d’en reconnaître la qualité ! », avait confié l’acteur, alors âgé de 38 ans.

Quantum of Solace (2008), Marc Forster

Avec le recul, les artisans du film, sorti à peine deux ans après Casino Royale, estiment qu’il reste de bons éléments dans Quantum of Solace, mais en reconnaissent néanmoins les faiblesses. Casino Royale ayant été un grand succès, aussi bien auprès du public qu’auprès de la critique, la barre était haute.

Or, le film est entré en production malgré un scénario insatisfaisant, remis tout juste la veille d’une grève des scénaristes, alors que pesait aussi une menace de grève des acteurs. Bref, en dépit d’un bon succès public, personne n’a été satisfait de ce film, à commencer par Daniel Craig. « On avait à peine une ligne directrice en guise de scénario et on n’a rien pu y faire à cause de la grève des scénaristes. Je me suis dit et répété : plus jamais ça ! », avait-il dit quatre ans après la sortie du film au cours d’une rencontre où La Presse avait été invitée.

Skyfall (2012), Sam Mendes

Des cinq films dans lesquels Daniel Craig a incarné James Bond, Skyfall restera probablement le joyau. Réalisé par Sam Mendes, l’une des rares pointures à signer l’un des films de la franchise, Skyfall explore aussi la part plus intime du personnage et permet ainsi à Daniel Craig d’exploiter davantage son immense talent d’acteur.

« Qui a dit qu’un bon film d’action ne pouvait pas comporter aussi une bonne histoire dans laquelle évoluent des personnages riches et complexes ? avait demandé Daniel Craig au cours d’une rencontre de presse où nous étions. Mais il faut un bon scénario pour être en mesure de bien faire écho à cette dimension. Dans Skyfall, je crois que nous y sommes parvenus. Bond retourne sur les lieux de son enfance pour mieux la détruire ! »

Spectre (2015), Sam Mendes

Après le tournage de Spectre, Daniel Craig avait fait une déclaration qu’il qualifie aujourd’hui de « stupide ». Il avait dit préférer se tailler les veines plutôt que de reprendre du service une cinquième fois dans la peau de James Bond.

Il est vrai que le tournage de Spectre avait été particulièrement laborieux, d’autant plus que, tenant à faire lui-même les cascades dans la mesure du possible, l’acteur s’était blessé au point d’avoir de la difficulté à marcher. À l’arrivée, Spectre constitue un excellent divertissement, mais Daniel Craig n’a pas eu l’occasion dans cet épisode de creuser davantage son personnage sur le plan psychologique.

No Time to Die (2021), Cary Joji Fukunaga

Sachant que No Time to Die allait être le dernier tour de piste de Daniel Craig sur un plateau de James Bond, les producteurs ont tenu à ce que ce film emprunte la forme d’un beau cadeau de départ. Mais le tout n’a pas été sans peine.

Le tournage a d’abord dû être reporté quand le cinéaste Danny Boyle a préféré se retirer du projet plutôt que de tourner le scénario qu’on lui avait fourni. Cary Joji Fukunaga a été embauché et le scénario a subi de nombreuses modifications, notamment grâce à la contribution de la coscénariste Phœbe Waller-Bridge. Daniel Craig s’est blessé pendant le tournage. La pandémie est arrivée. Mais aujourd’hui, tout le monde est heureux du film et Daniel Craig a même été émotif au dernier jour du tournage.

Et maintenant ?

IMAGE FOURNIE PAR EON PRODUCTIONS

Daniel Craig sera inoubliable dans l’univers de James Bond.

Avec le départ annoncé de Daniel Craig, aujourd’hui âgé de 53 ans, les producteurs ont clairement voulu marquer la fin d’un cycle avec No Time to Die. Personne ne sait encore dans quelle direction ira la franchise, mais il y a tout lieu de croire qu’on fera de nouveau complètement table rase pour réinventer le personnage et les films à venir. S’ils affirment ne pas vouloir y réfléchir avant l’an prochain, Barbara Broccoli et Michael Wilson, les producteurs, ont cependant déjà confirmé que James Bond serait interprété par un homme, mettant ainsi fin aux rumeurs d’une « Jane Bond ». On peut cependant conjecturer sur tout le reste : sera-t-il noir ? gai ? fluide de genre et d’allégeance ? La seule certitude est que le plus célèbre agent de Sa Majesté sera toujours britannique. Du moins, en principe...