Les critiques de notre envoyé spécial.

Tre piani (Trois étages), de Nanni Moretti

Un Moretti plutôt mineur…

Habitué de la Croisette, lauréat de la Palme d’or en 2001 grâce à La chambre du fils, Nanni Moretti propose cette fois un film choral dont les histoires tournent autour de trois familles de classe moyenne habitant un même immeuble à Rome. Les membres de ce voisinage vivent en relative harmonie jusqu’au jour où un incident grave vient tout chambouler. Un soir, alors que la rue est absolument déserte, une voiture surgie de nulle part vient faucher une femme qui traversait la rue et va ensuite s’encastrer au rez-de-chaussée de l’immeuble. Au volant de ce bolide fou, le fils d’un couple de juges qui ne connaît que trop bien le sort qui attend ce dernier, d’autant qu’il était ivre. Dans ce même immeuble vit une femme qui vient d’accoucher, mais dont le mari est toujours appelé à l’extérieur, et un couple dont la fille de 7 ans adore passer du temps chez un couple âgé, voisin de palier. Le portrait que dépeint Nanni Moretti n’est certainement pas dénué d’intérêt – Moretti reste un formidable conteur –, mais cet assemblage de trois récits ne comporte étrangement aucune vraie charge émotionnelle (malgré certains évènements pourtant bouleversants), contrairement à ce qu’il avait su faire avec, par exemple, La chambre du fils. La deuxième Palme d’or ne sera pas pour tout de suite.

Bergman Island, de Mia Hansen-Løve

Hélas, trois fois hélas…

PHOTO FOURNIE PAR LES FILMS DU LOSANGE

Vicky Krieps et Tim Roth dans Bergman Island, film de Mia Hansen-Løve en lice pour la Palme d’or

N’importe quel cinéphile serait d’emblée séduit par l’idée d’un film se déroulant dans la mythique île de Fårö, en Suède, sur lequel flotterait l’esprit de l’un des plus brillants cinéastes du XXe siècle. Hélas, Bergman Island, septième long métrage de Mia Hansen-Løve (Le père de mes enfants, L’avenir), est une grande déception. Bien entendu, l’endroit est magnifique et nous vaut quelques belles images, mais c’est davantage sur le plan scénaristique que le bât blesse. Une trop grande partie de ce long métrage est en effet consacrée à une intrigue parallèle fictive. Comme une mise en images d’une ébauche de scénario qu’une cinéaste (Vicky Krieps) raconte à son cinéaste de conjoint (Tim Roth), venu dans l’île à l’invitation des organisateurs d’un festival. Il appert que ce « film dans le film », dont la vedette est Mia Wasikowska, est une bluette sentimentale sans aucun intérêt, sur laquelle Mia Hansen-Løve insiste pourtant beaucoup, et dans laquelle on cherche en vain l’esprit d’Ingmar Bergman. En guise de première entrée en compétition officielle, on attendait franchement mieux de Mia Hansen-Løve.