(Paris) Une comédie sentimentale, une romance initiatique et de l’humour absurde : les films des réalisateurs Emmanuel Mouret, François Ozon et Albert Dupontel forment le trio de tête des nominations aux Césars, pour tenter de tourner la page d’une année cinéma amputée par la pandémie.

Emmanuel Mouret fait la course en tête, avec sa nouvelle exploration des sentiments amoureux Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, qui a récolté 13 nominations et a déjà été récompensée par la presse étrangère en France.

Le dixième long métrage du Marseillais devance d’un cheveu la romance gaie Été 85 de François Ozon, souvent nommé mais jamais récompensé, et la comédie Adieu les cons d’Albert Dupontel, spécialiste de l’humour décapant (12 nominations chacun).

Après une année pas comme les autres, marquée par des mois de fermeture des salles pour cause de pandémie, les 4292 membres votants de l’Académie ont dû faire leur choix parmi 125 films éligibles, qui ont réussi malgré tout à sortir.

Un peu plus de la moitié d’entre eux (54,9 %) ont voté.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Été 85 de François Ozon

Outre les trois longs métrages de tête, deux autres œuvres sont nommées dans la catégorie reine du « meilleur film », pour succéder aux Misérables de Ladj Ly : la comédie Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal et le documentaire Adolescentes de Sébastien Lifshitz, déjà lauréat du Prix Louis-Delluc.

Pas de parité

Ces nominations sont les premières depuis la crise profonde qui a ébranlé l’Académie des Césars l’an dernier. Accusée d’opacité et d’entre soi, l’institution a été profondément renouvelée, sous l’égide d’une toute nouvelle direction, confiée à Véronique Cayla.

Mais au terme des votes de ce tour préliminaire, la parité reste un horizon très lointain dans les nominations : une seule femme est nommée dans la catégorie reine du « meilleur film », Caroline Vignal pour Antoinette dans les Cévennes, tout comme pour la « meilleure réalisation » (Maïwenn pour son film ADN).

C’est dans cette dernière catégorie qu’avait été distingué en 2020 Roman Polanski pour J’accuse, sur l’affaire Dreyfus. L’actrice Adèle Haenel avait quitté avec fracas la cérémonie, dénonçant le sacre d’un cinéaste qui fait face à des accusations de viol remontant à plusieurs décennies.

PHOTO YOHAN BONNET, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Philippe Uchan, Nicolas Marie, Virginie Efira, Albert Dupontel et Michel Vuillermoz du film Adieu les cons d’Albert Dupontel

Quant à la diversité, notamment ethnique, un autre sujet brûlant, elle n’apparaît qu’à dose homéopathique dans ces nominations, même si le film Tout simplement noir, succès-surprise de l’été 2020, est en lice pour le César du meilleur premier film et celui du meilleur espoir masculin.

Résilience

Du côté des catégories « meilleure actrice » et « meilleur acteur », plusieurs valeurs montantes se distinguent, comme Camélia Jordana et Niels Schneider pour le film d’Emmanuel Mouret ou Laure Calamy pour Antoinette.

Les performances d’acteur de Virginie Efira et Albert Dupontel dans Adieu les cons ou Lambert Wilson pour De Gaulle leur valent également une nomination.

Habituée des Césars, Isabelle Huppert, pourtant remarquée dans La Daronne, n’a pas reçu les faveurs des votants cette année.

Les membres de l’Académie des Césars ont désormais jusqu’au 12 mars pour désigner les lauréats des plus prestigieux prix du cinéma français.

La cérémonie, retransmise en clair sur Canal+, aura ensuite lieu à l’Olympia, le soir même, sous la présidence de Roschdy Zem, avec Marina Foïs en maîtresse de cérémonie, Laurent Lafitte et Blanche Gardin à l’écriture des sketchs.

Fallait-il maintenir ce rendez-vous traditionnel, alors que le 7e art est à genoux, sans perspective de réouverture prochaine des salles ?

« Dans l’épreuve, il est essentiel d’affirmer notre présence, de montrer et soutenir la résilience du cinéma. Cette cérémonie doit être un signal fort, un marqueur de talents, notamment des jeunes générations », ont répondu les nouveaux coprésidents des Césars, Véronique Cayla et le cinéaste Éric Toledano.

Les principales nominations

Meilleur film

Adieu les cons d’Albert Dupontel

Adolescentes de Sébastien Lifshitz

Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal

Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret

Été 85 de François Ozon

Meilleure réalisation

• Albert Dupontel pour Adieu les cons

• Maïwenn pour ADN

• Sébastien Lifshitz pour Adolescentes

• Emmanuel Mouret pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait

• François Ozon pour Été 85

Meilleure actrice

• Laure Calamy dans Antoinette dans les Cévennes

• Martine Chevallier dans Deux

• Virginie Efira dans Adieu les cons

• Camélia Jordana dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait

• Barbara Sukowa dans Deux

Meilleur acteur

• Sami Bouajila dans Un fils

• Jonathan Cohen dans Énorme

• Albert Dupontel dans Adieu les cons

• Niels Schneider dans Le choses qu’on dit, les choses qu’on fait

• Lambert Wilson dans De Gaulle

Meilleure actrice dans un second rôle

• Fanny Ardant dans ADN

• Valeria Bruni Tedeschi dans Été 85

• Émilie Dequenne dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait

• Noémie Lvovsky dans La bonne épouse

• Yolande Moreau dans La bonne épouse

Meilleur acteur dans un second rôle

• Édouard Baer dans La bonne épouse

• Louis Garrel dans ADN

• Benjamin Lavernhe dans Antoinette dans les Cévennes

• Vincent Macaigne dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait

• Nicolas Marié dans Adieu les cons

Meilleur premier film

Deux de Filippo Meneghetti

Garçon chiffon de Nicolas Maury

Mignonnes de Maïmouna Doucouré

Tout simplement noir de Jean-Pascal Zadi et John Wax

Un divan à Tunis de Manele Labidi

Meilleur espoir féminin

• Mélissa Guers dans La Fille au bracelet

• India Hair dans Poissonsexe

• Julia Piaton dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait

• Camille Rutherford dans Felicità

• Fathia Youssouf dans Mignonnes

Meilleur espoir masculin

• Guang Huo dans La nuit venue

• Félix Lefebvre dans Été 85

• Benjamin Voisin dans Été 85

• Alexandre Wetter dans Miss

• Jean-Pascal Zadi dans Tout simplement noir

Meilleur film étranger

1917 de Sam Mendes

La communion de Jan Komasa

Dark waters de Todd Haynes

Drunk de Thomas Vinterberg

Eva en août de Jonas Trueba