Dans l’espoir de séduire davantage de producteurs de films étrangers, le gouvernement Legault propose de financer ces derniers en échange d’un pourcentage des recettes générées au box-office par les longs métrages.

Une première tentative s’effectuera avec Centropolis Entertainment, la compagnie du producteur, réalisateur et scénariste allemand Roland Emmerich, qui recevra jusqu’à 10 millions US d’Investissement Québec (IQ).

En échange, celui-ci s’engage à tourner ses trois prochains longs métrages au Québec, ce qui devrait se traduire par des dépenses de 400 millions US — dont 270 millions US au Québec — en plus de procurer du travail sur une base permanente à 800 personnes. Le travail sur le film Moonfall doit débuter au printemps à Montréal.

L’entente a été dévoilée dans la métropole, vendredi, par le premier ministre François Legault, accompagné de M. Emmerich ainsi que du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, ainsi que de la ministre de la Culture, Nathalie Roy. Elle survient plus de deux mois après la visite de M. Legault en Californie, où il avait notamment rencontré les grands joueurs d’Hollywood.

« Il y a le programme des crédits d’impôt qui est disponible avec les subventions et ici, ce que l’on a fait, c’est de structurer quelque chose (où l’on sera) rémunéré selon les rendements au box-office », a expliqué M. Fitzgibbon, en conférence de presse.

À terme, les producteurs québécois devraient aussi avoir accès à cette structure de financement, a-t-on expliqué, sans toutefois préciser quand.

Le gouvernement Legault souhaite inverser le recul constaté dans les dépenses directes engagées dans la production de films étrangers au Québec en plus de mieux outiller la province contre ses principales rivales, l’Ontario et la Colombie-Britannique.

En 2019, pour une deuxième année consécutive, les dépenses des studios étrangers au Québec avaient fléchi, s’établissant à 360 millions, selon les données du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). Elles avaient été de 378 millions en 2018 et de 383 millions en 2017. Pour l’année en cours, les dépenses pourraient atteindre jusqu’à 435 millions, selon les projections du Bureau.

Toutefois, si l’on tient compte de l’apport de la production d’effets visuels, le volume d’investissement étranger avait atteint 982 millions l’an dernier, ce qui constitue une hausse annuelle d’environ 13 %.

Les producteurs qui tournent des films ou des séries étrangères au Québec sont admissibles à un crédit d’impôt provincial de 20 %. Pour les dépenses en effets visuels effectuées dans la province, l’incitatif fiscal passe à 36 %.

M. Emmerich, qui a mis les pieds au Québec pour la première fois il y a environ deux décennies, compte quelque 25 longs métrages à son actif — dont Le Jour de l’indépendanceGodzilla2012 et Le Patriote — depuis 1985. Ses films ont généré des recettes de plus de 4 milliards à l’échelle internationale.

Son plus récent long métrage, Midway, qui se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale, a été tourné dans la métropole.

« Il est dispendieux de réaliser des films et vous avez besoin de l’aide des gouvernements, a expliqué le réalisateur. Je crois que nous avons conclu quelque chose d’unique. Québec devient un partenaire et je suis certain que la province récupérera son investissement en plus de réaliser des profits. »

Les modalités de l’investissement n’ont pas été dévoilées précisément, mais Québec devrait toucher au bas mot plus de 10 % des recettes générées par les longs métrages de M. Emmerich. Le taux augmentera si certaines cibles de recettes sont atteintes.

M. Fitzgibbon a assuré que le bras financier de l’État québécois sera payé avant le réalisateur.

« Je pense que c’est un instrument relativement sécuritaire, a dit le ministre de l’Économie. C’est sûr qu’il y a certains risques. Mais le rendement (de l’investissement) sera en corrélation avec le succès (des films). »

La somme de 10 millions US mise à la disposition de M. Emmerich sera octroyée sous forme d’une souscription d’actions dans une société en commandite.