«Il y a quelque chose qui tient de la magie lorsqu'on fait un film biographique. On a l'impression que le sujet nous regarde travailler sur le plateau», a confié en entrevue Aisling Walsh. Avec son nouveau film, Maudie, le sujet est aussi bouleversant que magique.

La cinéaste irlandaise s'est penchée sur la vie de Maud Lewis, une peintre de la région de Digby, en Nouvelle-Écosse, morte en 1970, et qui, malheureusement, demeure méconnue au Québec. Et c'est dommage, car la peintre canadienne (aujourd'hui une figure de proue de l'Art Gallery of Nova Scotia) a une vie et une oeuvre exemplaires. Son parcours, marqué par le courage et la sensibilité, nous montre le pouvoir de la création comme baume aux blessures de l'existence. 

Atteinte d'arthrite juvénile dégénérative, Maud Lewis va devoir vivre dans la solitude et la souffrance physique. Stigmatisée par ses proches, après la mort de ses parents, elle ira travailler comme femme de ménage pour un homme bourru et violent... qui deviendra son mari. Un drôle de couple, plus dépareillé que la Belle et la Bête, qui, envers et contre tous, finira par fonctionner...

Le refuge dans l'art

Pour oublier son quotidien de misère, Maud se réfugie dans le dessin. Ses sujets sont à la fois naïfs et beaux: des animaux, des fleurs, la nature et les paysages des Maritimes. Elle peint d'abord sur des cartes, des planches, puis sur les murs et les fenêtres de sa petite maison. «À travers une fenêtre, dit-elle, la vie entière est déjà dans un cadre.»

Cette petite femme courbée, recroquevillée, mais toujours souriante, a vécu en ermite avec son mari dans leur petite maison au bout d'une route de campagne, sans eau courante ni électricité. Elle n'a jamais connu un artiste ni mis les pieds dans un musée. Pourtant, Maud Lewis a laissé une oeuvre unique et appréciée, parce que la peintre possédait un trésor bien plus précieux que la fortune: son talent était connecté à son coeur. 

Maud Lewis avait un coeur en or, un amour de la vie et un regard pur sur les choses de la vie. Ce qui lui a permis de peindre, mais aussi de vivre heureuse jusqu'à 67 ans, malgré la souffrance, la trahison et la maladie. 

Dans la peau (littéralement) de Maud Lewis, Sally Hawkins est extraordinaire, jouant avec une grande justesse son personnage à travers l'avancement de la maladie, sans jamais forcer la note. Dans le rôle de son mari taciturne et brutal - que Maud finira par apprivoiser - Ethan Hawke est formidable! Il livre un grand rôle de composition, tout en nuances et en finesse. 

Maudie a été filmé sur le littoral, beau et sauvage, de Terre-Neuve. Ce qui donne des images à couper le souffle. La réalisatrice en abuse un peu, versant par moments dans le sentimentalisme, voire l'excès de beauté... Mais ce bémol n'affecte en rien la magie de son film qui touche droit au coeur.

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Maudie (V.F.: Maud). Drame biographique d'Aisling Walsh. Avec Sally Hawkins, Ethan Hawke, Kari Matchett. 1 h 55.

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Image fournie par SPC

Maudie