La comédie The Interview sur un complot d'assassinat fictif du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, et au centre d'un imbroglio international, est visible depuis mercredi sur plusieurs plateformes internet et doit sortir jeudi dans certaines salles américaines.

Le film est disponible sur Google Play, YouTube Movies, Xbox Video de Microsoft et sur le site spécialement créé www.seetheinterview.com au prix de 5,99 dollars à la location et 14,99 dollars à la vente, a annoncé mercredi Sony «qui a toujours eu l'intention de diffuser le film sur une plateforme nationale», a fait valoir son directeur général Michael Lynton. Il est cependant impossible de visionner le film à partir du Québec ou du Canada pour l'instant.

«Nous avons contacté Google, Microsoft et d'autres partenaires mercredi 17 décembre quand nous avons compris que nos projets initiaux n'étaient pas réalisables. Nous sommes heureux de pouvoir proposer le film dans tout le pays», poursuit le communiqué.

«Je suis content que le film sorte», a dit Barack Obama à des journalistes. Le président, actuellement en vacances à Hawaï, n'a pas précisé s'il allait le voir.

Le film doit également sortir comme prévu jeudi en salle, mais uniquement dans au moins 200 cinémas aux États-Unis, contre les 2500 initialement envisagés, malgré les menaces proférées par des pirates informatiques.

Selon la revue spécialisée Variety, les entrées ont déjà pratiquement été toutes vendues dans les 17 salles de la chaîne Alamo Drafthouse.

Le film met en scène James Franco et Seth Rogen en journalistes de télévision qui obtiennent une interview avec Kim Jong-Un. C'est alors que la CIA s'en mêle et les charge de tuer le jeune leader.

La comédie donne dans le graveleux et ressemble à un mélange entre un film de James Bond et Very Bad Trip.

«Je dois dire qu'une comédie se voit mieux dans une salle de cinéma pleine de monde. Aussi, si vous le pouvez, regardez-la comme ça. Ou appelez des amis pour la voir avec vous», a réagi sur Twitter Seth Rogen, réalisateur du film.

James Franco a posté sur Instagram une photo de lui en train de danser aux côtés de son compère, avec les mots «Joyeux Noël l'Amérique, The Interview est vivant, regardez-le là -- avec un lien sur le site internet du film -- merci Sony!».

Google a fait savoir qu'il était dans sa «mission de rendre l'information mondiale accessible».

Menace nucléaire

Sony Pictures avait fait volte-face mardi en autorisant la sortie limitée du film, au centre d'un maelstrom diplomatique et technologique après une cyberattaque dont a été victime le groupe.

La compagnie avait dans un premier temps consterné Hollywood en annonçant la semaine dernière renoncer à la diffusion du film, après que les principales chaînes de cinéma eurent refusé de le projeter par crainte des menaces.

Acteurs et réalisateurs avaient dénoncé une grave atteinte à la liberté d'expression. Lundi, un groupement représentant au total 250 salles de cinéma indépendantes avait lancé une pétition pour demander à Sony de leur permettre de le projeter.

Côté politique de nombreux parlementaires s'étaient aussi élevés contre cette décision et Barack Obama avait déploré «une erreur» de Sony Pictures.

Cette comédie a été qualifiée «d'acte de terrorisme» par Pyongyang qui a, selon les autorités américaines, commandité la gigantesque attaque informatique menée contre Sony Pictures.

Le régime communiste nie être impliqué dans le piratage au cours duquel les données personnelles de 47 000 employés et collaborateurs de Sony Pictures ont été dérobées, mais a loué les auteurs.

L'incident révélé le 24 novembre avait été revendiqué par un groupe de pirates «Guardians of the peace» (GOP), exigeant du studio de cinéma qu'il annule la sortie de The Interview.

Le GOP avait notamment menacé de s'en prendre aux salles de cinéma qui projetteraient la comédie.

Cette attaque informatique s'est aussi traduite par la diffusion en ligne de courriels embarrassants pour les dirigeants de Sony.

La Corée du Nord a été brièvement privée de connexion internet mardi, au lendemain d'une première coupure générale de neuf heures qui pourrait avoir été orchestrée en représailles au piratage.

Le président Obama avait assuré que Washington répliquerait après ce piratage. Le département d'État a toutefois refusé de confirmer si Washington était impliqué dans la panne de réseau en Corée du Nord.

L'agence de presse gouvernementale nord-coréenne a de nouveau agité la menace de l'arsenal nucléaire du régime et conseillé à Washington de «réfléchir à deux fois à sa politique hostile» envers Pyongyang.