En compagnie de la réalisatrice Marion Vernoux, Fanny Ardant a fait escale hier à Montréal après un bref passage au festival de Toronto. Les deux femmes ont ainsi pu assister à la première québécoise de leur film Les beaux jours au Cinéma Excentris.

Dans ce drame romantique réaliste, la célèbre actrice incarne une femme qui, fraîchement retraitée, tente de réinventer sa vie. C'est au cours d'une visite dans un centre où l'on propose des activités pour les gens de son âge que Caroline fait la rencontre d'un homme beaucoup plus jeune (Laurent Lafitte). Avec qui elle entretiendra une liaison à l'insu de son mari (Patrick Chesnais). Du moins, pour un temps...

«Dès la lecture du scénario, j'ai tout de suite aimé cette femme, a confié Fanny Ardant au cours d'un entretien accordé à La Presse. Caroline est une femme de tous les jours qu'on définit davantage par son caractère que par sa situation sociale. Elle est libre, indépendante, anticonformiste. Que ce soit dans la vie ou au cinéma, une personne ne se définit pas dans mon esprit par sa classe sociale, sa nationalité ou sa religion. C'est trop restrictif!»

Sur une note quand même plus légère que grave, Les beaux jours aborde aussi de front la question de la vieillesse. Quand même jeune dans ce cas-ci. L'actrice a d'ailleurs changé son «look» pour l'occasion.

«Le roman de Fanny Chesnel duquel le film est tiré a pour titre Une jeune fille aux cheveux blancs, fait remarquer la dernière égérie de François Truffaut. Nous avons bien essayé les cheveux blancs, mais ça n'allait pas. Cela me donnait une allure trop sophistiquée. Nous avons opté pour les cheveux blonds, mais cela ne relevait quand même pas de l'évidence. Il fallait que ça colle avec la nature du personnage. Ses vêtements aussi. Il y a quelque chose d'un peu américain chez cette femme.»

Le dernier tabou

Fanny Ardant s'est amusée aussi à affronter directement ce qui, à ses yeux, reste l'un des derniers tabous de la société du XXIe siècle: la vieillesse.

«On ne dit jamais les mots "vieillesse" et "mort" maintenant, fait-elle remarquer. On utilise plutôt des formules comme «troisième âge» ou «fin de vie». J'aime dire les choses comme elles sont. Il ne sert à rien de pleurnicher sur sa jeunesse perdue. Vaut plutôt mieux s'occuper à bien vivre le présent.»

Dans une société où l'apparence est plus que jamais devenue une valeur mise de l'avant, surtout sur le plan médiatique, la comédienne est pourtant bien consciente du monde dans lequel évoluent les acteurs. Et particulièrement les actrices.

«On me parle de la vieillesse des actrices depuis que j'ai 30 ans! dit-elle. On m'a tellement demandé si j'avais peur de vieillir au fil des ans que je m'y suis habituée. Il est vrai que l'écran est cruel. Mais je ne veux pas rentrer dans le rang comme le font les moutons. C'est pour cela que j'aime parler de la vieillesse. Parce que personne n'en parle!»

> Distribué par Métropole Films, Les beaux jours prendra l'affiche le 25 octobre.

Photo fournie par Métropole Films