C’est sans la pertinence dont il a fait preuve dans The Girlfriend Experience, où il explorait le milieu des escortes, que Steven Soderbergh aborde celui des danseurs nus dans Magic Mike. On pourrait dire méchamment que Channing Tatum n’a pas l’envergure d’une Sasha Grey et que l’utiliser comme pivot émotif et psychologique d’un film n’est pas la meilleure des idées.



Mais visons plutôt du côté de l’écriture, de ceux qui ont mis les mots dans la bouche de l’une et de l’autre: David Levien et Brian Koppelman, tandem derrière Ocean’s Thirteen et Rounders, pour l’actrice porno; Reid Carolin, dont c’est le premier scénario, pour l’ancien mannequin et danseur nu.

Résultat? On a l’impression qu’oncle Walt revisite Boogie Nights ou Urban Cowboy dans cette histoire qui manque d’originalité, de profondeur, de drame, de rebondissements. Mais qui abonde en clichés.

Ennuyant



Bref, on s’ennuie. Malgré quelques bons moments, la plupart se déroulant sur la scène du Club Xquisite de Tampa tenu par Dallas (Matthew McConaughey en pleine possession de ses pectoraux): les danseurs en imper et parapluie qui ne tarderont pas à «prendre le bord» au rythme de It’s Raining Men, les chorégraphies façon Village People, le numéro spécial 4th of July – impossible de ne pas sourire.

C’est donc là qu’Adam (comme dans tenue d’Adam, ha ha ha…) fait ses premiers pas – de danse. Incarné par Alex Pettyfer (Beastly, I Am Number Four) dans son meilleur rôle, le jeune homme vient de perdre son emploi et se retrouve sous l’aile protectrice de Mike, dit Magic Mike (Channing Tatum dans une performance au croisement de Step Up pour la danse et de The Vow pour la romance), qui va tout lui apprendre de l’art de danser et de se dévêtir devant des dames «sur le party» avec les copines. Cet aspect du film – les filles à la fois gênées et excitées, plus ou moins saoules, venues là pour faire la fête en groupe – est d’ailleurs sympa et réussi. On n’est pas dans le sordide de certaines boîtes où se réfugient les messieurs seuls.

Voilà. La situation est campée. Elle ira en se dégradant pour l’ami Adam qui suivra pas à pas le mode d’emploi du bon garçon au pays de la tentation: il couchera ici et là, boira trop, tâtera à la drogue et se brûlera les ailes. Parallèlement, son mentor tombera amoureux «pour de vrai», ce qui le poussera à déployer «ses ailes à lui» et à s’envoler en direction de ses rêves «pour de vrai».

C’est convenu et facile. On s’attendait à mieux d’un Soderbergh qui, même en mode divertissement (les trois Ocean’s, Haywire), nous a habitués à mieux.

__________________________________________________________________

* * 1/2


MAGIC MIKE (V. F. de MAGIC MIKE). Comédie dramatique de Steven Soderbergh. Avec Channing Tatum, Alex Pettyfer et Matthew McConaughey. 1h50.