Les films choraux sont parmi les plus difficiles à écrire et à réaliser. Le premier venu n’est pas Robert Altman, et les niaiseries que sont Valentine’s Day et New Year’s Eve, même dirigées par un vétéran comme Garry Marshall, ne peuvent rivaliser avec un chef-d’oeuvre comme Short Cuts. C’est malheureusement dans la première catégorie que sombre What To Expect When You’re Expecting de Kirk Jones (Waking Ned Devine).



C’est le genre de film qui n’est pas seulement mauvais, mais qui peut aussi rendre de très, très mauvaise humeur quiconque a vécu une grossesse sans se transformer en Pregzilla (l’équivalent «enceint» de la Bridezilla qui s’éveille quand on passe la bague de fiançailles au doigt d’une jeune fille jusque-là très sensée) et quiconque aime avoir à ses côtés un conjoint qui n’aurait pas subi une ablation des «bijoux de famille» (les mâles ici représentés semblent tous avoir subi ce type d’opération une fois leur devoir conjugal accompli).

Basé sur la bible de la grossesse du même titre, What To Expect When You’re Expecting suit cinq couples traditionnels (de par le matériel d’origine même, pas de place ici pour les couples homosexuels, pour ceux qui optent pour une mère porteuse ou même pour l’avortement – le plus «différent» que l’on se permette est l’adoption).




D’abord, Jules (Cameron Diaz) et Evan (Matthew Morrison), stars de la télévision qui se sont rencontrées devant les caméras et, trois mois plus tard, sont en voie de devenir parents tout en apprenant à se connaître. Ensuite, Wendy (Elizabeth Banks en mode too much), qui idéalisait la grossesse avant de vivre la chose, et son mari (Ben Falcone), qui est en compétition avec son propre père (Dennis Quaid, dont le sourire craquant d’autrefois se fait, avec l’âge, «requinesque») en voie de redevenir papa grâce à sa jeune conjointe (Brooklyn Decker).




Puis Holly (Jennifer Lopez, qui devrait faire une croix sur la comédie) et Alex (Rodrigo Santoro), deux artistes qui désirent devenir parents, mais qui, la nature ne suivant pas leur désir, pensent à l’adoption – elle, surtout, car lui n’est pas sûr du tout. Enfin, Rosie et Marco (Anna Kendrick et Chase Crawford, qui affichent une belle chimie à l’écran), chefs dans des cantines roulantes, dont le destin prend une tournure imprévue après une aventure d’un soir.

Autant de lignes «dramatiques» qui vont finir par se croiser – de manière tellement inintéressante et factice qu’elle ne dramatise ni ne dynamise l’ensemble, mais souligne le caractère anecdotique d’un scénario non inspiré, jamais vraiment drôle… sauf quand Chris Rock et ses copains du club de soutien pour pères angoissés font des apparitions. Kirk Jones, dont la réalisation plate tient davantage de la comédie de situation que du cinéma, aurait mieux fait de laisser la caméra en leur compagnie.




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WHAT TO EXPECT WHEN YOU’RE EXPECTING (V.F.: COMMENT PRÉVOIR L’IMPRÉVISIBLE). Comédie de Kirk Jones. Avec Cameron Diaz, Elizabeth Banks, Jennifer Lopez, Matthew Morrison, Ben Falcone. 1 h 50.