Partout où elle pose ses roues, l'automobile a droit à son salon. Y compris à Montréal. Si l'exposition montréalaise n'a pas, sur le plan international s'entend, l'envergure des salons présentés à Detroit, Genève, Francfort, Paris, voire Tokyo, elle n'a rien à leur envier.

Et le salon montréalais a le mérite - de plus en plus rare de nos jours - de réunir l'ensemble des constructeurs à sa fête. Un exploit dont ne peuvent se vanter aujourd'hui plusieurs des grands salons internationaux. Au dernier salon de Tokyo, par exemple, aucun constructeur occidental, à l'exception de Lotus, ne s'était déplacé. Plus près de nous, à Detroit, certains constructeurs comme Nissan, Infiniti, Suzuki, Mitsubishi et Rolls-Royce boudent - encore une fois - la capitale automobile américaine cette année. En revanche, ils sont tous à Montréal.

Premier rendez-vous de la nouvelle année au Canada, le Salon international de l'auto de Montréal figure parmi les manifestations automobiles les plus courues du pays et le fait de savoir que tous les constructeurs y sont donne encore davantage envie de participer à la fête dans un lieu aux dimensions humaines où l'ambiance n'est pas sans rappeler celle des salons de Genève ou encore de New York. Un petit côté chaleureux tellement agréable par rapport au gigantisme de certains salons.

Cette année, le salon met en orbite plusieurs premières canadiennes ou nord-américaines. Le Compass de Jeep, le C-Max de Ford ou la Sonic de Chevrolet, pour ne nommer que ceux-là, sont au nombre de ces nouveautés qui tiennent, simultanément, la vedette à Detroit. En prime, nous sommes les premiers en Amérique du Nord à découvrir la nouvelle Accent de Hyundai.

Pour qui aime l'automobile, ce salon de Montréal demeure fidèle à la tradition. On se retrouve dans une fête des sens, une longue flânerie et parfois même un lieu d'échanges. On se lance dans des discussions avec des gens qui sont de bonne compagnie. Forcément, puisqu'ils sont venus chercher la même chose que vous: un peu de rêve et d'évasion. Alors tant pis si vous n'avez pas les moyens de rouler dans ce modèle qui vous séduit tant au détour d'un stand. En fait, il ne faut pas chercher de justification rationnelle pour aller au Salon international de l'auto. Le plaisir des yeux ne s'explique pas. Ni celui de caresser la courbe d'une aile, de s'asseoir derrière le volant ou dans le moelleux des sièges. Il s'agit toujours d'une occasion unique pour vous, et moi, de prendre directement le pouls de cette industrie et de forger votre propre opinion sur les forces en présence, sur le chemin parcouru pour rendre l'utilisation de l'automobile plus sûre, mais aussi plus écologique.

Après avoir fait le plein de documentation qui vous fera oublier l'hiver, il ne restera plus qu'à contraindre vos désirs automobiles dans l'enveloppe de votre budget. C'est le côté un peu moche, j'en conviens. Mais d'ici là, rêvons un peu. Ce salon est comme une pâtisserie géante pour un gourmet. Comme la plus grande des bibliothèques pour un amoureux de littérature. Nous ne mangerons jamais de tout. Nous ne lirons jamais tout. Ne conduirons jamais tout, non plus. L'important, c'est d'embrasser du regard tant de plaisirs exposés. Et cela, croyez-moi, c'est tout simplement jouissif.

Photo André Pichette, La Presse

Il ne faut pas chercher de justification rationnelle pour aller au Salon international de l'auto. Le plaisir des yeux ne s'explique pas.