Le salon automobile de Detroit est-il en train de perdre de son influence? Cette année encore, certains constructeurs font l'impasse sur le rendez-vous. Pendant ce temps, Montréal peut s'enorgueillir d'accueillir une quarantaine de marques.

Est-ce la sinistrose ayant touchée les acteurs du milieu automobile ces deux dernières années qui n'est pas chose du passé? Ou sont-ce plutôt des choix stratégiques qui expliquent des absences, parfois notoires?

Un peu de ceci et beaucoup de cela, répondront certains observateurs. Pour cette prochaine édition du NAIAS, les Japonais font défection. Nissan, Infiniti, Mitsubishi et Suzuki ont annoncé qu'ils ne seront pas présents au Cobo Center à compter du 10 janvier prochain, jour de l'ouverture aux médias. Et ils ne sont pas les seuls. Si Porsche y effectue son retour, avec en prime une première mondiale, les marques de prestige brilleront par leur absence. Les Aston Martin, Ferrari, Lamborghini, Lotus, Maserati, ou encore Rolls Royce ne seront pas là pour faire rêver les visiteurs. Pas la moindre voiture Saab non plus, soit dit en passant. Du côté des locaux, Fisker a préféré Los Angeles le mois dernier à Detroit en janvier pour présenter en première nord-américaine sa Karma version production. Le Californien ne sera pas à Detroit.

Nissan-Infiniti et Mitsubishi ont invoqué des raisons économiques pour expliquer leur absence. Le second a précisé à MonVolant que Detroit ne correspondait pas au lancement de ses produits.

Si l'on tient compte de l'unique présence chinoise qu'est celle de BYD, le plateau de cette année regroupera 35 marques. Soit six de moins qu'au prochain salon de Montréal, qui ouvrira ses portes au public la même semaine que le rendez-vous de Detroit, soit le 14 janvier.

Certes, Montréal n'a pas pu compter sur les présences de Tesla ou BYD, qui ont choisi la capitale de l'automobile. Certes, ce sont des concessionnaires Rolls Royce et Saab, par exemple, qui seront au Québec et non les constructeurs eux-mêmes - ce qui est souvent le cas d'ailleurs pour la métropole montréalaise. Tout de même. Le salon de Detroit a perdu de sa superbe et de son influence.

«Le salon de Detroit est un salon de journalistes, contrairement à New York, Los Angeles ou Montréal. Detroit est révisé dans le positionnement marketing», ose avancer Denis Dessureault, directeur exécutif du Salon international de l'auto de Montréal. Detroit a, il est vrai, fort à faire avec ses «voisins» californiens et new yorkais.

«À l'exception de Ford, il est le pâle reflet de ce que l'industrie américaine est devenue. Même s'il demeure un incontournable, on cherche à conquérir les marchés de la côte ouest», estime notre confrère Éric LeFrançois, co-auteur du guide annuel L'Auto.

La présence à un salon relève de la stratégie. «Il y a beaucoup de facteurs pris en considération quand vient le temps de décider d'une participation à un salon spécifique, le moment où un modèle est lancé en fait partie. Dans le cas de Detroit, il n'y avait pas de produits qui coïncidaient avec la période du salon», explique Heather Meehan, conseillère en communication pour Nissan-Infiniti.

Cette stratégie est primordiale quand vient le temps de décider de s'afficher ou non dans les salons qui, aujourd'hui, ne réservent plus de surprises de toute façon. Porsche a curieusement choisi Detroit plutôt que Los Angeles pour y présenter sa primeur mondiale? N'oublions pas que Lotus a précédemment débarqué en force sur la côte ouest...

Les constructeurs essaient d'anticiper, de savoir qui sera sous les feux de la rampe, qui sera à la une. Oui, il faut avoir des nouveautés pour s'afficher. Mais nouveautés ou pas, certains se permettent à présent de faire l'impasse sur un salon comme Detroit.