Sauvé à la dernière minute cet hiver alors qu'il était donné pour mort, le constructeur suédois Saab espère renaître de ses cendres en «retrouvant son identité», grâce à de nouveaux modèles et à son indépendance retrouvée, explique à l'AFP Victor Muller, le PDG du repreneur néerlandais Spyker.

Actuellement en pleine phase de lancement de sa nouvelle version de la berline de luxe 9-5, Saab se lance à la reconquête de son glorieux passé et de ses clients perdus avec l'urgence de revenir dans le vert d'ici 2 ans.

 

Mais le PDG de Spyker, qui cherche des partenaires pour un possible nouveau modèle compact Saab, promet qu'il n'abandonnera pas tant qu'il n'aura pas rendu la firme suédoise rentable.

 

En visite au siège de Saab à Trollhättan, dans le sud-ouest de la Suède, il a répondu par téléphone aux questions de l'AFP.

 

Question: Vous avez trouvé Saab dans une situation dramatique, au bord de la fermeture définitive. Qu'est ce qui n'a pas marché pour Saab ces dernières années?

 

Réponse: Je dirais que Saab a perdu son identité Saab, son ADN, lorsqu'il appartenait à General Motors. Et cela a fait que ses clients fidèles sont partis. Clairement, GM a trop attendu pour lancer de nouveaux modèles. Quand la production a été arrêtée en janvier, la 9-5 qui était produite sur les lignes de montage était vieille de 13 ans. Pour un modèle haut de gamme, c'est près de deux fois la durée de vie normale. Il y aussi eu le fait que Saab était un poisson perdu dans un lac trop grand pour lui, et qu'il n'a reçu aucune attention particulière de General Motors. Mais tout cela change maintenant.

 

Q: Au vu de ces erreurs, qu'allez-vous changer?

 

R: Le plus important changement, c'est que Saab est une société indépendante. Tel moteur, tel châssis, tels composants, tels fournisseurs: toutes ces choses étaient dictées par GM par le passé, et ce qui était bien pour Opel ne l'était pas forcément pour Saab. Dans chaque décision que nous prenons désormais, nous ne prenons en compte que ce qui est le mieux pour Saab. Notre plan d'affaires est très réaliste, il n'est pas basé sur des objectifs délirants, au contraire. Nous espérons retrouver d'ici 2012 le niveau que nous avions en 2007, autour de 120 000 voitures. Avec les incertitudes sur l'avenir de Saab, nous avons plongé à 40 000 l'an passé, mais avec les lancements prévus, nous visons 50 000 cette année et 100 000 l'an prochain. Si nous respectons notre plan, nous gagnerons de l'argent.

 

Q: Supposons que vous ne parveniez pas à revenir dans le vert d'ici 2012. Vous engagez-vous à rester après cette date?

 

R: La seule vraie menace pour notre plan de reprise, c'est un retour de la récession. Nous n'y croyons pas mais cela nous poserait problème, c'est évident. Mais écoutez, je suis parti de rien avec Spyker, en 2000. Nous sommes en 2010 et je n'ai toujours pas fait de bénéfice. Est ce que j'ai continué? Oui, parce que je sais que Spyker, comme Saab, deviendra rentable. Si Saab pour une raison X n'était pas dans le vert en 2012, je tenterai encore en 2013. Continuerions-nous encore après? Oui, absolument. Aucune chance qu'on s'arrête.