Le froid, la glace, des milliers de lacs, des forêts à perte de vue, et au milieu de tout ça Riksgränsen, un petit village isolé au fin fond de la Laponie suédoise, au nord du cercle polaire. Sur une carte, impossible de savoir que cette petite bourgade ne compte officiellement qu'une vingtaine d'habitants. Ils seront beaucoup plus nombreux cette semaine alors que s'ouvre la saison de ski.

Pour atteindre cette ville de fin du monde, un vol nolisé nous a amené directement à Kiruna, une région dont la superficie est équivalente à celle de la Slovaquie. Ensuite, nous avons traversé en voiture une centaine de kilomètres à travers de monotones plaines et des forêts inhospitalières où il n'est pas rare de croiser des troupeaux de rennes. «Prenez garde, ils sont stupides», nous prévient Kikki Hugerstrand, responsable de l'expédition.

 

À la différence du Québec, où les variations d'altitude et d'exposition font rencontrer des neiges variées, de la plus dure à la plus mouillée, agrémentée ici ou là de plaques de verglas, la Laponie s'étend sur un tapis de neige homogène, mais avec, lui aussi, de nombreuses sections glacées. Autour du cercle polaire, tout le monde (poids lourds compris) roule avec des pneus d'hiver dont l'efficacité sur glace est renforcée par un léger cloutage, qui n'est pas superflu pour trouver l'adhérence nécessaire sur la glace et, notamment, pour améliorer la qualité des freinages.

 

La légende veut que seuls les vrais Vikings puissent survivre à son climat hostile. N'en croyez rien. Nous, Québécois, pourrions aussi nous y adapter sans problème. Durant six mois de l'année, la température y est inférieure à 0°C et, au cours des longues nuits polaires, elle peut chuter jusqu'à -40°C. Seule difficulté: l'hiver, le jour se lève vers 9h mais disparaît dès 14h30, et on ne perçoit jamais le soleil. Bonjour (ou bonsoir!) la déprime.

 

Pourtant, depuis 1960, les ingénieurs de Volvo débarquent dans cette région pour y parfaire la mise au point de futurs modèles. Le constructeur suédois n'est pas le seul à le faire. D'autres constructeurs et équipementiers (Bosch, Haldex, etc.) tournent aussi autour du cercle polaire, loin des regards indiscrets. Ici, on teste évidemment les démarrages sur côte verglacée, les conditions d'adhérence, les aides à la conduite, mais aussi la qualité du démarrage par temps froid ainsi que la rapidité de dégivrage des rétroviseurs et des glaces.

 

C'est pour nous familiariser avec cette étape souvent méconnue de la mise au point d'un nouveau véhicule que le constructeur suédois nous a conviés à participer à ces essais hivernaux au volant de ses nouvelles XC70 3,2 et S80 T6. En plus de nous sensibiliser aux tests effectués par les ingénieurs, l'événement permettait aussi de mesurer les bénéfices des aides électroniques à la conduite (antidérapage, antipatinage, antiblocage, rouage intégral, etc.), et de nous faire prendre conscience à quel point la glace vive constitue le pire des dangers.

 

Après une trop courte nuit de sommeil, notre expédition polaire se met en branle et met le cap vers la Norvège. Facile, la frontière se trouve à 500 m de notre hôtel à Riksgränsen À notre arrivée, pas de barrière, ni de douanier pour nous accueillir, mais plutôt un immense chasse-neige chargé de nous ouvrir la route, généralement fermée l'hiver, car elle est jugée trop dangereuse par les autorités norvégiennes.

 

Malgré ces conditions extrêmement difficiles, la confiance finit tout de même par nous gagner au fil des kilomètres et nous nous surprenons à rouler à des vitesses qui sont normalement prohibées au Québec sur route sèche! Les kilomètres s'accumulent et on n'y croise pas âme qui vive.

 

L'impression d'évoluer dans un monde noir et blanc se renforce, à travers le couvercle gris foncé des nuages, le bleu noir de la mer et la blancheur des montagnes. Seules les rares maisons de bois aux couleurs typiques de la Scandinavie donnent une touche de gaieté à ce paysage désertique.

Prudence dans les courbes!

À la fin de nos essais, la différence entre le XC70 et le S80 tient dans le poids de deux voitures, mais aussi dans le cloutage des pneus, plus agressif sur les S80 que sur les XC70 qui nous ont été confiés.

 

Dès lors, le S80 se pilotait de façon plus énergique aussi bien sur la route que sur le circuit de glace aménagé au pied de la montagne. On pouvait alors s'en donner à coeur joie au volant, sachant que sur les plus amples glissades, l'antidérapage veille toujours à ne pas nous envoyer en tête-à-queue.

 

Seul cas de figure où il ne peut rien, l'excès de vitesse en entrée de courbe, où les lois de la physique reprennent leurs droits et où l'orgueil se froisse plus vite que la tôle. Mais contrairement à ma visite à Mécaglisse il y a deux semaines (voir le billet de la semaine dernière), le profil des Volvo qui m'ont été confiées est demeuré inaltéré. Ouf!