Chose certaine, le parc automobile vieillit. Si de nombreuses voitures soviétiques, Zil et autres Moskvitch, sont en très mauvais état, notamment pour ce qui est de la carrosserie, il n’en va pas de même des autres automobiles étrangères, qui sont parfois quadragénaires ou quinquagénaires et sont toujours en parfait état.

Selon Jaime, l’autre problème, pour les Cubains, c’est l’achat de pièces. La majorité des travailleurs cubains gagnent entre 15 et 20 par mois. Si nombre d’entre eux se débrouillent en faisant du troc pour obtenir la pièce qui manque à leur automobile, la situation devient plus délicate lorsqu’il faut acheter une pièce neuve.

«Une batterie coûte environ 90. L’essence coûte 1 le litre. Malheureusement, avec mon taxi, je n’ai pas le droit de transporter des touristes, donc de gagner des devises. C’est pourtant en devises qu’il faut que je paie les pièces que j’achète», assure Jaime.

Parfois, l’ironie du système est poussée à son comble. Jorge, 55 ans, vit à Santa Clara. Ce mécanicien de formation n’a jamais pu exercer son métier sauf brièvement, au début des années 80, alors qu’il participait avec d’autres Cubains à la guerre en Angola. Pour vivre, Jorge a dû se convertir en croque-mort.

Les vapeurs d’essence envahissent l’habitacle du dinosaure à quatre roues, mais Armando n’en a cure.

Bien que le Venezuela d’Hugo Chavez approvisionne le pays en pétrole, de nombreux Cubains jugent l’essence qu’on leur propose de très mauvaise qualité.

Pour Jaime, le véritable problème est la durée de vie de sa voiture, une Lada bleue. Le sexagénaire conduit un taxi d’État et il doit soumettre sa voiture au contrôle technique tous les ans. Jaime montre sur le pare-brise le petit macaron vert qui atteste que son auto a satisfait aux tests mécaniques de l’État cubain cette année. «Si la panne est importante, c’est fini, je n’ai plus de travail», dit-il.

À moins qu’ils ne fassent partie de la direction du Parti communiste de Cuba, les habitants de la plus grande île des Caraïbes doivent faire preuve de débrouillardise afin d’entretenir leur voiture. Au fil des ans, les belles américaines cèdent la place à des modèles russes, moins glamour mais nettement plus solides.

«Ma voiture est une Opel Olympia. Elle date de 1957, mais elle n’a vraiment pas grand-chose d’allemand, explique Armando, un professeur. Toute la mécanique de la voiture, dont le moteur, est celle d’une Lada. C’est une motorisation très solide et c’est pour cela que je préférerais posséder une Lada. Pour trouver des pièces de Chevrolet, c’est un peu plus difficile.»

L’intérieur de l’Opel est un assemblage de pièces de diverses marques. «Le rétroviseur intérieur vient d’une Chevrolet et la boîte à gants d’une Lada. Rien n’est vraiment d’origine dans cette voiture», confie son conducteur.