En effet, bien des milliardaires américains capables de payer comptant la plupart des véhicules les plus chers de la planète préfèrent finalement la location à l'achat. Ils ne manquent pas de fric; les voitures qu'ils acquièrent nécessitent le versement d'un acompte supérieur à l'hypothèque d'une maison.

En effet, bien des milliardaires américains capables de payer comptant la plupart des véhicules les plus chers de la planète préfèrent finalement la location à l'achat. Ils ne manquent pas de fric; les voitures qu'ils acquièrent nécessitent le versement d'un acompte supérieur à l'hypothèque d'une maison.

Timothy S. Durham, un financier de la région d'Indianapolis qui possède un garage assez spacieux pour y garer 45 véhicules, dit avoir versé un dépôt de 400 000$US pour sa plus récente location de cinq ans - une Bugatti Veyron noire sur argenté d'une valeur de plus de 1,5 million US. Ses paiements mensuels sont de l'ordre de 20 000$US, assez pour acheter une Accord de Honda tous les 30 jours.

Pourquoi louer?

Mais pourquoi un multimillionnaire s'est-il imposé la paperasse et les autres obligations d'une location quand il pouvait simplement signer un chèque de 1,5 million US? Dans le cas de M. Durham, la location procurait deux avantages importants: il pouvait utiliser son argent ailleurs et, en étirant les paiements sur plusieurs années, il pouvait reporter le paiement d'une partie de la taxe de vente, qui peut à elle seule atteindre les six chiffres.

"Un des plus grands avantages, c'est de pouvoir différer vos taxes, parce que le paiement de la taxe de vente s'échelonne sur une période de temps", explique M. Durham, dont la société de placement, Obsidian Enterprises, contrôle plusieurs entreprises industrielles ainsi que le magazine National Lampoon.

Même s'il entend acheter la Bugatti à la fin du contrat de location de cinq ans - au coût additionnel de centaines de milliers de dollars -, M. Durham préfère investir la différence d'ici là. Il estime aussi que la Bugatti vaudra beaucoup plus que ce qu'il a payé d'ici quelques années.

"Si vous croyez pouvoir obtenir un rendement supérieur au prix de location, alors vous devriez louer, surtout avec un actif comme la Bugatti, qui augmente en valeur", déclarait M. Durham à la fin de juillet, alors qu'il se préparait à conduire la Veyron de 1001 chevaux dans The Great American Run, un rallye transcontinental.

M. Durham affirme que sa collection de plus de 70 voitures inclut plusieurs modèles qui ont pour lui une valeur sentimentale, y compris des classiques Auburn, Cord et Dusenberg ainsi qu'une Aston Martin DB5 comme celle que James Bond conduisait dans le film Goldfinger.

Quand vient le temps de les acquérir, M. Durham négocie toujours. Au moment de signer le contrat de location qu'il avait conclu avec une entreprise spécialisée dans le financement de Ferrari et autres voitures coûteuses, il a reçu une meilleure offre d'un concurrent. Dans l'entente qu'il a finalement paraphée, son acompte avait été réduit de 300 000$US, le tout accompagné d'une baisse de 0,5% du taux d'intérêt.

Selon Donald Fort, un collectionneur âgé de 60 ans de Ponte Vedra Beach, en Floride, la location lui a permis de doubler le rythme de ses acquisitions. Pendant une douzaine d'années, il a payé ses voitures comptant, y compris une familiale Ford Woody de 1948 et une Corvette Z06 de 1963.

Il y a environ sept ans, M. Fort a décidé de faire affaire avec Putnam Leasing, une société de crédit de Stamford, au Connecticut. Depuis ce temps, il loue des autos comme une Shelby Cobra pour une période de cinq ans, puis les achète à la fin du contrat de location. D'habitude, il verse un acompte de 20 à 25% du prix d'achat.

"Nous avons plus de ressources pour notre argent", déclare M. Fort, un promoteur immobilier en Géorgie et en Floride. Il croit d'ailleurs que sa collection de 20 voitures, y compris une Corvette 1953, gagnera en valeur.

Steven Posner, chef de la direction de Putnam, soutient pour sa part que ses nouveaux clients préfèrent une location pour des motifs contraires. "Pourquoi investiraient-ils tant d'argent dans un bien qui se déprécie?" demande-t-il. En effet, les marques exotiques de voitures qui ont fait la renommée de Putnam ne s'apprécient pas toujours, surtout dans leurs premières années de production.

Environ deux tiers des locataires d'une nouvelle Ferrari ne l'achètent pas à la fin du contrat de location, déclare M. Posner. Plusieurs décident d'acquérir un modèle plus récent ou plus cher, pendant que d'autres se lassent de leurs luxueuses italiennes.

"Vous verrez des jeunes hommes de Wall Street dans la vingtaine louer une Ferrari 355, explique M. Posner. Au fur et à mesure qu'ils gagneront plus d'argent, ils l'échangeront contre une 360 et s'inscriront sur une liste pour une 430. En deux ans, vous verrez un gars passer d'une voiture à l'autre, puis à la suivante."

Pour accommoder les amateurs capricieux, Putnam permet à ses clients de changer de voiture avant la fin d'un contrat de location, sans pénalité autre que la différence entre le prix de gros de la première voiture et le prix de Putnam pour la nouvelle, précise M. Posner.