Depuis 1970, 25 raffineries ont fermé au Canada. Il en reste moins que 20. La dernière ouverture d’une raffinerie au pays date de 1984. Pour plusieurs observateurs, cette tendance – due en partie au resserrement des normes environnementales – mène l’industrie dangereusement près de l’oligopole.

Cet été, les Québécois amateurs de super qui voyagent aux États-Unis pourraient avoir une mauvaise surprise. Selon M. Sundstrom, l’écart entre ordinaire et super devrait augmenter sensiblement à cause de l’interdiction de l’additif MTBE, qui sert à augmenter l’indice d’octane de l’essence (le super a un indice d’octane plus élevé). La fin du MTBE fait grimper les prix des autres produits servant à augmenter l’indice d’octane, comme l’éthanol. Le prix de l’éthanol a triplé à près de 4US le gallon aux États-Unis depuis l’automne. À noter: il y a des variations régionales importantes dans le prix de l’éthanol, à cause des coûts de livraison et des subventions variant d’État en État.

Les raffineurs coupables?

Depuis 1970, 25 raffineries ont fermé au Canada. Il en reste moins que 20. La dernière ouverture d’une raffinerie au pays date de 1984. Pour plusieurs observateurs, cette tendance – due en partie au resserrement des normes environnementales – mène l’industrie dangereusement près de l’oligopole.

Comme le Canada importe la moitié de son essence des États-Unis, la concurrence est plus grande qu’il n’y paraît. Mais chez l’Oncle Sam, le même phénomène est en cours: entre 1993 et 2004, les cinq plus gros raffineurs ont augmenté leur part de marché de 35% à 56%. La dernière raffinerie ouverte aux États-Unis l’a été en 1976.

Aucune étude n’a jamais réussi à prouver que l’augmentation des prix de l’essence était influencée directement par le plafonnement des capacités de raffinerie en Amérique du Nord. Mais plusieurs critiques pensent que les pétrolières traînent les pieds: après tout, leurs profits augmentent sans cesse, même si leur production d’essence stagne.

L’écart entre les prix moyens est deux fois plus grand à cause des promotions plus fréquentes pour le super – «le jeudi, l’or au prix de l’argent!» – mais lui aussi demeure stable. Entre 1998 et 2005, l’écart entre les prix moyens du super et de l’ordinaire a diminué de 14,4 à 6,8%.

Le prix du super est aussi déprimé par les automobilistes qui veulent atténuer la hausse du prix de l’essence en passant du super à l’ordinaire, selon Geoff Sundstrom, porte-parole de l’Association automobile américaine, qui s’occupe des questions financières. «Le super est davantage sensible aux hausses de prix, dit M. Sundstrom. Plus des trois quarts des nouvelles voitures fonctionnent très bien à l’essence ordinaire, alors le super est vraiment dépendant du marketing. Dans les temps difficiles, le marketing ne fonctionne pas très bien. Alors il faut que les pétrolières baissent le prix du super pour en vendre.»

Par exemple, les ventes de super ont diminué de 6,7% entre avril 2005 et 2006, alors que les ventes d’ordinaire n’ont diminué que de 1,2%, selon Statistique Canada. Par contre, les ventes d’essence intermédiaire ont augmenté de 7,8%, ce qui signifie que les amateurs de super rechignent toujours à passer à l’ordinaire.

Ce phénomène est l’une des nombreuses conséquences invisibles de la hausse des prix de l’essence. C’est le même pétrole brut qui entre dans la fabrication des deux types d’essence, et la majorité des taxes sur l’essence sont fixes; la hausse du prix du pétrole a donc proportionnellement un impact plus grand sur l’essence ordinaire.

Pour ceux qui n’ont pas le choix d’acheter du super, comme les motocyclistes, il s’agit d’un petit baume.

Depuis 1997, l’écart entre le prix minimum du super et celui de l’ordinaire n’a presque pas bougé: il était de 4,1 cents en 1997, et de 4,3 cents en 2005, selon les données de la Régie de l’énergie. Pendant ce temps, le prix minimum de l’ordinaire passait de 55 à 91 cents. La différence est donc passée de 7,4 à 4,7%.

En 1998, au Québec, l’essence super coûtait 14% de plus que l’ordinaire. Cette année, la différence est d’environ 7%.