Les hybrides représentent actuellement 1% du parc de berlines aux États-Unis, selon l’analyste de JD Power, qui prédit une progression à 4% pour les six prochaines années.

Les constructeurs automobiles parient sur le succès croissant de ces véhicules. Tous, de General Motors à Ford en passant par les constructeurs étrangers, prévoient soutenir leurs gammes avec de nouvelles générations d’hybrides ou en offrant une version hybride de modèles classiques.

Ford souhaite porter sa production d’hybrides, encore limitée, à 250 000 unités d’ici 2010, date à laquelle Toyota compte en vendre un million par an comparativement à 146 650 en 2005.

«Il faut payer plus pour une hybride, et tant que le prix d’achat ne baissera pas, les consommateurs auront un argument rationnel pour préférer les voitures traditionnelles», relève Bob Schnorbus, de JD Power.

D’autant que les constructeurs automobiles recourent aux promotions sur leurs véhicules classiques, voire à des formes inédites de rabais, à l’instar d’une initiative de General Motors en Californie: une subvention au carburant à l’achat d’un véhicule neuf, sous la forme d’une carte d’essence prépayée.

Pourtant, «le public est à l’aise avec cette technologie (hybride) et ces véhicules sont très bien conçus», fait valoir David Cole, du Centre de recherche sur l’automobile du Michigan, avant d’ajouter que «le seul problème, c’est son prix».

Pour attirer les consommateurs, l’hybride offre aussi d’autres avantages comme des ristournes fiscales — à l’heure où les économies d’énergie sont un enjeu politique — et l’accès sur les autoroutes aux voies rapides réservées aux voitures à plusieurs passagers.

Ventes à la baisse

Toutefois, en avril, les ventes de Prius ont chuté de 24% à 8234 unités, tandis que Ford s’est résolu à subventionner son modèle Escape Hybrid.

En dehors des Prius et Civic, qui restent en stock chez les concessionnaires respectivement huit et 12 jours en moyenne, les autres modèles mettent jusqu’à trois mois à être écoulés, selon PIN.

L’obstacle du coût

Une hybride coûte en moyenne 3000  de plus à l’achat qu’un véhicule traditionnel, et il faut entre trois et cinq ans pour que cet investissement devienne économique, selon la revue spécialisée Power Information Network (PIN).

Par ailleurs, les économies en carburant sont réelles — les modèles vedettes, Civic de Honda et Prius de Toyota, sont considérés comme les voitures les plus économes aux États-Unis par le Guide des économies de carburant —, mais pas aussi élevées que ce que les consommateurs auraient imaginé.

Selon la revue Consumer Reports, seuls deux modèles permettent de réaliser des économies avec les niveaux actuels des prix de l’essence: la Civic et la Prius. Mais ces économies sont limitées à respectivement 400 et 300 sur cinq ans pour 121 000 km environ.

Les ventes de voitures hybrides aux États-Unis connaissent actuellement un creux en dépit des prix toujours élevés de l’essence, ces modèles économiques en carburant restant pour l’heure trop chers pour les consommateurs.

Introduit sur le marché américain au début des années 2000 par les constructeurs asiatiques, ce type de véhicule, dont le moteur fonctionne à la fois à l’électricité et à l’essence, reste encore l’apanage des consommateurs précurseurs.

«La plupart des personnes qui voulaient une hybride en ont déjà une, souligne ainsi Jesse Toprak, de Edmunds.com. Ces consommateurs l’ont fait non pour son aspect économique, mais comme un positionnement. Le problème, c’est que ce marché n’est pas illimité et que le suivant, le marché de masse, prend sa décision d’achat non en fonction d’une tendance, mais de calculs sur les économies», poursuit-il.