La «planche à laver», comme on l'appelle, est malheureusement une étape presque obligée de tout voyage de pêche.

La «planche à laver», comme on l'appelle, est malheureusement une étape presque obligée de tout voyage de pêche.

Chacun, d'ailleurs, semble avoir sa propre explication du phénomène, qui serait causé par la pluie, selon les uns, par la sécheresse, selon les autres, par les camions, disent les suivants, ou encore par la machinerie qui entretient le chemin. Même les textes écrits par des spécialistes sur le web se contredisent.

Presque tous, cependant, s'accordent pour dire, comme le professeur de génie civil à l'Université Laval Guy Doré, que «c'est un phénomène qui vient essentiellement du déplacement du matériau de la route par les pneus. On va l'observer surtout dans les zones d'accélération et de freinage. Et je ne parle pas uniquement des intersections : lorsqu'on monte une côte, on est dans une situation d'accélération, même si le véhicule ne change pas de vitesse. Et lorsqu'on descend une côte, on est dans une situation de freinage. (...) Donc, il y a à ce moment-là un déplacement du matériau, qui va s'accumuler, ce qui fait que, progressivement, il va y avoir ce qu'on appelle de la planche à laver.»

Ces sillons créent d'ailleurs eux-mêmes, en quelque sorte, les conditions qu'il leur faut pour s'approfondir. En effet, explique M. Doré, lorsqu'un pneu heurte une bosse de planche à laver, il rebondit légèrement, ce qui lui fait perdre une partie de son adhérence pendant un court instant. Avant de la reprendre, le pneu peut glisser et envoyer un peu de terre vers l'arrière (si le véhicule accélère) ou vers l'avant (s'il freine). Avec pour résultat de « creuser « davantage le bas du sillon et d'ajouter du matériau sur une crête.

Contrairement à la croyance populaire, les camions ne sont pas plus coupables que les voitures. «Tous les véhicules vont faire de la planche à laver, dit M. Doré. Ce n'est pas parce qu'ils sont plus gros qu'ils vont nécessairement en faire plus. C'est surtout une question des forces en cause. Souvent, les petits véhicules moins lourds ont des surfaces de contact (avec la route) beaucoup plus petites, alors ils vont avoir un effet semblable.»

Et il se pourrait même que les bagnoles soient plus dures sur la route que les poids lourds, d'après le numéro de l'hiver 2004 de la lettre d'information de l'Institute of Transportation Studies de l'Université de Californie à Berkeley, consacré à la planche à laver. Les véhicules légers et munis d'une suspension dure auraient ainsi tendance à « rebondir « sur les bosses plus que les camions ; leurs roues glisseraient donc plus facilement et, partant, déplaceraient plus de matériau.

Par ailleurs, dit M. Doré, le travail d'une niveleuse peut avoir pour effet de séparer les petites et les grosses particules qui composent le gravier. Or, celui-ci se tient mieux lorsqu'il est bien mélangé : les grosses particules servent alors de «structures», et les petites, de liant. «Lorsque le gros gravier se trouve à la surface et les petites particules dans le fond, c'est un matériau qui se tient beaucoup moins bien. À ce moment-là, la surface se détériore beaucoup plus vite.»