Il ne serait pas étonnant que Mario Dumont conduise une Ford Mustang GT : cette voiture représente tellement bien le fossé qui sépare la grande ville et les régions!

Il ne serait pas étonnant que Mario Dumont conduise une Ford Mustang GT : cette voiture représente tellement bien le fossé qui sépare la grande ville et les régions!

D'abord, elle circule très mal dans les artères étroites, cahoteuses et plutôt achalandées du Plateau. L'état de la chaussée malmène allègrement la suspension du gros coupé (qui semble par ailleurs plutôt lourdaud). Et on peut lire toute la haine qu'il inspire aux piétons et aux automobilistes de ce quartier autrement très charmant. « Regarde-moi le gars de la banlieue avec son gros char!» pensent-ils, en substance.

Pour leur part, les habitants un peu moins stressés des villes-dortoirs et de la campagne apprécient tout particulièrement l'allure fonceuse de la bête. Les « Wow! C'est à toi, la Mustang?», et les «Hey! elle doit virer d'sour pas à peu près, elle!» fusent quotidiennement. Et le ton admiratif ne trompe pas. Même le livreur de Purolator est jaloux!

Comme si cette opposition n'était pas suffisante pour chasser les conducteurs de Mustang GT hors de la ville, il s'y ajoute le simple fait que son gros V8 grondeur et siffleur (c'est beau à entendre!) se comporte plutôt raisonnablement, sur l'autoroute, en matière de consommation.

Un séjour en ville a fait grimper l'indicateur de consommation à 41 litres aux 100 kilomètres (41 L/100 km!), une valeur rapidement revue à la baisse sur les larges voies longilignes de l'autoroute Jean-Lesage : un peu moins de 11 L/100 km. Au combiné : 13,8 L/100 km, de quoi souffler un peu, le jour même où le prix du litre grimpait subitement à 1,18 $!

C'est d'ailleurs la seule raison qui motive le conducteur à lever le pied, aux intersections. Parce qu'autrement, on a hâte d'atteindre le climax de la courbe de couple de la cylindrée, quelque part dans les 4500 tours-minute. Un couple qui, au passage, est beaucoup plus approprié pour ce coupé que celui plus modeste du V6 de la version de base. Et qui convient bien aux reprises sur l'autoroute. La Mustang GT est sans doute la reine du 80-120 km/h.

Autre détail agaçant : la boîte de vitesses. Une cinq-vitesses, comme on dit dans le 819. Si l'étagement est conçu de façon à offrir le meilleur compromis puissance-confort, la course, elle, est capricieuse. Disons qu'on est loin de la délicatesse des boîtes japonaises.

Au volant, il y a une chose qu'on ne remarque pas : l'étroitesse ahurissante de la banquette, derrière. D'ailleurs, il faut un sens de l'humour particulièrement tordu pour dire de ce coupé qu'il peut accueillir quatre personnes. À la limite : deux adultes et deux pots de fleurs, à l'arrière. Ou des sacs d'épicerie.

En revanche, on remarque que le pare-chocs avant est loin, loin devant, à la manière des vieilles caisses des années 60. Encore là, idéal pour stationner au Costco. Mais pour un parallèle en face du Petit Plateau, Ça se complique...