Capitale de la finance, de la mode, des gratte-ciel, des Yankees et des Mets, mais capitale de l'automobile? Et nous qui pensions que ce titre avait toujours appartenu à Detroit. Pourtant, au début du XXe siècle et jusqu'au milieu des années 30, c'est New York et ses environs qui comptaient le plus grand nombre de constructeurs automobiles. Plus d'une cinquantaine, comme le confirme une murale qui orne le musée de l'automobile de Saratoga Springs, dans l'État de New York.

Capitale de la finance, de la mode, des gratte-ciel, des Yankees et des Mets, mais capitale de l'automobile? Et nous qui pensions que ce titre avait toujours appartenu à Detroit. Pourtant, au début du XXe siècle et jusqu'au milieu des années 30, c'est New York et ses environs qui comptaient le plus grand nombre de constructeurs automobiles. Plus d'une cinquantaine, comme le confirme une murale qui orne le musée de l'automobile de Saratoga Springs, dans l'État de New York.

New York possédait alors les ingrédients essentiels au développement de l'industrie automobile naissante: l'accès aux matières premières, les voies maritimes et la main-d'oeuvre abondante et bon marché.

Une des premières marques nées dans la «Grosse pomme», fut la Allen. Construites entre 1885 et 1900, ces voiturettes à transmission à chaîne étaient dotées d'une barre de direction comme sur un voilier plutôt que d'un volant.

Le moteur à combustion interne, un engin complexe et capricieux à ses débuts, a souvent dû affronter le moteur électrique, plus simple et plus fiable. Promise à une belle carrière, la propulsion électrique ne réalisa jamais son potentiel malgré tous les efforts consentis depuis bien plus de 100 ans pour résoudre le problème de la durée de vie des batteries. N'empêche qu'en 1900, Auto-Dynamic se lance dans la production de voitures à propulsion électrique vouées à un brillant avenir selon la revue Motor Age qui déclarait: «Les voitures électriques joueront un rôle important dans l'industrie automobile.» Ce rôle, nous l'attendons encore, près de 110 ans plus tard. Quant à Auto-Dynamic, elle fermait ses portes en 1902.

Autre succès éphémère, celui de Benner Motor Car Company de Manhattan qui vendait ses voitures directement au public, sans passer par des intermédiaires. Malheureusement pour R.P. Benner, le fondateur, seulement 200 Benner furent produites en 1908 et 1909.

Bien plus connue fut la marque S & M Simplex, fondée par le duo de Proctor Smith et Carlton Mabley qui commencèrent par importer des Fiat, des Renault et des Panhard. Pensant pouvoir construire des voitures de qualité à des prix moindres que ces marques européennes, S & M lançaient en 1904 un modèle de 30 chevaux qui reprenait le design de la Mercedes de l'époque.

Vendue 6750 (150 000 en dollars d'aujourd'hui), la Simplex coûtait quand même 1650 de moins que sa cousine allemande. Trois ans plus tard, Simplex est vendue à Herman Brosel, un riche industriel qui poursuit la production de la voiture à New York jusqu'en 1913, année pendant laquelle Simplex déménage ses pénates au New Jersey. Les dernières Simplex sortent d'usine en 1922.

Mêlant musique et automobile, Steinway Company, célèbre fabricant de pianos, compte aussi parmi les constructeurs automobiles new-yorkais avec une reproduction exacte de la Daimler 45 chevaux construite en Allemagne. Surnommé la «Mercedes américaine», ce modèle est produit jusqu'en 1907, date de destruction de l'usine dans un incendie.

Qualité fut aussi le mot d'ordre chez Brewster, un carrossier de renom ayant pignon sur rue depuis 1810. Dès 1915, Brewster se lance dans le monde de l'automobile avec des modèles bien pensés et bien faits, une réputation qui explique son association avec Rolls-Royce en 1926 dans le but de construire des carrosseries pour habiller les Rolls américaines construites à Springfield, au Massachusetts.

Même le célèbre William C. Durant, fondateur de la vénérable General Motors, adopta New York (Long Island, plus précisément) pour y construire ses voitures après avoir été éjecté de la direction de GM. Les Durant furent aussi produites au Canada, mais elles disparurent comme bien d'autres, victimes de l'impitoyable Grande Dépression des années 30.

Cette période marquante fut aussi le début de la fin du règne de New York et des autres villes américaines de construction d'automobiles. L'accès aux matières premières figurant à présent au sommet des exigences de l'industrie, Detroit réussit, grâce à sa situation géographique sur les Grands Lacs, à se faire livrer à moindre coût les matières premières, notamment le bois et le fer.

Detroit perdra-t-elle à son tour sa mainmise sur l'automobile américaine? Main-d'oeuvre moins coûteuse dans le sud des États-Unis, au Canada, au Mexique et ailleurs, climat plus clément aussi, doublé de juteux avantages fiscaux, tout cela et bien d'autres facteurs aussi militent contre l'hégémonie de la région de Detroit.

N'empêche que les sièges sociaux de GM, Ford et DaimlerChrysler y sont profondément ancrés et ce n'est sûrement pas demain la veille du jour où la ville fondée par sieur Antoine de la Mothe Cadillac, cédera sa couronne d'acier inoxydable sertie de diodes électroluminescentes.

Quelques marques new-yorkaises:

Allen

American

Ardsley

Auto-Dynamic

Benner

Brewster

Colt

CunninghamDurant

Franklin

Keystone

Martin

Munch-Allen

New York Six

Noma

Oakland

O-We-Go

Pierce Arrow

S & M Simplex

Steinway

Walter

Pour joindre notre collaborateur : alain.raymond@lapresse.ca