Et que la lumière est belle, à l’aube, lorsqu’elle se réfléchit sur le long capot d’une XK!

Plutôt rapide et précise, elle incite à l’accélération.

Le châssis ne transmet plus avec autant de rigueur les ondulations du revêtement et retrouve, le moment venu, toute sa raideur pour négocier efficacement les courbes. Le secret de cette tenue de route caméléon réside dans l’évolution des suspensions pilotées (CATS) de cette Jaguar, qui s’agrippe au sol avec ses énormes roues. L’équilibre naturellement neutre permet de jouer de l’accélérateur pour faire dériver l’arrière, à la condition de débrancher au préalable le contrôle de stabilité électronique.

Plus agréable à vivre, plus fiable (elle reprend des solutions techniques éprouvées) et assurément plus sportive que sa devancière, la nouvelle XK sait nous faire apprécier les beautés du paysage.

Pourtant, gare aux routes dégradées et usées, comme celles que nous affrontons quotidiennement au Québec. Ce félin réclame un minimum de vigilance de la part du conducteur, sa puissance s’exprimant de façon musclée et spectaculaire (même si elle n’en a pas l’air sur papier). En effet, compte tenu de sa cylindrée, 300 chevaux, c’est bien peu. Surtout que côté poids, la belle est bien portante.

Charme et magie

Mais la magie opère quand même, et il y a assez de chevaux pour éprouver quelques belles sensations.

Cette Jaguar conserve un charme incomparable, c’est la grâce sur roues. Son V8 est docile. Il est certes limité en régime (6000 tours/minute, pas plus), et il engloutit ses 22 litres aux 100 km en conduite soutenue, mais totalement dans l’esprit de puissance maîtrisée que revendique la marque britannique. Et la boîte semi-automatique à six rapports se charge de relayer la puissance aux roues arrière.

Anglaise sous haute surveillance

Laissons de côté ces considérations économiques et rappelons qu’au final, l’usage intensif d’aluminium a permis une réduction appréciable du poids tout en offrant un gain important en rigidité. Par exemple, la caisse du cabriolet a été allégée de près de 20 % par rapport à l’ancienne; la rigidité a progressé d’environ 50 %. On comprend mieux pourquoi la XK enfile les courbes avec autant d’aisance, même à des vitesses inavouables.

Surprise: cette Jaguar se révèle même plus facile à conduire que l’ancienne. Aujourd’hui, une XK peut se piloter; mais si l’on se contente simplement de la conduire, on arrivera aisément au seuil d’inconfort en courbe. La capacité de cette Jaguar à digérer les virages dépasse de loin la tolérance des occupants qui apprécieront, à l’arrière surtout, d’être maintenus au fond de leur siège.

La performance est d’autant plus aisée que cette anglaise est placée sous haute surveillance: un contrôle dynamique de trajectoire veille au grain.

Des rivets et de la colle

Depuis que Ford en a fait l’acquisition, Jaguar demeure fidèle à certains égards à ce qu’a été la voiture anglaise de prestige – c’est aisément reconnaissable aux légers agacements qu’elle suscite. J’en veux pour preuve ce panneau qui, sur notre véhicule d’essai, tombait de la partie basse du tableau de bord à la moindre secousse. Si nous avions acheté la voiture, cependant, ce détail aurait sans doute été prestement corrigé.

Comme celle de la XJ, la structure de la XK est entièrement en aluminium, et assemblée à l’aide de quelque 2600 rivets et l’équivalent de 90 mètres de colle. Un procédé singulier et coûteux, mais l’exclusivité se paie, n’est-ce pas! Finalement, c’est le client qui paie. Et Jaguar, au contraire, trouve le moyen de faire des économies.

En effet, la version cabriolet n’a aucun renfort spécifique par rapport au coupé. Une similitude de structures qui permet à Jaguar de simplifier l’assemblage des deux types de carrosserie. Et pour cause, la distinction entre les deux modèles se fait assez tard sur la chaîne de montage. Mis à part le toit et la partie arrière qui recevra la capote, les pièces de carrosserie sont identiques.

L’air de la campagne glisse sur cette Jaguar. Les aiguilles des instruments oscillent, doucement, dans leur écrin de bois précieux – un peu pâle tout de même – et sur la chaîne stéréo on entend Sensualité, d’Axelle Red. L’odeur du cuir éveille un autre sens. Le volant mi-bois mi-cuir place les roues sur la trajectoire recherchée, sans qu’il soit nécessaire, comme autrefois, de s’écorcher les phalanges sur le tableau de bord.

À n’en pas douter, cette Jaguar vous transporte dans un autre monde. Celui de l’argent soit, mais aussi du raffinement, du confort et de l’originalité. Un certain art de vivre, quoi! De quoi réveiller l’épicurien qui sommeille en vous...

En échange, elle réclame l’intimité avec son conducteur, qui devra prouver son savoir-faire après avoir trouvé ses marques. Car grâce à une assise plus profonde, il est désormais possible d’adopter une position de conduite décente dans la XK, Mais l’habitabilité reste mesurée, malgré un net allongement de l’empattement par rapport au modèle précédent. Les baquets à l’arrière sont là pour être contemplés, pas occupés. Quant au coffre, une fois le toit replié, il ne peut recevoir votre sac de golf – votre cadet a-t-il une voiture?...