Il existe une sorte un malentendu autour d’Infiniti. Personne ne semble s’entendre sur la nature profonde de cette marque créée il y a plus de 30 ans déjà par Nissan. La seconde génération du QX60 ne répond pas à cette question.
Le renouvellement du QX60 a pour l’heure un seul but : faire patienter la clientèle.
Une question de lisibilité
D’ici un an ou deux, la marque de luxe de Nissan amorcera sa transformation vers le tout-électrique (voir nos encadrés à l’onglet 3) et devrait ainsi donner plus de substance et de lisibilité à sa gamme. Donc, inutile de compter sur le nouveau QX60 pour nous éclairer sur l’avenir et sur le positionnement de cette marque de luxe au sein du conglomérat Renault-Nissan-Mitsubishi.
D’ici à ce que le brouillard se lève de ce côté, Infiniti ne fait plus de mystère, depuis un bon moment déjà, sur cette seconde génération du QX60. Étroitement dérivé du Pathfinder de Nissan, le QX60 a pour objectif de cristalliser les fondations actuelles de la marque d’ici à ce qu’elle trouve le chemin du renouveau. Un modèle de transition ? En quelque sorte, oui, dans la mesure où ce modèle partage, tout comme son prédécesseur, ses principaux composants techniques avec le Pathfinder.
Cela n’a rien de répréhensible. Pratiquement tous les concurrents du QX60 masquent, eux aussi, leurs origines roturières derrière des titres de noblesse. Et chez le QX60, cela se traduit naturellement par de délicates et scintillantes fioritures pour « encadrer » les codes esthétiques de la marque. Ceux-ci enrobent une carrosserie plus courte, plus haute et plus large que la précédente. Ces proportions nouvelles ne sautent pas aux yeux autant que la carrure plus robuste que cet Infiniti étale.
Quelques retouches
Une odeur de « peinture fraîche » (au sens figuré, bien sûr) est perceptible en ouvrant les portières. Un nouveau décor à la fois plus somptueux et plus fonctionnel que par le passé. Hélas, les stylistes ont privilégié le dessin d’une élégante arabesque au tableau de bord au lieu d’intégrer plus harmonieusement l’incontournable « téléviseur » qui fait office d’écran d’infodivertissement.
Cela dit, on découvre avec plaisir un plus grand nombre de rangements à l’avant et des sièges généreusement galbés. Dans la section médiane, l’acheteur a le choix entre une banquette pleine largeur (le choix le plus logique) ou deux fauteuils individuels.
Ces derniers sont de loin les plus agréables, mais l’espace est plutôt compté dans la troisième rangée. Dès lors, voilà un véhicule plutôt énorme pour n’accueillir que quatre personnes.
L’Infiniti QX60 en bref
Fourchette de prix : de 54 995 $ à 67 995 $
Visible dans les concessions : maintenant
On aime
Retrait de la boîte CVT
Capacité de remorquage accrue
Aménagement intérieur valorisant
On aime moins
V6 à court de développements
Rouage intégral encore peu réactif
Trois rangées de sièges, mais quatre véritables places
Notre verdict
Tout ce qui brille n’est pas or
En toute franchise, ce ne serait pas la première fois que la taille d’un VUS apparaît disproportionnée dans le domaine du rapport habitabilité/encombrement.
Cela dit, la troisième rangée est plus aisément accessible qu’avant et offre désormais plus de dégagement au niveau des hanches, mais moins pour les jambes et les épaules, que la version antérieure. Toujours par rapport à cette dernière, le volume du coffre régresse aussi lorsque toutes les places sont occupées ou totalement rabattues.
Tout n’est pas perdu. Une fois la troisième rangée enfouie sous le plancher, le coffre du QX60 2022 affiche 39 L de plus que celui de son prédécesseur.
Surmonter l’écueil
Pas la peine de grimper le QX60 sur un pont élévateur. Encore moins de démonter ses roues. L’architecture est la même. Qu’à cela ne tienne, le QX60 déboulonne l’inappropriée boîte à variation continue (CVT) au profit d’une autre, classique cette fois, à neuf rapports.
Un changement salutaire, dans la mesure où cette boîte avait une incidence certaine sur la capacité de remorquage de cet utilitaire et sur les perceptions sensorielles associées généralement aux CVT. La boîte à neuf rapports corrige tout, n’a pratiquement aucune incidence dommageable sur la consommation (par rapport à une CVT, s’entend) et permet en outre de tracter quelque 450 kg de plus.
Par sa douceur, cette boîte tempère les vociférations du V6, maintenant plus discret, mais toujours friand d’hydrocarbures. Il y a pire, mais il y a mieux aussi. Face à une concurrence qui rivalise d’audace sur le plan technique, le QX60 se limite à offrir une motorisation que d’aucuns jugeront (non sans raison) obsolète pour un véhicule de ce rang.
Alors que la concurrence pratique la réduction de la cylindrée et l’électrification du moteur thermique, chez Infiniti, c’est le statu quo.
La marque limite son offre à un moteur atmosphérique qui, dans le contexte actuel, se trouvait déjà à court de développements. On lui reprochera son manque de souplesse à bas régime et sa courbe de puissance peu linéaire. Sa consommation aussi. À ce sujet, on s’explique plutôt mal cette recommandation de privilégier l’indice d’octane le plus élevé.
Même s’il n’est pas le plus avant-gardiste de la catégorie, le QX60 coche vraisemblablement toutes les cases contenues dans le cahier de charges remis à ses concepteurs. Ces derniers, contraints de faire flèche de tout bois (enfin, presque), ont réalisé un véhicule homogène, équilibré, silencieux et confortable. La direction offre un bon ressenti et permet d’inscrire le véhicule avec aplomb et assurance dans les virages. Plus encore sur une chaussée rendue glissante.
Le rouage à quatre roues motrices (de série sur l’ensemble de la gamme) s’avère plus alerte, certes, mais trop passif pour contenir les remontées de couple dans le volant ou les chutes inopinées d’adhérence. Encore une fois, certaines rivales ne font pas mieux, mais d’autres, oui.
Où sont-ils ?
À l’occasion des célébrations du trentenaire d’Infiniti en 2019, les dirigeants de la marque avaient promis trois véhicules électriques « d’ici trois ou quatre ans ». Où sont-ils ? La marque de luxe de Nissan avait alors indiqué deux berlines et un VUS. Trois véhicules qui devaient reprendre les traits des études conceptuelles Q, QX Inspiration et Qs. Cette dernière (notre photo) avait été présentée par le chef styliste de l’époque, le Montréalais Karim Abib. Celui-ci a depuis emporté ses crayons chez Kia.
50 > 60
Au Canada, le QX50 est demeuré en 2021 le véhicule le plus vendu d’Infiniti, avec 2158 exemplaires, en hausse de 13,8 % par rapport à l’année précédente. Le QX60 occupe la deuxième place, avec 1040 véhicules. Une situation compréhensible dans la mesure où Infiniti avait communiqué assez tôt le renouvellement du QX60. Plusieurs acheteurs potentiels ont préféré attendre la nouvelle mouture. Pour mémoire, le QX60 talonnait de beaucoup plus près le QX50. Au cours de l’année 2020, l’écart n’était que de 64 véhicules vendus entre les deux modèles.
Faites-nous part de votre expérience
La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : Acura RDX, Kia EV6, Lexus ES, Subaru Forester, Volkswagen Jetta (GLi) et Toyota 4Runner. Si vous possédez l’un de ces véhicules ou en attendez la livraison, nous aimerions bien vous lire.
Fiche technique de l’Infiniti QX60
Moteur
V6 DACT 3,5 L
295 ch à 6400 tr/min
270 lb-pi de couple à 4800 tr/min
Performances
Poids : 2097 kg
Garde au sol : 170 mm
Capacité de remorquage : 2721,5 kg
Boîte de vitesses
De série : automatique à neuf rapports
Optionnelle : aucune
Mode d’entraînement : rouage intégral
Pneus
255/60R18
255/50R20
Capacité du réservoir
70 L
Essence recommandée
Super
Consommation
11,6 L/100 km
Dimension
Empattement : 2900 mm
Longueur : 5033 mm
Hauteur : 1770 mm
Largeur : 2185 mm (rétroviseurs extérieurs inclus)