Le soleil se fiche éperdument des performances de votre cabriolet. Le vent aussi d'ailleurs. Le chaud de l'été, la douceur de la brise ou l'odeur d'une pelouse fraîchement coupée éveillent les mêmes sens; que vous occupiez le fauteuil d'une Smart Fortwo Cabriolet de 20 000 $ ou celui d'une Mercedes SLK vendue trois fois plus cher. Pourquoi payer davantage alors? Pour la technologie? Pour l'agrément de conduite? Pour la sécurité? Oui, d'accord, mais soyez prévenu: vous ne bronzerez pas plus rapidement...

Depuis sa naissance, il y a 15 ans, la SLK a grandement contribué à rendre les cabriolets plus performants. Son toit métallique rétractable a fait école aussi bien chez les constructeurs généralistes (Chrysler, Volkswagen) que chez les spécialistes (BMW, Ferrari). Imaginez un peu: un cabriolet qui se transforme en coupé dès que les conditions climatiques se détériorent et offre une bien meilleure résistance aux lames des vandales que le chapeau en toile.

Pour rendre l'offre plus alléchante encore et se détacher de la concurrence, Mercedes profite du renouvellement de ce modèle pour introduire un toit rétractable en verre qui s'éclaircit ou s'obscurcit sur la simple pression d'un bouton. Chouette peut-être, mais totalement inutile. Baptisé Magic Sky Control, ce toit pèse 3 kilogrammes de plus que le toit en tôle, offert de série, et allège votre compte en banque de quelque 3000 huards. Non, merci!

En revanche, l'autre «innovation» proposée par Mercedes paraît moins fantaisiste. Il s'agit de l'Airguide - nouveau terme pour désigner le traditionnel coupe-vent - qui permet au conducteur et à son passager de préserver ou saccager sa mise en plis en modulant le flux d'air qu'il reçoit, une fois le toit baissé. Offert moyennant quelque 500 $, ce coupe-vent hi-tech se compose de deux panneaux en plastique transparents et pivotants, fixés au dos des arceaux de sécurité. Par rapport à la concurrence, ce dispositif a l'avantage de ne pas devoir être monté ni démonté.

Soubassement connu

Ces innovations - et quelques autres que nous découvrirons plus loin - s'enveloppent d'une carrosserie évoquant celle d'une SLS AMG, voire d'une 300 SL des années 50. Un curieux mélange. Les proportions demeurent les mêmes: long capot et arrière tronqué. Un vrai roadster. Normal, le soubassement demeure identique à celui de l'ancienne. Enfin presque.

Le châssis gagne en rigidité - pourtant exceptionnelle déjà -, mais gagne du poids. Pour le masquer, l'aluminium façonne désormais le capot et les ailes, mais en vain. Ce nouveau modèle pèse 50 kilogrammes de plus.

Cette spirale inflationniste touche uniquement la SLK 350 et son puissant V6 de 3,5 litres. En optant pour la SLK 250 - offerte à l'automne -, l'acheteur éventuel pourra non seulement retrancher 41 kilos au poids du véhicule, mais aussi distancer ses arrêts à la pompe. Par quel miracle, dites-vous? Soulevez le capot et dites bonjour au moteur quatre cylindres suralimenté par turbocompresseur. D'une cylindrée de 1,8 litre, cette mécanique représente l'une des nombreuses iniatives mises de l'avant par le constructeur allemand pour réduire la consommation de ses véhicules.

Mais revenons à la SLK 350, qui fait l'objet de ce banc d'essai. Son immense cache-moteur ne laisse pas deviner que ce V6 (nom de code M276) a, hormis la cylindrée et la puissance, rien à voir avec le V6 chargé de propulser ce biplace. Sceptique? Jetez un oeil à l'angle entre les bancs de cylindres. Le nouveau V6 est de 60o; l'ancien, de 90o.

Photo: Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Il manque quelque chose

Visiblement, l'économie d'essence était au coeur des préoccupations, mais seuls les Européens auront le privilège d'en tirer tous les avantages. En effet, sur le Vieux Continent, la SLK 350 bénéficie d'un dispositif de coupure automatique à l'arrêt, mieux connu sous le nom de Start&Go. Eh bien, celui-ci ne sera pas monté sur les SLK nord-américaines!

Raison invoquée? Les impuretés contenues dans l'essence vendue ici. Pardon? Comment expliquer alors que d'autres modèles - et pas seulement des hybrides - proposent ce système au pays? Pour une marque qui se bombe le torse d'offrir 150 ans d'innovations technologiques, l'argument ne tient pas.

Cela dit, ce moteur comporte néanmoins toutes les autres avancées techniques de la marque allemande et consomme 10% moins de carburant par rapport au V6 qu'il remplace. Tonique, musical et mieux «balancé», si vous voyez ce que je veux dire, ce 3,5-litres ne s'exprime sportivement que lorsque l'aiguille du compte-tours fracasse la barre des 5000 tours-minute. Vite, saisissez l'occasion, la zone rouge débute déjà à 6250 tours-minute. Mais la SLK 350 n'est pas une machine de vitesse. Elle peut très bien jouer les sprinteuses, mais sa boîte semi-automatique à sept rapports a la fâcheuse tendance à lui délacer les espadrilles.

Elle offre trois modes: Économie, Sport ou Manuel. Aucun de ces modes ne donne entièrement satisfaction. Trop molle en Économie, trop radical en Sport, reste plus que Manuel et faire des pichenettes sur les palettes au volant. À quand un mode Normal?

Sur les routes, parfois très tortueuses, de Ténérife, la SLK se manie avec aisance. Ses aides électroniques - nombreuses - veillent à votre sécurité. La direction guide précisément les roues avant et les pertes de motricité dans les virages serrés sont immédiatement happées par l'antipatinage et le correcteur de stabilité électronique. La SLK 350 offre même un dispositif - ah! l'électronique -, le Torque Vectoring Brake, qui freine la roue arrière intérieure en virage dans le but d'améliorer la maniabilité. Malgré tous ces ajouts et la présence - sans frais - du groupe AMG (roues de 18 pouces et groupe Dynamique), cette Mercedes offre un comportement plus placide que ses conccurentes d'Audi (TT), BMW (Z4) ou encore Porsche (Boxster).

Son châssis est raccordé à des suspensions fermes qui contiennent admirablement les mouvements de caisse.

La SLK vire plat, répond instantanément et brillamment aux moindres désirs de son pilote. En un mot, elle est rassurante en diable, efficace à tous points de vue. Même les nids-de-poule ne lui font pas perdre de sa superbe, ils vont seulement la (et vous) secouer.

Photo: Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Pour toi et moi

L'habitacle pour deux est accueillant; il y a plus d'espace au niveau des coudes. Les baquets sont confortables et enveloppants. On ne se sent pas aussi coincé qu'à bord d'une TT ou d'une Z4. La position de conduite est sans reproche. Vous êtes bien dans une Mercedes, une vraie. La qualité de la fabrication et des matériaux atteste d'un souci très «stuggartois» du détail. Rien à redire sur l'ergonomie des commandes. Le bloc d'instrumentation est clair et lisible

La SLK demande peu de temps pour se découvrir. Rien de plus simple. Sans déverrouillage, pince-doigts ou casse-ongles, ni sécurité fastidieuse. Il suffit d'appuyer sur un unique bouton - ici, près de l'accoudoir central - et quelque 20 secondes plus tard, le toit a filé à l'anglaise ou à l'allemande, c'est selon. Hélas, contrairement à plusieurs cabriolets dotés d'une capote en toile, cette Mercedes doit se trouver à l'arrêt complet pour exposer ou voiler ses occupants du monde extérieur. Enfin, le coffre, à double fond, nous incite à voyager léger, surtout si le toit s'y trouve. Vous pouvez toujours asseoir votre sac de golf à côté de vous, non?

Donc vous ne bronzerez pas plus vite, vous paierez plus cher, mais vous aurez entre les mains un cabriolet qui vous fera bien paraître, vous gardera sur la route et vous fera croire avec son toit en verre ou en métal que l'été n'est plus une saison.

Les frais de transport et d'hébergement pour la réalisation de ce reportage ont été payés par Mercedes-Benz du Canada.

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NOUS AIMONS

> Rigidité rassurante

> Finition améliorée

> Une SL en réduction

NOUS AIMONS MOINS

> Boîte 7 rapports peu réactive

> Poids à la hausse

> Innovations sans intérêt

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CE QU'IL FAUT RETENIR

Fourchette de prix : 63 500 $ (prix version 2011)

Frais de transport et préparation : 650 $ (préparation en sus)

Version essayée : SLK 350

Garantie de base : 48 mois/80 000 km

Consommation obtenue dans le cadre de l'essai : 11,3 L/100 km

Dans les concessions : Ce mois-ci (SLK 350), novembre 2011 (SLK 250 et SLK 55 AMG)

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SURVOL TECHNIQUE

Moteur : V6 DACT 3,5 litres - atmosphérique

Puissance : 302 ch à 6500 tr/min

Couple : 273 lb-pi de 3500 à 5250 tr/min

Poids : 1540 kg

Rapport poids-puissance : 5,09 kg/ch

Mode : Propulsion (roues arrière motrices)

Transmission de série : Semi-automatique 7 rapports

Transmission optionnelle : Aucune

Direction/Diamètre de braquage : Crémaillère/10,5 mètres

Freins : Disque/Disque

Pneus : 225/40R18 - 245/35R18

Capacité du réservoir/essence recommandée : 60 litres/Super

Photo: Éric LeFrançois, collaboration spéciale