La TSX, deuxième du nom, perd l'originalité de la première au profit, de l'aveu de ses concepteurs, d'une large gamme propre à intéresser une plus grande frange de la population. Bref, cette TSX veut plaire à tout le monde et, du coup, rentre dans le rang. Ce faisant, elle remplit avec plus ou moins de succès sa mission initiale, c'est-à-dire susciter la convoitise des consommateurs désireux d'obtenir plus que «quatre roues et un volant».

Version «acuraïsée» de la Honda Accord européenne, cette TSX accueille toujours sous son capot un quatre-cylindres de 2,4 litres, qui délivre quatre chevaux de moins que la mouture précédente. Voilà - enfin - une exception dans la surenchère de puissance qui a actuellement cours dans l'industrie. Autre bonne nouvelle, elle consomme légèrement moins aussi (0,25 L/100 km), mais carbure toujours au super.La ligne extérieure, classique et trop massive, déçoit un peu. Plus enveloppée que la version précédente, cette deuxième mouture a forci de partout sauf en hauteur (-16 mm). Elle repose sur un châssis à l'empattement plus généreux et aux voies plus larges. Cela ne lui attribue pas une habitabilité record mais lui permet d'être conforme aux normes de sécurité actuelles. En fait, les gains les plus marquants s'observent à l'avant plus qu'à l'arrière, où seul le dégagement pour les jambes a été sensiblement accru (+4 mm). La vraie déception se trouve dans le coffre, dont le volume utilitaire a diminué de 17 litres.

Refermons le couvercle du coffre et prenons place au volant. À bord, on apprécie immédiatement la qualité de fabrication irréprochable, le soin apporté aux détails. On se désole néanmoins que les stylistes n'aient fait que du conventionnel, une fois de plus. Cette déception chassée, ayons le plaisir de découvrir une position de conduite irréprochable, des baquets joliment sculptés et une instrumentation à la fois complète et facile à consulter. «Tous ces boutons me transforment en comptable», avait dit Saint-Exupéry en découvrant le poste de pilotage de son P 38 Lightning. Le pilote d'une TSX sera lui aussi au début impressionné par la quantité de commandes à sa disposition. Mais, hormis certaines commandes audio, toutes sont correctement placées et se manipulent très agréablement.

On se sent bien, à l'aise, mais aussi... moins riche, puisque Acura nous fait cette fois payer la note pour réaliser notre petit bonheur. Trois livrées enrichissent désormais la gamme: Base, Premium et Technology Package. Cela indique qu'il y a place à la personnalisation, mais aussi à un grand écart d'équipements et de prix. Bien que le modèle de base (32 900$) s'offre à bien meilleur prix que l'an dernier (36 200$), l'explication ne tient pas à la vigueur retrouvée de notre monnaie. L'explication, la vraie, saute aux yeux en parcourant le catalogue des accessoires. Le changeur de disques a disparu, tout comme la sellerie de cuir et les phares au xénon. Pour les réunir tous et obtenir en prime une boussole, il faut opter pour la version Technology Package (39 000$) ou la Premium (36 200$), à la condition, dans ce cas, d'oublier le changeur de disques compact.

Comme c'est souvent le cas chez Honda (pardon, Acura), la mécanique séduit par son brio et sa souplesse. Le quatre-cylindres de 2,4 litres donne envie de faire grimper l'aiguille du compte-tours, laquelle ne demande que cela. Tant mieux puisque, sous les 3000 tours/minute, ce moteur peine à se relancer, forçant ainsi son pilote à rétrograder d'un rapport ou deux pour maintenir le rythme.

Par chance, le levier de la transmission manuelle à six rapports se laisse guider avec beaucoup d'aisance. Qu'à cela ne tienne, nous lui préférons la transmission semi-automatique, (offerte moyennant un supplément de 1300$), qui non seulement entretient des rapports harmonieux avec le moteur, mais profite également d'une gestion électronique qui lisse mieux la faiblesse de couple de ce moteur. Et pour ajouter au bonheur, les commandes de sélection ont été dupliquées au volant.

Sur le plan dynamique, la TSX se pète les bretelles, et avec raison: son châssis est habilement réglé. Sain, équilibré, prévisible: autant de qualificatifs qui collent au comportement routier de cette Acura. En revanche, elle nous a paru moins agile que sa devancière, plus pataude, plus bourgeoise aussi. De plus, on se demande encore pourquoi Acura refuse de lui accoler un rouage intégral, même en option.

Si elle ne demande qu'à être amenée à bonne allure, cette berline se garde bien de nous faire vivre pleinement les sensations qui vont avec. Mais peut-on véritablement dire qu'il s'agit là d'un défaut, dans la mesure où la tendance actuelle dans ce segment est aux berlines hyperassistées, plus faciles à conduire? Dans ce domaine, le dispositif de stabilité électronique fait de l'excellent travail et chaque intervention se fait avec souplesse et rapidité. Pour plus d'émotions, il est toujours possible de mettre cet «ange gardien» hors d'usage en appuyant sur une touche au tableau de bord. Ce faisant, peut-être allez-vous réaliser que les pneumatiques manquent un peu de «velcro» pour accrocher la TSX au bitume dans les virages rapides. D'ailleurs, même si sa direction permet de ciseler les virages avec précision, elle ne transmet guère d'information qui permettrait de bien sentir l'adhérence. Par contre, la TSX vous invite parfois à vous y reprendre pour la garer en raison de son rayon de braquage plus grand que plusieurs de ses concurrentes.

Le freinage, par ailleurs, ne s'est pas révélé être un point fort de la TSX au cours de cet essai. Bien qu'assuré par des disques, le freinage manque de mordant et perd son efficacité lorsqu'il est fortement sollicité.

Au fil des ans, Honda a construit sa réputation sur une originalité qui faisait défaut aux autres constructeurs japonais. Il fabrique toujours de bons véhicules, souvent astucieux, mais ne sait plus les rendre aussi craquants. À moins qu'une TSX à moteur diesel (attendue l'an prochain) lui apporte la plus-value qui lui fait aujourd'hui tant défaut? Chose certaine, si votre coeur bat pour elle, ménagez votre porte-monnaie et optez pour la livrée de base.