Une proportion dérisoire de deux pour cent des automobilistes feront le saut vers les véhicules électriques d'ici la fin de la prochaine décennie, tandis qu'une vaste majorité de consommateurs demeureront fidèles aux voitures et camions à essence, affirme le chef de la direction de Ford du Canada, David Mondragon.

En 2020, les moteurs à combustion interne traditionnels représenteront quelque 75 pour cent de la demande mondiale, et les hybrides, de 20 à 25 pour cent, de sorte que les véhicules électriques seront à peine moins rares qu'ils ne le sont actuellement, a indiqué jeudi M. Mondragon, lors d'un déjeuner d'affaires dans un hôtel du centre-ville de Toronto.

Les véhicules électriques réclament un changement des habitudes des automobilistes, a expliqué le dirigeant de Ford du Canada, expliquant qu'il était nécessaire de recharger la batterie chaque jour et de prévoir à l'avance la longueur des déplacements.

Les automobilistes pourraient opter pour des véhicules de plus petite taille, moins gourmands en carburant, en cas de hausses des prix de l'essence, mais il existe encore de sérieux obstacles au passage aux véhicules électriques, a indiqué M. Mondragon.

Entre autres choses, selon lui, les cours du pétrole devraient augmenter et se maintenir à un niveau d'entre 120 $ US et 140 $ US le baril, contre 70 $ US en ce moment, avant qu'augmente l'intérêt des consommateurs pour les véhicules électriques.

De plus, les batteries destinées aux véhicules électriques sont actuellement beaucoup plus coûteuses que celles des automobiles et camions à essence.

Enfin, les véhicules électriques auront pour effet de faire augmenter la consommation d'électricité de leurs propriétaires, a affirmé M. Mondragon.

«À cause de ces défis, nous sommes encore très loin d'un système de transport sans essence», a-t-il déclaré.

Quoi qu'il en soit, Ford a investi 1 milliard $ dans les véhicules électriques et a l'intention de mettre en marché cinq modèles utilisant l'électricité, incluant des hybrides, d'ici 2012.

D'autres constructeurs, parmi lesquels General Motors, Nissan, Toyota et Mitsubishi, ont également l'intention de lancer des véhicules électriques dans un délai de deux ans, ce qui permettra aux Canadiens d'avoir largement accès à ce moyen de transport plus vert.

Actuellement, seules de petites compagnies comme Tesla Motors vendent au pays des véhicules ne produisant aucune émission de gaz à effet de serre.

Parallèlement, les primes proposées aux consommateurs par les concessionnaires et les prix peu élevés de l'essence ont permis aux ventes de véhicules à forte consommation de carburant de dépasser celles des voitures moins gourmandes. Il s'agit d'une tendance susceptible de se poursuivre en 2011, mais qui ne pourra durer à long terme, a indiqué M. Mondragon.

«Nous savons qu'alimenter la demande de façon artificielle au moyen de primes élevées ne constitue pas la voie à suivre. Nous savons que nous ne pouvons nous permettre d'avoir une telle vision à court terme», a-t-il affirmé.

En août, les camions ont représenté 55 pour cent des ventes de l'industrie, soit une hausse de 10 pour cent par rapport aux statistiques enregistrées au pire moment de la dernière poussée des cours du pétrole et de la récession, en 2008, alors que les ventes de voitures étaient majoritaires.