Dominé par les belles Américaines des années 50 et les antiques Lada de l'ère soviétique, le parc automobile cubain se prépare à une cure de jouvence avec l'autorisation d'importation de véhicules annoncée jeudi par le régime communiste.

L'importation de véhicules par des particuliers était interdite depuis le début des années 60, à de rares exceptions près, ce qui a créé à Cuba un curieux paysage automobile où se côtoient les Américaines des années 50, les Lada et Moskovich importées d'URSS dans les années 70 et 80 et les véhicules modernes, souvent asiatiques, importés par l'État.

En l'absence de tout chiffre officiel sur le parc automobile cubain, les spécialistes estiment à environ 60 000 le nombre de voitures américaines qui circulent dans l'île. Et à un nombre équivalent chacune des deux autres catégories.

Si les Cadillac, Chrysler et autres Oldsmobile décapotables paraissant flambant neuves font le bonheur des touristes, la très grande majorité des vieilles Américaines, baptisées «almendrones» (amandes) par les Cubains, servent de taxis collectifs.

L'importation de véhicules, désormais autorisée, aura un impact sur le parc automobile, mais celui-ci dépendra largement des conditions d'importation, que les autorités cubaines n'ont pas encore précisées.

Mesures d'assouplissement économique

Cette nouvelle mesure s'ajoute à celles adoptées depuis trois ans par le régime communiste du président Raul Castro, qui introduit des doses d'économie de marché dans un système économique à bout de souffle hérité de l'ère soviétique.

La dernière réforme en date, mise en place il y a deux ans, permettait aux Cubains les transactions libres de voitures entre particuliers. Par contre, l'achat de voitures neuves ou usagées auprès des concessionnaires - tous contrôlés par l'État - nécessitait jusqu'à maintenant l'autorisation du gouvernement. Avant septembre 2011, seules les automobiles qui roulaient déjà à Cuba avant la révolution de 1959 pouvaient être vendues ou achetées librement.

Le conseil des ministres a ainsi approuvé «de nouvelles normes encadrant l'importation et la commercialisation de véhicules à moteur» qui seront «publiées dans les prochains jours au Journal Officiel», a annoncé jeudi le très officiel quotidien du Parti communiste de Cuba (PCC), Granma.

Selon le quotidien, sera désormais autorisée la vente au détail de motos, voitures, fourgonnettes, camionnettes et minibus importés, neufs ou d'occasion, pour les Cubains et les étrangers résidents dans l'île communiste, ainsi que pour les organisations étrangères ou diplomatiques, avec des prix qui devront être «similaires à ceux pratiqués sur le marché» d'achat-vente entre particuliers.

Cela implique une taxe d'importation qui risque d'être élevée si le prix des véhicules importés doit s'aligner sur ceux du marché cubain. Car en raison de l'étroitesse de ce marché, les prix des voitures à Cuba ont atteint des sommets inimaginables. Une simple Lada en bon état de marche coûte environ 12 000$, à peu près l'équivalent d'une Ford 1957 qui fait le taxi depuis des décennies. Une rutilante Cadillac décapotable qui promène les touristes sur le Malecon, le front de mer de La Havane, peut coûter jusqu'à 80 000$, voire plus si elle fait partie des automobiles de collection qui s'affichent occasionnellement dans des expositions.

Avec un salaire mensuel moyen de 20$, la voiture reste un rêve pour la grande majorité des Cubains.

Et c'est pour cette raison que le gouvernement entend profiter de ces éventuels revenus d'importation pour améliorer un réseau de transports en commun notoirement essoufflé, insuffisant et source de tracas quotidien pour les Cubains.

Selon Granma, la libéralisation des importations de véhicules s'effectuera «de manière graduelle» et le produit de ces ventes permettra la création d'un «fonds spécial pour le développement du transport public».