Il y avait The Wire, The Sopranos. À leurs côtés, au panthéon des séries qui n'ont pas connu de faiblesses en cours de route, il y aura désormais aussi Breaking Bad.

L'oeuvre très noire, créée par Vince Gilligan et portée jusqu'à son dernier souffle par les formidables Bryan Cranston et Aaron Paul, a en effet tenu ses promesses du début à la finale, violente et déchirante. Qui aurait pu être différente (plusieurs scénarios avaient été envisagés et étaient plausibles), mais qui est sans concession, à la hauteur et dans la tonalité de tout ce qui la précède. Excellente, donc - même si celle de Six Feet Under, série de très haut niveau, mais qui a connu des périodes de mollesse, demeure la plus parfaite.

Bref, le destin de Walter White, humble professeur de chimie devenu fabricant et vendeur de méthamphétamine par... la force des choses (atteint du cancer, il ne veut pas laisser sa famille sans le sou - la critique de la société américaine est implacable dans cette façon sarcastique et acide de se faire par l'absurde), se boucle ici, dans ces huit épisodes (en anglais avec sous-titres français) qui forment la sixième saison ou la deuxième partie de la cinquième.

La cinématographie en est aussi somptueuse qu'à l'accoutumée. L'écriture, aussi incroyablement juste. Le rythme, aussi lent. Le drame, aussi lourd et sourd. L'atmosphère, aussi «claustrophobisante». Les émotions, aussi troubles. Le portrait de la nature humaine, aussi dérangeant. Cette noirceur est pesante. Et poignante. Laissant le spectateur déchiré devant un antihéros aussi tordu et condamnable, mais dont on ne peut s'empêcher d'espérer la rédemption... tout en ne la voulant pas, car cela ne cadrerait pas avec la psychologie du personnage. Sauf que le coeur a ses raisons...

Pour tout cela, Breaking Bad se consomme en mini-rafales. Deux épisodes, peut-être trois, à la fois. Pas plus. Trop intense.

Les suppléments

À noter, parmi les nombreux et très intéressants suppléments, un incontournable inspiré par cette boutade voulant que la série soit en quelque sorte un prequel de Malcolm in the Middle, qui a fait connaître Bryan Cranston. On n'en dit pas plus, mais rires assurés dans ces quelques minutes intitulées Alternate Ending, expliquées et analysées dans Behind the Scenes of the Alternate Ending. Un excellent moyen d'évacuer le trop-plein de tension après la véritable finale.

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BREAKING BAD - THE FINAL SEASON. CRÉÉE PAR VINCE GILLIGAN. AVEC BRYAN CRANSTON, AARON PAUL, ANNA GUNN, DEAN NORRIS, BETSY BRANDT. SORTIE: 24 novembre