Après avoir tout gagné à 100 génies, Félix Tétreault pourrait avoir la tête enflée. Certains l’ont en sortant d’Occupation double. Mais l’adolescent de 17 ans est rempli d’humilité.

Rencontré au Collège Durocher, l’école secondaire privée qu’il fréquente à Saint-Lambert, Félix persiste à dire qu’il est « un ado ben normal » qui aime voir ses amis et jouer aux jeux vidéo, mais quiconque regarde l’émission 100 génies sait qu’il s’agit d’un portrait fort incomplet.

Cet automne, malgré un nouveau règlement qui exige qu’une équipe soit démantelée et recalée après trois victoires consécutives, Félix est toujours parvenu à retourner dans l’arène. Ses succès au quiz réservé aux jeunes de 14 à 17 ans ne datent pas d’hier. Dès son premier passage, en 2020, il s’est imposé. L’an dernier, son temps d’antenne devait rivaliser avec celui de l’animateur Pierre-Yves Lord tellement il dégainait des bonnes réponses à vitesse grand V.

En trois saisons, ses gains frôlent les 13 000 $ en bourses d’études. « Quand je me suis inscrit, je voulais juste m’amuser. Mon but, ce n’était pas nécessairement de gagner, mais c’est arrivé », résume-t-il avec modestie.

Regardez un extrait de la participation de Félix Tétreault à 100 génies

Ti-Joe Connaissant

Fils de parents psychologues, Félix Tétreault a grandi entouré de livres et d’atlas, qu’il a commencé à demander en cadeau aussitôt qu’il s’est mis à lire, vers l’âge de 3 ans. Il est toujours partant pour une partie de Docte-Rat, Ti-Joe Connaissant, Quelques arpents de pièges ou n’importe quel autre jeu de société susceptible de stimuler son intellect.

Dans ses temps libres, il écrit un livre, un recueil de portraits de femmes marquantes de l’histoire. Les vendredis après-midi, il fait du bénévolat auprès de personnes âgées.

À l’école, il aime particulièrement la géographie, les arts et l’histoire, mais comme le public de 100 génies l’a constaté, ses connaissances dépassent largement ces trois matières. Politique, physique, langues… Il maîtrise une variété impressionnante de sujets, y compris les mini-quiz musicaux qu’organise Bruno Chartrand, son professeur de Monde contemporain. « Il connaît toutes les chansons, peu importe la décennie, nous indique l’enseignant. Je suis toujours obligé de changer Félix d’équipe. C’est une petite bible musicale. C’est comme un running gag en classe : si personne n’a la réponse, Félix va probablement l’avoir. »

Félix, ce n’est pas quelqu’un qui veut apprendre uniquement pour répondre aux questions, se valoriser auprès des autres et gagner des points ; c’est quelqu’un qui veut apprendre pour s’émanciper, pour satisfaire sa curiosité.

Bruno Chartrand, professeur

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Félix Tétreault

Bruno Chartrand n’est pas l’unique enseignant qui couvre Félix d’éloges. Son ancien professeur de mathématiques Alexandre Thibodeau le qualifie d’« étudiant idéal », impliqué, autonome et courtois. « Félix se donne à fond dans tout. Il aurait été capable de tout apprendre tout seul. Il n’avait pas vraiment besoin de moi, mais en classe, il participait. »

Ceux qui ont toujours dû trimer dur pour obtenir des résultats décents à l’école n’apprécieront probablement pas d’apprendre que Félix n’a jamais eu besoin d’étudier pour briller. À 100 génies, il a déjà trouvé la réponse à une question nichée sur un poème d’Edgar Allan Poe parce qu’il s’était rappelé qu’un épisode des Simpson, sa série préférée, l’avait mentionné. « Je pense que j’ai une mémoire photographique. Quand je vois quelque chose, je sais que je vais m’en souvenir pour l’examen. J’apprends facilement. »

À bas les préjugés

Félix Tétreault se réjouit du succès de 100 génies, qui rallie 367 000 téléspectateurs chaque jeudi soir sur ICI Télé. Il estime que l’émission bouscule les préjugés négatifs entourant Génies en herbe, ces compétitions auxquelles de nombreux premiers de classe – comme lui – participent régulièrement. Préjugés jadis cristallisés par Rock et belles oreilles. Car évidemment, bien qu’il soit un pur produit des années 2000, Félix Tétreault connaît ce sketch de 1986 dans lequel les cancres de Saint-Jean-de-Bosco se mesuraient aux nerds coincés du collège Entrailles-les-Oies. On peut même lancer « Bo Derek ! » sans qu’il nous regarde en sourcillant.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DU SITE DE RADIO-CANADA

Félix Tétreault (à droite) avec deux des coéquipiers avec lesquels il a joué cet automne.

« J’ai la référence ! », signale-t-il en souriant.

On est juste des ados curieux. On aime apprendre. On joue en testant nos connaissances. C’est tout.

Félix Tétreault

Parlant de Génies en herbe, Félix ne passe évidemment pas inaperçu lorsqu’il participe aux rencontres. Des mères l’approchent fréquemment pour qu’il prenne une photo avec leur fils. « Des fois, j’oublie que je passe à la télé. Je suis tout le temps étonné quand des gens prennent le temps de venir me voir. »

Félix ne sait pas encore ce qu’il veut faire plus tard. Il espère trouver une profession qui comblera deux ou trois passions. Entre-temps, il s’inscrira au cégep en sciences de la nature, histoire de garder ses options ouvertes. « Je suis intéressé par tellement d’affaires, c’est difficile de faire un choix. Mais c’est un beau problème à avoir, je suppose. »

ICI Télé présente 100 génies, le jeudi, à 20 h. La dernière sera diffusée le 8 décembre.