Succession, Ted Lasso et The White Lotus sont sortis gagnants des 74es Primetime Emmy Awards lundi soir. Voici ce que nous avons retenu du gala, qui récompense le meilleur du petit écran.

Séries dramatiques

Le suspense est demeuré entier jusqu’à 23 h, mais au final, Succession a été couronnée meilleure série dramatique. Alors que plusieurs croyaient que Squid Game (en français, Le jeu du calmar) allait marquer l’histoire en devenant la première production en langue étrangère (non anglophone) à remporter le prestigieux trophée, la grinçante saga familiale de HBO s’est finalement imposée. Ce prix est venu s’ajouter aux deux autres gagnés plus tôt en soirée : meilleur acteur de soutien (Matthew Macfayden) et meilleurs textes. Puisqu’on est habitué de voir leurs personnages comploter et s’entredéchirer à l’écran, on n’a pas pu s’empêcher de sourire en voyant les acteurs de Succession s’entrelacer chaleureusement chaque fois qu’un des leurs triomphait.

Pour sa part, Squid Game n’est pas repartie les mains vides. La populaire série sud-coréenne de Netflix, dans laquelle des marginaux surendettés s’entretuent au cours d’une étrange compétition composée de jeux d’enfants pervertis, dans l’espoir de remporter des millions de dollars, a recueilli deux Emmy : meilleure réalisation et meilleur acteur (Lee Jung-jæ).

Pour une deuxième fois, Zendaya a été sacrée meilleure actrice pour son portrait d’une adolescente toxicomane dans Euphoria, et Julia Garner (Ozark) s’est illustrée du côté des actrices de soutien.

Comédies

Chez les comédies, Ted Lasso a répété son exploit de l’an dernier en remportant la majorité des prix. La série d’Apple TV+, qui brosse le portrait d’un entraîneur de football américain qui devient coach de soccer au Royaume-Uni, a récolté quatre statuettes dorées : meilleure comédie, meilleure réalisation, meilleur acteur (Jason Sudekis) et meilleur acteur de soutien (Brett Goldstein).

La lutte a été serrée. Ted Lasso a devancé au fil d’arrivée Abbott Elementary, un documenteur dont l’action se déroule dans une école majoritairement noire de Philadelphie. En plus de rafler la palme des meilleurs textes, la série a permis à Sheryl Lee Ralph d’être élue meilleure actrice de soutien. Au Canada, la première saison d’Abbott Elementary est offerte sur Disney+. La deuxième saison sera présentée sur Global.

Pour une deuxième année consécutive, Jean Smart a été nommée meilleure actrice comique pour Hacks.

Miniséries

Comme prévu, The White Lotus (en français, Le lotus blanc) a dominé le volet réservé aux miniséries, téléfilms et séries d’anthologie. L’offrande de Mike White, qui relate le séjour hautement imprévisible d’un groupe de riches vacanciers dans une station balnéaire hawaïenne, a gagné cinq Emmy : meilleure minisérie, meilleure réalisation, meilleurs textes, meilleure actrice de soutien (Jennifer Coolidge) et meilleur acteur de soutien (Murray Bartlett).

The White Lotus (qu’on peut regarder au Québec sur Crave) a poursuivi une séquence victorieuse entamée la semaine dernière aux Creative Arts Emmy, rendez-vous au cours duquel le compositeur québécois Cristobal Tapia de Veer a récolté deux prix pour avoir signé le thème musical et l’ambiance sonore du drame de HBO. Une deuxième saison est attendue en octobre.

Ailleurs, Amanda Seyfried (The Dropout) et Michael Keaton (Dopesick) ont été couronnés meilleure actrice et meilleur acteur.

Un gala post-pandémie

Les 74es Primetime Emmy Awards étaient animés par Kenan Thompson, un vétéran de l’émission Saturday Night Live. L’acteur et humoriste a ouvert la soirée en proposant un numéro de danse à grand déploiement sur quelques-unes des chansons-thèmes les plus populaires de l’histoire du petit écran, comme celles de Friends, The Brady Bunch, Law and Order, Stranger Things et Game of Thrones.

Kenan Thompson a piloté la cérémonie dans un Microsoft Theater plein à craquer où régnait une ambiance de fête. La différence était frappante par rapport aux éditions 2020 et 2021, tenues en formule intimiste en raison d’une certaine pandémie de COVID-19.

C’était à prévoir, Jean-Marc Vallée s’est taillé une place au sein du segment in memoriam, qui visait à saluer la mémoire des artisans du petit écran ayant rendu l’âme durant la dernière année. La photo du réalisateur des séries Big Little Lies et Sharp Objects, décédé le 25 décembre 2021 d’un malaise cardiaque, est apparue sur l’écran géant pendant que John Legend jouait du piano. Betty White, Bob Saget et Ray Liotta ont également fait partie des grosses pointures honorées durant l’extrait.

Des remerciements qui défilent

Pour écourter les discours et s’assurer que l’évènement maintienne une bonne vitesse de croisière, les organisateurs avaient demandé aux finalistes de transmettre – par écrit – des remerciements qui pourraient être présentés en bas d’écran advenant leur victoire. Officiellement, l’Académie voulait permettre aux gagnants de « laisser parler leur cœur sans ressentir la pression de retenir une liste de noms ». Officieusement, on devine qu’elle souhaitait nous épargner des énumérations interminables et monotones du style : « Je voudrais remercier mon agent, mon avocat, ma prof du primaire, etc. »

Dans l’ensemble, cette stratégie a fonctionné. Ironie du sort, les meilleurs remerciements sont venus d’une star qui n’avait visiblement pas reçu le mémo : Jennifer Coolidge. Perdant de précieuses secondes à dire qu’elle se sentait à l’étroit dans sa tenue parce qu’elle avait pris un bain de lavande en après-midi qui l’avait fait « gonfler », l’heureuse élue a été contrainte d’adresser ses remerciements (gribouillés sur un bout de papier chiffonné) dans l’urgence, pendant qu’en régie, on haussait, lentement mais sûrement, le volume de l’orchestre. En désespoir de cause, l’actrice a même fini par danser derrière le pied de micro !