Les innovations technologiques permettent aux biologistes de récolter des données précieuses sur les animaux sauvages. La série documentaire La faune connectée montre comment les développeurs et les chercheurs sur le terrain marchent main dans la main dans le but de mieux comprendre, entre autres, la diffusion de maladies chez la chauve-souris, le comportement des lièvres ou l’hibernation des tortues.

La récolte de données constitue une étape cruciale pour cerner les comportements des animaux dans leur habitat naturel. L’observation directe ayant ses limites, les biologistes utilisent de plus en plus de dispositifs électroniques pour suivre à distance des tortues, des loups, des orignaux, des oiseaux ou des lièvres dans différentes provinces et divers territoires du Canada. La série documentaire La faune connectée, présentée à ICI Explora, montre à quel point ces outils se révèlent précieux.

L’objectif de certaines recherches est directement lié aux changements climatiques, on s’en doute. Poser des émetteurs sur des oiseaux migrateurs, par exemple, permet de savoir s’ils modifient leur trajectoire en fonction de la disponibilité des habitats. Suivre à la trace des lièvres d’Amérique permet de voir si leur comportement change à l’automne, alors que leur pelage est devenu tout blanc, mais que les premières neiges tardent à tomber. Sont-ils conscients de leur absence de camouflage durant cette période de désynchronisation et des dangers qu’ils courent ?

IMAGE TIRÉE DE LA SÉRIE LA FAUNE CONNECTÉE

Les changements climatiques posent un défi au lièvre d’Amérique. Son pelage s’adapte à la saison et lui permet de se camoufler. Or, que se passe-t-il lorsque ses poils virent au blanc à l’automne et que la neige, elle, se fait de plus en plus attendre ?

« Les technologies utilisées se ressemblent un peu d’un épisode à l’autre, mais c’est la façon dont elles sont appliquées à chaque espèce qui est fascinante », observe François Balcaen, qui a réalisé la moitié des huit épisodes de La faune connectée (les quatre autres sont signés Christine Gosselin).

On ne traque pas une chauve-souris comme on traque un loup, en effet. Ni avec un appareil de la même taille…

La série passe beaucoup de temps sur le terrain, à marcher dans les traces des biologistes ou à les suivre au fil de l’eau. Elle transporte aussi le téléspectateur dans les laboratoires où sont développés les dispositifs qui permettent de mesurer les signes vitaux ou les déplacements des animaux. Fait intéressant : ces labos technos sont parfois dirigés par… des biologistes.

« La plupart des biologistes sont un peu des inventeurs, des patenteux, juge François Balcaen, en évoquant la débrouillardise dont il fallait faire preuve, il y a quelques dizaines d’années, pour adapter des outils technologiques pas facilement maniables à l’observation des animaux. On voit dans l’épisode sur les tortues que les scientifiques doivent faire beaucoup de tests pour trouver la bonne façon de coller un émetteur sur les carapaces. »

Précieuse collaboration

Mettre la main sur la bonne technologie GPS, par exemple, ne suffit pas. Il faut aussi trouver une façon de l’attacher de manière solide… et sûre pour l’animal. Il faut donc connaître ses habitudes, sa morphologie, voire son alimentation. D’où la collaboration précieuse de firmes spécialisées qui comprennent les enjeux de terrain. « Ce que les biologistes m’ont dit, au fil de la série, c’est que les avancées ont été spectaculaires depuis une dizaine d’années », résume François Balcaen.

La faune connectée a beau mettre en valeur l’usage fait des technologies, ce qui ressort le plus de la série documentaire, c’est le savoir-faire et la connaissance intime qu’ont les biologistes des espèces qu’ils observent et de leur habitat.

On ne peut pas scruter le comportement des lièvres sans savoir où les trouver, comment les manipuler, les nourrir et les remettre en liberté sans les affecter.

« Ce sont d’abord des biologistes, convient François Balcaen. La technologie sert à soutenir leurs recherches et à ouvrir des pistes au sujet de choses qu’ils connaissent déjà. Ce sont des gens qui ont passé des années sur le terrain, qui voient des choses que nous, comme citoyens, on ne voit pas lorsqu’on marche en forêt… »

Sur ICI Explora le mardi à compter du 28 juin, à raison de deux épisodes par soir, l’un à 20 h et l’autre à 20 h 30.