Une page d’histoire s’est tournée mercredi à Radio-Canada. Le mythique studio 42 a accueilli son tout dernier enregistrement. Un honneur réservé aux Enfants de la télé.

Épaulé par Mélanie Maynard, sa nouvelle complice, André Robitaille a piloté deux ultimes émissions dans l’imposante tour brune du boulevard René-Lévesque. En après-midi, l’animateur a reçu Micheline Lanctôt pour une émission spéciale tête d’affiche articulée autour de l’actrice et réalisatrice. Puis, en soirée, Laurence Jalbert, Guylaine Guay et Sylvain Marcel ont foulé le plateau du populaire rendez-vous avant qu’on éteigne les lumières et qu’on démonte la régie.

Le tout pendant qu’à côté, dans la nouvelle Maison de Radio-Canada, on poursuivait les préparatifs du studio A, le « successeur » du studio 42, en vue des premiers enregistrements, qui auront lieu en juillet. Stéphane Bellavance brisera la glace avec Au suivant, avant que Pierre-Yves Lord investisse les lieux avec 100 génies.

L’heure était à la nostalgie, mercredi, au studio 42, et pas seulement à cause des extraits d’archives présentés aux Enfants de la télé.

Avant le début des enregistrements, des employés de Radio-Canada, anciens et actuels, ont raconté leurs souvenirs du centre névralgique, hôte d’une multitude de galas, de téléthéâtres et d’émissions de variétés pendant 49 ans. On pense notamment aux Démons du midi avec Gilles Latulippe et Suzanne Lapointe, à Star d’un soir avec Pierre Lalonde, à L’autobus du show-business avec Jean-Pierre Ferland, à 1res fois avec Véronique Cloutier et à Tout le monde en parle avec Guy A. Lepage.

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Pierre Lalonde a animé Star d’un soir au studio 42.

Inauguré en 1973, le studio 42 était à l’époque l’un des plus grands studios de télévision en Amérique du Nord, et pouvait accueillir un public de 600 personnes.

Directeur technique chez Radio-Canada, Stéphane Désautels s’est rappelé sa participation aux débuts d’une émission marquante du célèbre local : La fureur, en 1998. « Je n’oublierai jamais les niveaux de décibels pas possibles qu’on a atteints en enregistrant les Mini-Fureur ! », a dit l’homme en rigolant.

Son prédécesseur, Pierre Beaucage, a mentionné la soirée référendaire de 1980, animée par Bernard Derome. « On était fébriles en studio. On ne savait pas ce que ça allait donner », a raconté le retraité, qui a passé plus de quatre décennies au service du diffuseur public.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Stéphane Désautels, directeur technique à Radio-Canada, Pierre Beaucage, ancien directeur technique, et François Messier, directeur général, production

Pour sa part, le directeur général, production, de Radio-Canada, François Messier, a souhaité que « les fantômes du 42 » les suivent au nouvel emplacement, un peu comme l’ont fait ceux du vieux Forum lorsque le Canadien de Montréal a élu domicile au Centre Molson en 1996.

« Quand je pense au studio 42, je pense à l’esprit de famille qu’on a créé. C’est un déménagement nostalgique. »

Un studio plus grand

Quant au studio A du 1000, avenue Papineau, il sent le neuf, comme le reste de l’immeuble tout vitré qui l’abrite, d’ailleurs. C’est du moins ce qu’on a noté durant notre visite des lieux. De forme cubique (mieux adapté au format 16:9 des téléviseurs d’aujourd’hui), sa superficie couvre 7500 pieds carrés, comparativement aux 6700 pieds carrés du studio 42 (sans les gradins). Il compte également des plafonds de 36 pieds de hauteur.

Il s’inspire de quelques studios visités par l’équipe de Radio-Canada à l’étranger, dont celui du diffuseur public britannique, la BBC.

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Le studio A dans la nouvelle Maison de Radio-Canada

Pourquoi avoir délaissé l’appellation studio 42 ? « L’idée, c’était de créer quelque chose de nouveau, a répondu François Messier. On voulait marquer un nouveau départ. »

Le studio A accueillera sa toute première émission diffusée en direct en septembre, quand Guy A. Lepage lancera la 19e saison de Tout le monde en parle.

Nouvelle complice, nouveau décor

Quelques mots sur Les enfants de la télé ? L’émission s’est dotée d’un nouveau décor, légèrement plus intime. Au total, 100 personnes peuvent dorénavant assister aux enregistrements, comparativement à 200 dans l’ancien environnement. Trois écrans géants DEL ceinturent l’espace, qui comporte une pastille placée légèrement en retrait, qui pourra accueillir des performances musicales.

André Robitaille nous a informés qu’Hubert Lenoir s’y est produit à l’occasion d’une émission spéciale sur Marjo enregistrée récemment. On devrait entendre sa reprise d’Illégal du groupe Corbeau à l’automne.

De son côté, la table de l’émission a gardé les mêmes dimensions, mais contrairement à l’ancienne, qui était prise d’un seul bloc, la nouvelle se défait en neuf morceaux. Ainsi, son déménagement ne devrait causer aucun problème, a souligné le producteur, Benoît Léger, du Groupe Fair-Play.

Au moment de notre rencontre avec Mélanie Maynard, la « recrue » avait fait six enregistrements des Enfants de la télé avec André Robitaille.

Invité à comparer le style de l’actrice avec celui d’Édith Cochrane, son ex-complice qui s’est retirée après huit saisons, l’animateur a déclaré que Mélanie Maynard regardait davantage la télévision (un plus, on s’en doute, pour occuper cette chaise) et qu’elle était « out of the box ».

« Elle est plus surprenante. Elle a quelque chose d’un peu mélangé qui marche bien. Ça donne des moments très drôles. »

Invités à ressasser leurs souvenirs du studio 42, André Robitaille a parlé de certains tournages pour Vazimolo, son émission jeunesse de 1991 à 1995, alors que Mélanie Maynard a mentionné ses débuts dans l’industrie, alors qu’elle sortait de l’option théâtre du cégep de Saint-Hyacinthe. « J’étais venue porter mon CV à Radio-Canada », a-t-elle raconté.

Au nombre des personnalités qui effectueront leur première apparition aux Enfants de la télé à l’automne, signalons Pierre Bruneau, Virginie Ranger-Beauregard, Isabelle Brouillette, Guillaume Lambert, Korine Côté, Yanic Truesdale et Félix-Antoine Tremblay.