Jean-Marie Lapointe n’est pas seulement généreux pour la caméra. L’altruisme lui coule dans les veines depuis toujours.

Tout juste après notre conversation, il allait servir le repas à la Maison du Père à Montréal, comme il le fait chaque mercredi. Deux jours plus tard, c’est à la Mission Bon Accueil, autre précieuse ressource pour les plus démunis, qu’il le fera.

« Mon engagement bénévole, j’en ai besoin. Un peu comme un pianiste qui a besoin de faire ses gammes et ses arpèges. Il n’y a rien comme le bénévolat pour te ramener sur le plancher des vaches », me confie-t-il.

Victorieux à deux, sa nouvelle série diffusée à Moi et Cie depuis lundi à 21 h, est fidèle à sa nature profonde. Chaque semaine, on braque les projecteurs sur l’entourage immédiat d’un athlète handicapé, ces accompagnateurs essentiels qui sont les yeux, les bras, le soutien de ce dernier.

« Dans les vignettes qu’on voit souvent sur les athlètes olympiques ou paralympiques, le portrait porte exclusivement sur l’athlète. Nous, c’est exactement l’inverse : il faut voir l’athlète et s’attacher à lui, mais nous voulons aussi montrer les qualités humaines des bénévoles et accompagnateurs », m’explique Jean-Marie Lapointe, qui a voulu connaître les motivations de ceux-ci.

On peut considérer la relation entre le parathlète et l’accompagnateur comme une situation de dépendance ; en regardant la série, on voit plutôt une symbiose entre des êtres qui se font pleinement confiance et s’apportent beaucoup l’un à l’autre.

C’est manifeste dans l’épisode de lundi, qui s’intéresse à Maximilien Moreau, pilote de vélo en tandem, qui fait équipe avec Benoit Lalumière Cloutier, non-voyant dont l’acuité se limite à six degrés, comme dans la série de Simon Boulerice. Vous les verrez disputer une course palpitante où ils doivent effectuer des virages à 180 degrés. Parce que la série s’appuie aussi beaucoup sur la performance et le dépassement.

Réalisée et scénarisée par Pierre-Antoine Fournier, cette série de six demi-heures motive au plus haut point. Victorieux à deux est dans la continuité de l’implication de Jean-Marie Lapointe depuis deux décennies comme porte-parole du Défi sportif AlterGo, qui réunit chaque année des athlètes ayant une limitation fonctionnelle.

PHOTO FOURNIE PAR MOI ET CIE

L’athlète paralympique Mathieu St-Pierre avec Jean-Marie Lapointe

La plupart des épisodes finissent dans l’apothéose d’une grande compétition, comme le premier, offert gratuitement sur TVA+, où la caméra était braquée sur la conjointe de l’athlète de paracanoë Mathieu St-Pierre, Julianne Morin-Nolet, qui regardait son chum participer aux Jeux de Tokyo.

Une « courroie de transmission »

Dans Valeur ajoutée, une série d’entrevues menées par Véronique Cloutier avec des personnalités qui incarnent différentes valeurs, offert à partir du 15 juin dans la section Véro.tv de l’Extra d’ICI Tou.tv, Jean-Marie Lapointe confie que la moitié des messages qu’il reçoit sont des demandes d’aide et qu’il prend le temps de répondre à chacun d’eux.

« Quand une mère t’écrit pour te dire qu’elle ne voit plus son fils qui est dans la rue et qu’elle se demande s’il est encore en vie, et là, qu’on apprend que son fils a été trouvé noyé sous le pont Jacques-Cartier, comment peux-tu ne pas répondre à ça ? Oui, ça me demande du temps, mais ce n’est jamais lourd pour moi.

« J’ai tellement de ressources autour de moi que c’est sûr que j’ai une piste de solution. Je ne porte pas sur mon dos la résolution de son problème, je ne joue pas au héros, je suis seulement une courroie de transmission. »

Des nouvelles de Jean Lapointe

Je ne pouvais parler à Jean-Marie Lapointe sans lui demander des nouvelles de son père, Jean Lapointe, que le public a revu avec bonheur en entrevue avec Patrice Roy durant les Fêtes.

« Mon père allume avec le kodak, c’est un showman ! », me dit Jean-Marie.

« C’est miraculeux, ce qui lui arrive. Il y a deux ans, il est entré au CHUM dans un état tellement déplorable. Avec le CHSLD Saint-Georges, ils l’ont ramené, ils l’ont réparé. Papa a des troubles de circulation et d’articulation, quelques petits épisodes de démence, mais malgré tout, il vit dans l’instant présent. Il a toujours été un grand anxieux et aujourd’hui, je le sens beaucoup moins anxieux.

« Il est fait fort, mon père. Quand il est là, il est tout là. On profite de chaque instant avec lui parce que qu’est-ce qui me dit qu’il sera là la semaine prochaine ? Il n’a pas reçu de diagnostic de fin de vie, mais je ne prendrai pas la chance. »