Jeu, set et match. Éric Bruneau interprétera un joueur de tennis tourmenté dans Virage – Double faute, une série qu’il écrit avec Louis Morissette et Marie-Hélène Lebeau-Taschereau.

Réalisé par Rafaël Ouellet (Fatale-Station, Nouvelle adresse), ce drame psychologique sera tourné l’été prochain et prendra l’antenne de Noovo en 2023. Découpé en huit épisodes d’une heure, il succédera au premier volet de Virage, diffusé l’automne dernier, dans lequel Charlotte Aubin campait une patineuse de vitesse librement (mais largement) inspirée de Marianne St-Gelais.

De son côté, le scénario de Double faute s’appuie sur plusieurs parcours. « On s’est servi des témoignages de nombreux athlètes », précise Éric Bruneau, joint au téléphone.

Produite par KOTV (Plan B, Entre deux draps) en collaboration avec Bell Média, cette nouvelle saison de Virage brossera le portrait de Charles, un joueur de tennis québécois, pourtant talentueux, qui n’a jamais réussi à briller sur l’échiquier mondial. Toujours consacré au sport malgré les blessures, le manque d’argent et l’anxiété de performance qu’il éprouve, le vétéran vivote au 187e rang du classement.

« Dans la Ligue nationale de hockey, quand tu es 150e, tu es multimillionnaire, souligne Éric Bruneau. Au tennis, quand tu es 150e, tu gagnes correctement ta vie, sans plus. Il faut que tu sois dans le top 10 pour vraiment [rouler sur l’or]. C’est fou, la pression qu’ils ont. Et ils sont tout seuls. Toutes les balles sont importantes. Tous les choix qu’ils font sont importants. »

La série s’intéressera également au personnage de Sylvain, que défendra Louis Morissette, un entraîneur de Tennis Canada qui souhaite se tailler une place au soleil dans un sport où l’entourage des joueurs prend énormément de place.

Quiconque regarde un tant soit peu le tennis à RDS ou à TVA Sports sait combien les familles des meilleures raquettes au monde sont omniprésentes. On n’a qu’à penser aux parents des sœurs Williams, de Denis Shapovalov, de Leylah Fernandez, de Bianca Andreescu, de Stefanos Tsitsipas ou encore d’Alexander Zverev, qu’on voit constamment aux abords des courts.

Souvent, les parents ont coaché les enfants et après, ils engagent eux-mêmes les entraîneurs. Ils investissent beaucoup dans leurs enfants. Ils sont impliqués.

Éric Bruneau

« Ça crée des dynamiques familiales particulières. C’est différent du hockey. Martin St-Louis n’a pas à gérer les parents de Carey Price, alors qu’au tennis, c’est fréquent. Le rapport parents-coach peut vite devenir conflictuel. »

Plus on discute avec l’acteur et auteur, plus on se rend compte qu’il connaît très bien sa scène tennistique. Chaque année, il assiste au tournoi de Montréal. Il joue lui-même régulièrement (il signale au passage qu’il bat Louis Morissette) et depuis six mois, il s’entraîne sérieusement pour pouvoir jouer chacune des séquences de match de Virage – Double faute.

« Le but, c’est d’être le plus crédible possible sans avoir de doublure. J’y vais all in. »

La transmission

C’est en janvier 2021, dans son hôtel à Toronto, pendant qu’il tournait dans Coroner, une série policière du réseau canadien-anglais CBC, qu’Éric Bruneau a trouvé l’idée de Virage – Double faute.

Selon lui, il s’agit d’une conséquence directe d’un rôle qu’il assume depuis peu : celui de père. En 2018, sa conjointe, l’autrice Kim Lévesque Lizotte, a accouché d’une fillette prénommée Marguerite.

« J’avais envie de discuter de transmission, explique l’acteur. Une fois, j’étais avec ma fille dans la cuisine, et j’avais juste des flashs de moi quand j’avais son âge. Parce que quand tu éduques un enfant, tu n’es jamais tout seul avec lui. Il y a toujours tes parents et même tes grands-parents qui ne sont pas loin derrière. »

L’appel de l’écriture

Avec Virage – Double faute, Éric Bruneau continue d’explorer l’écriture scénaristique. Le mois dernier, on apprenait la mise en chantier à Radio-Canada d’Avant le crash, une série qu’il signe avec Kim Lévesque Lizotte sur l’univers des banquiers d’investissement.

Le comédien de 38 ans raconte que l’appel de l’écriture est venu après son 30anniversaire.

Quand j’ai arrêté de jouer dans Toute la vérité, après cinq saisons, j’ai commencé à réfléchir : “Est-ce que je vais continuer d’exister comme ça toute ma vie, dans le désir de l’autre, à attendre d’avoir une job, à espérer un coup de téléphone ?” Attendre, ce n’est pas mon style. Ça ne m’a jamais ressemblé.

Éric Bruneau

Souhaitant prendre son destin entre ses mains, il s’est mis à écrire, tout en gardant ses aspirations secrètes.

Le hasard a voulu qu’en l’espace de quelques semaines, les deux séries sur lesquelles il planchait (depuis cinq ans pour Avant le crash) obtiennent le feu vert des diffuseurs.

« Artistiquement, c’est tripant de développer autre chose », déclare celui qu’on verra l’automne prochain dans La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, la première série télé de Xavier Dolan. « Ça fait 15 ans que je suis sorti de l’École nationale de théâtre. Ça fait du bien d’être au cœur des projets. J’ai l’impression de redécouvrir mon métier. »

Éric Bruneau croit que Virage – Double faute arrivera à point nommé au petit écran. Avec l’ascension de joueurs comme Félix Auger-Aliassime, la popularité du tennis semble n’avoir jamais été aussi forte au Québec.

« Je sens qu’il y a un réel engouement du public à regarder le tennis. Ça tombe bien. »

Mettant en vedette Charlotte Aubin et Sylvain Marcel, la première saison de Virage a rallié une moyenne de 355 000 téléspectateurs sur Noovo l’automne dernier, selon les données confirmées de Numéris.