La Guillaumanie a été stoppée, dimanche soir, alors que les fans ont propulsé William Cloutier en finale de Star Académie au détriment de Guillaume Lafond, pourtant sauvé trois fois de l’élimination par le public depuis la mise à feu du concours télévisé de TVA.

William Cloutier, 25 ans, de Victoriaville, a accédé à la dernière étape en interprétant sa propre chanson, Si pour me voir, avec Lunou Zucchini comme choriste. Choix audacieux pour William, qui a été payant, au final.

William et Lunou, qui ne ratent jamais rien, risquent maintenant de s’affronter le 2 mai lors du gala ultime de Star Académie. Les deux débordent de talent, avec une préférence, de mon côté, pour la pétillante Lunou, la meilleure chez les filles.

Honnêtement, j’aurais gagé que Guillaume Lafond triompherait grâce à toute l’attention qu’il a générée depuis l’apparition de son « Gui-move », il y a deux semaines. Ce mouvement giratoire du bassin, qui a fouetté la Guillaumanie, a vu le jour pendant la chanson Country Girl (Shake It For Me) de Luke Bryant, pièce incluse dans la séquence mettant en vedette Guylaine Tanguay et Paul Daraîche. Ce déhanchement a fait le tour de toutes les classes du manoir de Waterloo.

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William Cloutier accède à la finale de Star Académie.

C’est très dommage pour Jacob Roberge, 23 ans, de Lévis, le musicien le plus accompli des trois demi-finalistes. Sa relecture d’Un peu plus haut, un peu plus loin de Jean-Pierre Ferland a été solide. Comme Guillaume Lafond, Jacob Roberge a été boudé par le corps professoral lors du premier gala de Star Académie, tenu le jour de la Saint-Valentin. Lui aussi a dû gagner sa place dans l’émission en se soumettant au vote populaire.

William et Jacob étaient bien meilleurs que Guillaume, désolé pour les groupies de ce dernier. Sa façon de constamment pousser sa voix à l’éraillement ne donnait pas toujours de jolis résultats. À l’inverse, quand Guillaume ne forçait pas ses cordes vocales, ça pouvait être superbe, comme dans Le temps des cathédrales avec Bruno Pelletier.

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Guillaume Lafond

Pour éviter l’éviction, Guillaume Lafond a toujours privilégié l’anglais en pigeant chez Dolly Parton, George Ezra, Coldplay ou Chris Stapleton, ce qui a probablement affecté sa cote d’amour.

De son côté, William Cloutier représente l’archétype du bon gars qui travaille fort pour réussir. Son histoire personnelle de paternité n’a pas nui non plus à son ascension, il faut l’admettre, ce qui n’enlève rien à ses aptitudes.

Quant au gala de dimanche, il a été bien meilleur que celui de la semaine dernière. Le numéro symphonique de Lara Fabian, ses petits cœurs et l’Orchestre métropolitain dirigé par Yannick Nézet-Séguin a été magnifique. La perfection dans toutes les harmonies.

Bel hommage également à Michel Louvain, tout en sobriété, avec Un certain sourire, La dame en bleu et Buenas Noches Mi Amor.

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Vincent Vallières

Le passage du sympathique Vincent Vallières a débouché sur un pot-pourri bien garni, où Lunou a (encore) été impeccable sur L’amour c’est pas pour les peureux.

Vent de jeunesse avec du Lady Gaga, du Cardi B, du Billie Eilish et du Dua Lipa, pour finir avec Les Louanges, qui a conclu une soirée réussie.

Chic hommage à un crooner chic

En congé pour l’été, l’équipe d’En direct de l’univers a remonté son décor, rangé pour la saison, et a orchestré en moins de deux jours un magnifique hommage à Michel Louvain, dont la mort a suscité une immense vague d’amour, toutes générations confondues.

Cette émouvante heure de télévision, relayée samedi soir à Radio-Canada, rappelait les belles années des cabarets, où les artistes chantaient toujours tirés à quatre épingles. Le crooner originaire de Thetford Mines, mort mercredi soir à l’âge de 83 ans, aurait adoré ces attentions et ce décorum feutré.

Le plateau de France Beaudoin a été enveloppé d’un son vintage, d’une autre époque, pas désagréable du tout. Ça sentait quasiment la cigarette, le parfum cher et le scotch à travers cette enfilade de standards de la chanson française, québécoise et américaine.

Extra fidèle, le public de Michel Louvain l’a suivi dans tous ses projets professionnels, au fil de ses 60 ans de carrière. La colonie artistique n’a pas toujours été tendre envers lui, notamment dans les années 1980 et 1990, où l’étiquette de « quétaine » lui a été accolée. À cette époque, vous n’auriez jamais vu autant de vedettes publier des photos en compagnie de Michel Louvain.

Heureusement, le vent a tourné et le showbiz québécois a bien fini par lui reconnaître des qualités et le réhabiliter.

On ne dure pas plus d’un demi-siècle dans le monde du spectacle sans quelques atouts dans son jeu, non ? C’était touchant de voir tous ces artistes, de Mario Pelchat à Marc Hervieux en passant par Paul Piché, le célébrer de façon tendre et douce.

Avec son répertoire bien garni de chansons d’amour, Michel Louvain a rejoint les plus jeunes, comme Marie-Élaine Thibert, Maxime Landry et Antoine Gratton, de même que des routières de métier comme Shirley Théroux, France Castel, Renée Martel et Patsy Gallant.

Le moment le plus émouvant de cet En direct de l’univers ? L’interprétation de L’amour existe encore par Véronic DiCaire, une pièce de Céline Dion que Michel Louvain avait dédiée à son conjoint des 25 dernières années, Mario Théberge. Les deux hommes s’étaient d’ailleurs mariés tout récemment.

C’est Michel Louvain qui a lui-même conclu son En direct de l’univers avec une archive de la pièce 60 ans d’amour avec vous. Et même France Beaudoin a réprimé un petit sanglot.