Adib Alkhalidey fait partie des cinq lauréats du Fonds ENH-Netflix permettant à des créateurs de concevoir de nouveaux projets en comédie pour la télé et le cinéma, et dont les noms ont été dévoilés lundi. « Une tape dans le dos qui encourage », dit l’humoriste, à qui nous avons parlé.

C’est la troisième année que Netflix et l’École nationale de l’humour offrent ces « bourses de développement » grâce à ce fonds. Chaque scénariste sélectionné par le jury bénéficiera d’une bourse de 35 000 $.

« C’est un très long processus pour se rendre jusqu’à la télévision, ça prend souvent des années, a confié Adib Alkhalidey. Comme beaucoup de monde, j’ai tenté ma chance plusieurs fois. Alors oui, c’est la tape dans le dos qui encourage… et c’est important d’encourager les gens dans la vie ! Je réalise aussi que, dans ce mot, il y a le mot courage. Et c’est vrai, ça donne le courage de continuer. »

De quoi parlera-t-elle au juste, sa série ? « C’est l’histoire de deux sœurs et d’un frère dans la trentaine, d’origine irakienne, dont les parents ont fui la dictature, répond Adib Alkhalidey. Le jour de la mort de leur père, avec qui ils avaient rompu les liens, ils découvrent qu’ils héritent de plusieurs choses, mais surtout de créanciers et de malfrats qui étaient à ses trousses. »

Ce sera aussi l’occasion pour eux de renouer avec leur histoire, « qu’ils n’avaient pas voulu voir ou entendre », et d’en apprendre davantage sur la mort nébuleuse de leur mère, qu’ils n’ont pas connue, ajoute-t-il.

Cette « tragicomédie » a bien sûr une résonnance avec l’histoire de l’humoriste montréalais, dont le père est irakien. Mais l’idée est née de son désir de présenter à l’écran d’autres types de vie, de couleurs, de traits de caractère et d’accents.

Le but, c’est de montrer des héros avec un background différent, mais qui ont une vie comme celle de leur voisin. Tout le monde a des secrets de famille, traverse des épreuves. Je suis certain que toute la société peut bénéficier de voir ça.

Adib Alkhalidey, acteur, chanteur et humoriste

Reste que l’objectif est d’émouvoir et de faire rire ainsi que de créer une œuvre aussi profonde que contemporaine. Il n’y a qu’à comprendre l’histoire derrière le titre de travail pour comprendre. « C’est embryonnaire, mais j’aime beaucoup. Ça s’appelle Les orphelines. Parce que, quand le père meurt, ils deviennent orphelins, mais les deux filles sont contre l’idée que le masculin l’emporte sur le féminin, alors c’est pour ça, Les orphelines. »

Adib Alkhalidey rigole et affirme qu’il « aime déjà d’amour » ses personnages. Mais il ne sait pas encore s’il jouerait dans sa propre série. « Il faut vraiment me tordre un bras pour me faire jouer dans quelque chose. Mais si je sens que je suis la bonne personne pour le faire, je vais me tordre un bras moi-même ! »

La prochaine étape est donc de continuer à préciser le projet et de commencer la recherche d’un diffuseur qui voudrait embarquer dans l’aventure. « Il faut trouver quelqu’un qui va partager cette vision, qui va avoir envie de mettre cette langue à l’écran, qui ne voudra pas lisser le projet », indique la productrice Élaine Hébert. « On a déjà des idées. »

Chaque projet – quatre en télé et un en cinéma – devait être déjà soutenu par une boîte de production. Dans le cas d’Adib Alkhalidey, c’est avec Micro_scope, avec qui il travaillait déjà sur une idée de série, qu’il a soumis sa candidature.

Les trois autres projets télé retenus sont de Philippe Gendron (Urbania), de Marie-Hélène Racine-Lacroix (Trio Orange) et de Marie-Ève Larivière (Toast Studio). Le projet de long métrage sélectionné a été déposé par Gabrielle Côté (Écho Média).

« Là où le Fonds est vraiment bien, c’est qu’il aide les premières œuvres et leur permet [aux créateurs] d’élaborer leur concept avant d’approcher un diffuseur, au moment où ça demande du jus créatif pour arriver avec quelque chose de présentable, estime Élaine Hébert. Il y a vraiment une prise de risque du Fonds pour aller chercher des propositions originales, un peu différentes de ce qu’on voit habituellement à la télé. Alors ça fait encore plus plaisir de recevoir cette aide. »

Adib Alkhalidey, lui, aura du temps pour continuer à s’y consacrer, puisque l’acteur, chanteur et humoriste, qui a lancé l’été dernier un premier album, ne fera aucun retour sur scène tant que la pandémie perdurera. « En ce moment, je suis assis sur plein de projets qui sont prêts à sortir et j’attends juste le bon moment. Mais je préfère faire déjà le deuil de cette année que de vivre dans l’attente. »