Quatre fans de Sex and the City nous révèlent leurs attentes pour And Just Like That et jettent un regard sur leur vie

Rafaële Germain

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LAPRESSE

Rafaële Germain

Avec ses chroniques « Je t’aime, moi non plus » au début des années 2000 dans La Presse, puis avec le succès de son livre Soutien-gorge rose et veston noir, qui s’est vendu à plus de 80 000 exemplaires, l’autrice Rafaële Germain incarnait la version québécoise de Carrie Bradshaw.

Selon elle, les trois amies seront toujours aussi glamour, plus âgées certes, mais avec la même énergie débordante et leur drive légendaire. « On va les retrouver avec plein de projets, furieusement en vie et dans l’air du temps ! »

« Toute la série s’est construite sur ces personnages qui ont une quête, le désir de trouver l’homme idéal, d’aspirer à une vie plus heureuse, autant dans leur vie amoureuse que professionnelle. Ce ne sont pas des personnages apaisés. Elles rient encore ensemble, et ce qui est mis de l’avant est le côté spontané des personnages, et Mister Big semble être encore là… est-ce qu’il va y avoir un regard introspectif sur la relation avec Big ? »

Dans sa vie personnelle, Rafaële Germain, qui fêtera ses 45 ans dans quelques jours, estime être apaisée. « Je n’ai plus ce désir de chercher à l’extérieur ce qui me manque à l’intérieur. Je n’ai plus envie de sortir dans les restaurants branchés, je n’ai plus cette drive-là ! », dit celle qui est mariée et qui a une fille de 9 ans.

Un peu comme Miranda qui a emménagé à Brooklyn, Rafaële Germain a déménagé il y a quelques années à Laval. « Ce n’est pas encore la destination branchée, mais qui sait ? C’est peut-être le nouveau Brooklyn ! »

Carrie a toujours été celle qui l’inspirait le plus. « C’était le personnage avec lequel je me trouvais le plus de points communs. Maintenant, j’ai du fun au coin du feu avec mon amoureux et quelques amis à faire une bonne partie de Scrabble ! », dit-elle en riant. Et Samantha ? « Elle a eu tout le fun du monde et elle vit peut-être à Laval et regarde, comme moi, le soleil se coucher sur ma rivière ! »

Marie Plourde

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Marie Plourde, conseillère d’arrondissement dans le district du Mile End depuis 2013 et mairesse suppléante de la Ville de Montréal

La série Sex and the City a inspiré Marie Plourde pour sa chronique « Les soupers de sacoches », publiée dans Le Journal de Montréal, où elle parlait de sa vie amoureuse, de ses amis et de son Monsieur Big de l’époque. « Cette série nous a libérées, dit-elle. On était capables d’exprimer nos désirs, nos fantasmes. Il y avait un vent de liberté qui soufflait sur la vie de ces femmes, même sur le plan vestimentaire, on pouvait porter des paillettes dès le matin ! »

Marie Plourde regarde la série aujourd’hui avec détachement, avec un regard attendri et plus critique. « On cherchait l’homme de notre vie, on l’idéalisait. C’était un peu le conte de fées des années 1990. »

L’ex-animatrice de télévision a toujours aimé la mode. À l’époque, elle était toujours à l’affût des nouveautés et des tendances, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. « J’étais dans un monde d’apparences. Je m’en suis détachée en quittant le milieu des communications pour aller en politique municipale. Je me suis consacrée aussi à ma vie de famille et à ma vie de mère [elle a une fille de 12 ans]. Je me suis concentrée sur le contenu plutôt que sur le contenant », dit celle qui est conseillère d’arrondissement dans le district du Mile End depuis 2013 pour Projet Montréal.

Quelles sont ses attentes pour la nouvelle série ? « J’espère que les filles ont pris de la maturité, elles aussi. On veut savoir comment se passe leur vie sentimentale, leur vie amoureuse à plus de 50 ans. On se pose des questions dans la cinquantaine, sur notre rapport à la séduction, au sexe, au charme. Je suis encore charnelle et célibataire ! »

Marie Plourde dit s’identifier à Carrie, avec la candeur de Charlotte, et revendique même son côté Miranda. « Son cynisme était sain, ses attentes envers les hommes étaient beaucoup plus réalistes, tout comme son investissement dans sa carrière. Elle était la plus rationnelle des quatre », pense Marie Plourde, qui vient d’être nommée mairesse suppléante de Montréal.

Martine St-Victor

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Martine St-Victor

Pour Martine St-Victor, directrice générale de l’agence de communications Edelman Montréal, la série Sex and the City a su créer une communauté et sa popularité a atteint son apogée avant même l’existence des réseaux sociaux.

Elle cite en exemple un épisode où Samantha ne voulait pas pleurer au bureau. Les quatre amies se demandent ensuite s’il est permis ou pas de pleurer à son lieu de travail. « Le lendemain de la diffusion, dans les émissions matinales américaines, c’était LE sujet dont tout le monde parlait, se souvient-elle. Il s’est retrouvé dans les pages éditoriales des cahiers d’affaires des journaux. C’est le pouvoir de cette émission et la beauté de la culture populaire. De prendre un évènement et de l’analyser à travers différents prismes. Au-delà de la mode, du luxe et des moments marquants, cette valeur culturelle est un manifeste direct du pouvoir de cette émission. »

Elle évoque également des moments plus difficiles de la série : « Quand Samantha annonce qu’elle a le cancer du sein, je suis certaine qu’il y a eu une augmentation des tests de dépistage aux États-Unis, car montrer sa vulnérabilité a un effet direct sur la population. »

Elle pense retrouver les amies quinquagénaires dans une progression normale de la vie. « Je ne m’attends pas à les voir danser en discothèque à New York ! L’auditoire a vieilli aussi, ce n’est plus leur réalité et ce n’est plus la mienne non plus. On va voir l’évolution dans leur carrière aussi, leurs ambitions seront différentes. »

Martine St-Victor fait partie d’un quatuor d’amies et elle avoue, comme des millions de personnes, avoir fait l’exercice des comparaisons pour savoir à quel personnage elle ressemble le plus. « Ça va rester un mystère ! », lance-t-elle.

Geneviève St-Germain

PHOTO MAUD CHAUVIN, FOURNIE PAR GENEVIÈVE ST-GERMAIN

Geneviève St-Germain

« C’était un choc télévisuel », lance l’autrice Geneviève St-Germain à propos de Sex and the City. « Ce n’était pas commun de parler des femmes de cette façon et de ce genre de femmes qu’on ne voyait pas du tout à la télévision. Des femmes différentes, libres, autant d’un point de vue sexuel que vestimentaire, et qui évoluent dans un milieu privilégié, et surtout de les voir, maintenant dans la cinquantaine, juste pour ça, ça vaut la peine ! Comment vivent-elles ? Quelles sont leurs préoccupations ? »

Sex and the City correspond à une période de sa vie où elle s’identifiait à ces quatre amies. « Tout tournait autour de leur vie sentimentale et sexuelle, et la quête de l’homme idéal. » Elle estime que vouloir trouver l’amour de sa vie est une quête légitime. « Ça n’a rien à voir avec le fait d’être féministe. On peut avoir envie d’aimer et d’être aimée. J’ai trouvé l’amour, ça fait plus de 20 ans que ça dure, les enfants, je n’en voulais pas, c’était clair, mais je suis contente d’avoir réussi ma vie amoureuse », confie l’autrice de Mon âge est à inventer.

Geneviève St-Germain souligne l’importance du thème de l’amitié dans la série. « Ça me faisait rêver ! J’ai des amies, mais j’aurais tellement aimé avoir un groupe comme ça qui se voit tout le temps, ça relevait du fantasme bien plus que les aventures avec Mister Big ! En vieillissant, on perd de vue des amies avec qui on a travaillé ou qu’on a fréquentées à une certaine époque de notre vie, mais celles qui restent, ce sont des amitiés profondes. Des amies qui se soutiennent et qui ne se jugent pas », dit celle qui a coanimé l’émission Les copines d’abord.

Elle estime qu’elle n’a pas changé avec les années. « Peut-être spirituellement avec l’expérience ! On accepte plus de choses, mais ma faculté de révolte ne s’est pas envolée avec la soixantaine ! »