Mélissa Bédard et Christine Morency s’étaient croisées à quelques reprises avant cette année, mais elles ne s’étaient jamais vraiment parlé. Aujourd’hui, elles sont devenues de très bonnes amies. « On est deux filles spontanées qui aiment partager, qui aiment parler et — sans faire de mauvais jeu de mots – qui prennent beaucoup de place, explique Mélissa Bédard en entrevue. Quand on s’est retrouvées sur J’t’aime gros, on s’est aussi retrouvées à mener le même combat. »

Le combat dont l’actrice et chanteuse parle, c’est celui contre la grossophobie, phénomène qu’elle et Christine Morency examinent attentivement dans J’t’aime gros, une série documentaire qui atterrira mardi sur Vrai, la nouvelle plateforme de contenus non scriptés de Vidéotron.

Depuis qu’elles ont terminé les tournages, elles s’appellent chaque jour, ou presque.

« J’aime les gens authentiques, les vrais, indique l’humoriste. Je savais que Mélissa était comme ça dès que je l’ai vue à la télé. Elle ne joue pas de game. Avec elle, il n’y a pas de drame. Je l’adore. Et elle rit beaucoup de mes blagues. Ça aussi, c’est l’fun ! »

« Christine est vraiment inspirante, ajoute la seconde. Elle est comme une maman ; elle veut toujours que tout le monde autour d’elle soit bien. C’est une fille très rassembleuse, et drôle, évidemment. »

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Christine Morency et Mélissa Bédard se sont liées d’amitié pendant le tournage de la série documentaire J’t’aime gros.

L’amitié qui unit les deux femmes paraît à l’écran, particulièrement lorsqu’elles abordent des sujets plus difficiles. Au cours du premier épisode de J’t’aime gros, Christine Morency éclate en sanglots en montrant la publication d’un internaute mal intentionné réalisée à partir d’une photo d’elle qu’elle trouvait pourtant jolie.

Cette séquence touchera assurément de nombreux téléspectateurs. Mais quand on mentionne l’extrait, la principale intéressée grimace.

« Je n’aime pas vraiment ça qu’on me voie pleurer, qu’on me voie être aussi vulnérable. C’est un bagage que j’ai. C’est des années de commentaires accumulés. Je me revois à l’adolescence, quand je n’avais pas tous les outils que j’ai aujourd’hui. Une personne qui n’a pas ça, comment elle fait pour prendre l’autobus tous les matins sans avoir envie de rentrer chez elle pour s’enlever la vie ? Parce que chaque fois qu’elle fait une activité, le monde commente son poids, le monde la ramasse, le monde la dénigre. C’est lourd. C’est très lourd. Est-ce qu’on peut juste la laisser vivre ? »

Victimes de préjugés

Produite par iProd Média, la boîte d’Isabelle Maréchal, en collaboration avec Québecor Contenu, la série J’t’aime gros propose des témoignages, parfois à fleur de peau, de personnes ayant été victimes de préjugés par rapport à leur poids.

PHOTO FOURNIE PAR VRAI

Lise Dion dans J’t’aime gros

On apprend que Lise Dion ne s’est jamais déshabillée devant son conjoint. On rencontre Mario Cadieux, un homme en surpoids ayant déjà été contraint d’aller à l’hôpital vétérinaire de Saint-Hyacinthe pour passer un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Au sixième épisode, la chanteuse Renee Wilkin (La voix) relate la furieuse pluie d’injures qu’elle a reçues après s’être présentée à Bonsoir Bonsoir ! en 2020 vêtue de vêtements plus ajustés que d’habitude.

C’est toutefois la rencontre entre Mélissa Bédard et Thomas, un garçon victime d’intimidation, qui suscitera le plus de réactions. La chanteuse réussit à établir une connexion avec l’enfant, qu’elle convainc de déclarer à voix haute qu’il est le plus beau, le plus fort, le meilleur.

PHOTO FOURNIE PAR VRAI

Mélissa Bédard et Thomas dans J’t’aime gros

« Je suis maman de trois enfants et belle-mère de trois autres, signale la chanteuse. Je l’ai vécu. Ma fille l’a vécu. Ça m’a bouleversée de voir qu’en 2021, ça arrivait encore. »

À point nommé

L’idée de J’t’aime gros est venue à Isabelle Maréchal alors qu’elle animait au 98,5 FM, après avoir réalisé des entrevues avec Édith Bernier et Mickaël Bergeron, auteurs de livres traitant de grossophobie. La productrice a ensuite contacté Mélissa Bédard, qui publiait sur Instagram des photos sexy accompagnées de messages sur l’acceptation.

Selon la chanteuse, J’t’aime gros n’aurait jamais obtenu le feu vert d’un diffuseur il y a cinq ou dix ans.

La pandémie a permis à tout le monde de prendre un temps d’arrêt pour réfléchir, pour poser des questions. En tant que société, on s’est mis à débattre. On a réalisé qu’il n’y avait pas beaucoup de diversité à l’écran. Pas seulement culturelle, mais corporelle.

Mélissa Bédard

Selon Christine Morency, la série arrive à point nommé, puisqu’elle peut enfin recevoir un accueil chaleureux.

« Au cours des dernières années, il y a des gens qui ont parlé de grossophobie, qui ont levé le flag. Aujourd’hui, on sait que ça existe, on sait que c’est un enjeu. »

Les nouvelles amies caressent beaucoup d’espoir avec J’t’aime gros. Selon elles, la série fera œuvre utile en détruisant plusieurs préjugés.

« On veut partir une conversation durable », disent-elles.

La série J’t’aime gros atterrit sur Vrai mardi.