Pourquoi la mère de Britney Spears, sa sœur Jamie Lynn ou son frère Bryan ne s’impliquent-ils pas davantage pour la « libération » de la popstar, qui vit sous tutelle – et sous l’emprise de son père – depuis 12 ans ?

Pourquoi est-ce qu’aucun membre de sa garde rapprochée ne milite plus férocement pour que la chanteuse de 39 ans regagne le contrôle de sa carrière et de sa fortune évaluée à 60 millions de dollars, et pour qu’elle récupère ses droits de garde ?

Au fait, et c’est un aspect très délicat, Britney Spears a-t-elle encore la capacité de s’occuper adéquatement de ses deux adolescents, Sean Preston et Jayden, 15 et 14 ans, qui vivent avec leur père, Kevin Federline ?

Le documentaire Framing Britney Spears, que la plateforme Crave offre enfin légalement depuis vendredi (la version française s’ajoutera le 25 mars), ne répond à aucune de ces questions cruciales, notamment pour les nombreux fans du mouvement #FreeBritney, qui se décarcassent pour que leur idole sorte de sa prison dorée.

PHOTO MIKE BLAKE, REUTERS

Des supporteurs de Britney Spears lors d’une manifestation de soutien à l’artiste, le 11 février dernier, à Los Angeles

C’est hyper décevant. Et paresseux comme démarche journalistique. Les intervenants du film de 1 heure 15 minutes évoquent des rapports médicaux secrets sur l’interprète de Baby One More Time, sans jamais en révéler le contenu. Ce qui se retrouve dans ces documents scellés justifie, selon toute vraisemblance, la décision des tribunaux californiens qui maintiennent la tutelle de Britney depuis si longtemps.

Une tutelle entrave tellement les libertés individuelles d’une personne qu’aucun juge sérieux ne la traite à la légère. À plus forte raison dans une affaire aussi médiatisée que celle de Britney Spears.

Imaginez maintenant si la cour affranchissait l’ex-reine de la pop et qu’elle retombait – de nouveau – entre les griffes d’un profiteur et agresseur comme Sam Lufti ; qu’est-ce que son public dirait ? Que le système judiciaire a laissé tomber Britney Spears, qui aurait dû être mieux protégée d’elle-même !

Il nous manque des morceaux du casse-tête pour comprendre l’histoire de cette icône de la culture pop, plus complexe que la version simpliste proposée par Framing Britney Spears, coproduit par le New York Times et la chaîne FX.

Évidemment, la misogynie dont elle a été victime au fil de sa carrière est épouvantable. Les questions sur ses seins, sur sa virginité, le slut-shaming dont elle a été l’objet après sa rupture avec Justin Timberlake (bravo, Diane Sawyer !) et le vidéoclip Cry Me a River de ce dernier qui la dépeignait comme une méchante : Britney a injustement été poivrée de tous les côtés. C’est inacceptable.

En même temps, n’est-ce pas ce qu’a fait Taylor Swift (que j’adore, soit dit en passant) dans plusieurs de ses chansons, soit se venger, de façon peu subtile, d’anciens amoureux qui lui ont brisé le cœur ? On jase, là.

PHOTOS ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Britney Spears, photographiée ici à l’été 2019, est sous la tutelle de son père, Jamie Spears (à gauche), depuis 2008.

Le pire, c’est la désinvolture avec laquelle les médias ont abordé ses problèmes de santé mentale. Ah, Brit-Brit s’est rasé le coco ! Oh, elle a attaqué un paparazzo avec un parapluie ! Frappe-le une fois de plus (sur l’air de son plus gros succès) !

Constamment dans l’œil du public, cette jeune femme souffrait énormément. Elle a été internée plusieurs fois, contre son gré ou avec son accord. Elle a subi des cures de désintox et fréquenté des gens louches, qui ne s’intéressaient qu’à sa gloire et à sa fortune. C’est difficile ne pas éprouver de sympathie pour elle.

À l’autre bout du spectre, on l’a vue conduire avec son bébé sur les genoux dans les rues de Los Angeles. L’artiste a ensuite pris une série de mauvaises décisions, tant personnelles que professionnelles, qui ont accéléré sa chute. Il y a moins de deux ans, Britney Spears a de nouveau été hospitalisée pour un trouble bipolaire et s’est même présentée pieds nus devant la cour pour demander que son père, Jamie, ne supervise plus sa tutelle.

C’est plate à écrire, mais le compte Instagram de Britney Spears, tellement bizarre, ne donne pas non plus l’impression qu’elle est en pleine possession de ses moyens. Qui révoquerait une tutelle dans de telles conditions ?

Six degrés

C’est une charmante série jeunesse, la première de l’auteur Simon Boulerice, que proposera l’Extra de Tou.tv à partir du jeudi 4 mars.

Cette œuvre s’appelle Six degrés, parce que son personnage principal, Léon (épatant Noah Parker), ne voit que d’un seul œil et avec un champ de vision de six degrés – au lieu des 180 degrés habituels.

IMAGE FOURNIE PAR TOU.TV

Noah Parker incarne le personnage de Léon, qui ne voit que d’un seul œil et avec un champ de vision de seulement six degrés.

En fait, c’est comme si Léon le malvoyant regardait le monde à travers le trou d’une paille. Léon, 16 ans, vit seul à la campagne avec sa mère, Marianne (Catherine Trudeau), qui le surprotège et lui enseigne à la maison.

Après un bête accident de cuisine qui emporte sa mère, Léon apprend qu’il a un père biologique, Francis (Alexandre Goyette), ainsi que quatre demi-frères et demi-sœurs. Léon, ado curieux et sensible, emménage dans sa nouvelle famille, en ville, et entame son processus d’émancipation à l’école secondaire, dans un univers aux possibilités infinies.

Autour de Léon gravitent Doris Boulerice (Léanne Désilets), une ado trop motivée et très intense, probablement mon personnage préféré, ainsi que Florence (Amaryllis Tremblay), une camarade atteinte de fibrose kystique, qui a l’impression de respirer par le trou d’une paille. Simon Boulerice joue lui-même le prof de ces jeunes, personnage inspiré de son propre professeur au secondaire, le dramaturge Serge Boucher.

Six degrés vise les 12-17 ans, mais atteindra tous les âges. C’est une série avec un grand cœur, bienveillante, drôle et inclusive, qui ne sombre pas dans la morale à deux sous. Simon Boulerice y aborde des enjeux actuels comme la grossophobie, la différence ou l’intimidation avec honnêteté et empathie. C’est rafraîchissant. Safia Nolin signe la chanson thème et Six degrés atterrira à la télé de Radio-Canada plus tard ce printemps.