Plus les mois avançaient en 2020, et plus Luc Dionne mesurait combien les téléspectateurs de District 31 étaient heureux de se coller à leurs personnages préférés de cette quotidienne. Mais attention, dit-il, le coup de chapeau, on doit le donner aux artisans travaillant sur le plateau de tournage.

Le confinement ? Luc Dionne connaît ça huit mois par année depuis cinq ans. Huit mois pour écrire 30 semaines de la quotidienne District 31, soit 120 épisodes et 4800 pages de textes. Sans surprise, durant ces huit mois de travail, il sort rarement de sa tanière. Mais quand cela arrive… « Je suis allé à ma quincaillerie du village hier et la propriétaire me disait combien l’écoute de District 31 était devenue comme une religion chez elle. L’émission rassemble toute la famille. »

Au bout du fil, l’homme sourit. Il est question de l’effet curatif qu’a l’émission sur la vie des gens confinés. Humblement, M. Dionne fait le constat que ce rendez-vous fait effectivement du bien.

Après cinq ans, l’engouement du public n’est pas émoussé. Au contraire, les cotes d’écoute ont augmenté cet automne. Vers la fin du mois de novembre, la moyenne quotidienne s’approchait des deux millions de téléspectateurs. Les commentaires sur la page Facebook de l’auteur sont élogieux. Des gens lui confient avoir profité du confinement pour regarder les quatre premières années de la série !

« Ça fait plaisir, dit-il. Mais s’il y a un coup de chapeau à donner, c’est aux réalisateurs, aux acteurs et aux techniciens du plateau de tournage. Depuis que nous avons recommencé à tourner, il n’y a eu aucun problème. Moi, je travaille à la maison. Eux, ils sont sur le plateau avec leur masque et il fait chaud. Mais personne n’a été malade. Tout le monde a été hyper respectueux des règles sanitaires. »

Arrêt de travail

Le 17 mars, l’équipe de production annonce l’arrêt des tournages dans les studios MELS, à Saint-Hubert. La déception est d’autant plus grande que cela force le report des huit derniers épisodes de la saison (deux semaines) à la rentrée d’automne.

Ces épisodes seront diffusés en quatre émissions d’une heure avant qu’on ne lance le nouveau bloc. Le tournage a pu reprendre le 13 juillet et il vient de s’arrêter pour Noël.

Conscient de la popularité de son émission en cette période trouble, Luc Dionne a-t-il senti une forme de responsabilité sociale ? Il répond que oui.

« Je n’ai plus 32 ans [il en a 60] et faire ce travail, c’est dur, c’est tough ! Alors, je fais une heure de tapis le matin. Je ne fais pas de folies. »

Je ne sors pas le soir chez mes chums pour prendre un coup. C’est une grande discipline de travail. Je me dis : “Pense aux gens, à ceux qui t’écoutent, à ceux qui te disent que ça leur fait du bien.”

Luc Dionne

M. Dionne avait mis un point final aux 120 scénarios de l’année 2019-2020 de District 31 le 8 mars pour s’envoler vers Paris le soir même. Quatre jours plus tard, alors que les frontières se fermaient, il revenait en vitesse à Montréal.

« Comme je venais de terminer d’écrire et que je me retrouvais confiné, je me suis dit : recommençons ! Mais après huit mois de travail ininterrompu, ce n’était pas si facile que ça ! Normalement, je serais entré dans une période où je vide complètement mon esprit. J’ai trouvé ça dur ! J’ai mis trois semaines à écrire un premier épisode. »

De l'action

La pandémie, assure-t-il, ne l’a pas incité à adoucir certaines scènes. Au contraire.

« S’il y a quelque chose que les gens m’ont reproché cette année, c’est que les personnages “bardassaient” un peu plus, lance-t-il. Mais j’avais besoin de mettre de la bisbille dans la gang pour qu’après Noël, les personnages se serrent les coudes face à un évènement qui va survenir. »

Évidemment, le scénariste s’est arrêté là ! La suite, donc, en janvier.