(Montréal) Les techniciens de l’image et du son membres de l’AQTIS ont débrayé durant une journée, jeudi, affectant ainsi des productions télévisuelles et cinématographiques.

Du côté patronal, Hélène Messier, présidente-directrice générale de l’Association québécoise de la production médiatique, a confirmé en entrevue qu’une dizaine de plateaux de tournage ont dû suspendre leurs activités. Les autres plateaux ont tout simplement déplacé leur journée de tournage, puisqu’un avis de grève avait préalablement été transmis, comme il se doit.

L’AQTIS représente quelque 6000 membres, des caméramans, preneurs de son, maquilleurs, coiffeurs et autres, qui travaillent à la production de téléromans, téléséries, documentaires et films, au Québec et parfois à l’étranger.

Ces travailleurs sont des pigistes. Ils revendiquent d’ailleurs d’avoir des contrats garantis, a indiqué en entrevue Gilles Charland, directeur général de l’AQTIS (Alliance québécoise des techniciens et techniciennes de l’image et du son).

Plusieurs séances de négociation ont eu lieu à ce jour avec l’Association québécoise de la production médiatique, qui regroupe des producteurs privés. Mais l’AQTIS voulait accroître la pression sur les employeurs en tenant cette journée de grève.

« C’est un coup de semonce à l’ensemble des producteurs et aussi au gouvernement, pour les sensibiliser à la détérioration des conditions de travail depuis plusieurs années des techniciennes et des techniciens », a expliqué M. Charland.

Les points en litige portent sur la rémunération, les questions de santé et sécurité au travail, la formation et la qualification professionnelle, de même que la priorité d’embauche.

Mme Messier fait valoir que cette industrie est aux prises, comme celle des médias, avec une baisse des revenus publicitaires. Dans le cas des productions télé et cinéma, cela s’ajoute à une baisse des auditoires, de nouvelles habitudes d’écoute, de même qu’une stagnation voire une baisse de certains fonds.

« L’argent de Téléfilm Canada pour le financement des longs métrages, au niveau de la production, n’a pas été augmenté depuis 20 ans. Si on avait des budgets dans le temps des Filles de Caleb de l’ordre de 1 ou 1,1 million pour faire une heure de dramatique ; on en a maintenant 455 000 $. Et les budgets des documentaires ont baissé de 40 % en 10 ans » a illustré Mme Messier.

La loi qui gouverne les membres de l’AQTIS fait qu’un salaire minimum est établi et qu’il appartient au technicien de négocier un salaire plus élevé, selon son expérience et son expertise, explique M. Charland. « Des fois, les salaires minimums augmentent, en vertu des ententes collectives, mais les techniciens qui travaillent en haut du salaire minimum ne voient jamais les effets de ces augmentations-là », se plaint-il.

M. Charland confirme que les gouvernements y sont pour beaucoup dans les fonds dont dispose l’industrie. « Le financement, il est public en vaste majorité. Il y a des revendications pour que le gouvernement investisse davantage dans la culture au Québec », a plaidé le syndicaliste.

Des syndiqués de l’AQTIS se sont d’ailleurs rassemblés à la place des Festivals, au centre-ville de Montréal, pour marquer le coup jeudi midi.

« Si de telles actions devaient se multiplier, évidemment ça mettrait en péril la production. Alors, ce n’est évidemment pas ce qu’on souhaite. On souhaite que le public puisse continuer de profiter des émissions québécoises et des longs métrages qu’ils aiment », a fait valoir Mme Messier.