Céline a terminé sa résidence à Vegas, les filles de GLOW y arrivent. Mais avant, petit détour par Montréal.

Tout a commencé à L.A. Enfin, « tout »… L’action de l’émission GLOW a commencé à L.A. Mais après deux saisons, voici venu le temps de mettre le cap sur Vegas. Là où les héroïnes se poseront le temps de dix nouveaux épisodes, produits par le titan Netflix.

Pour qui n’a pas visionné la série, disons ici qu’il s’agit d’une drôle de bête. On y suit les G.L.O.W. du titre, soit les Gorgeous Ladies of Wrestling. Des lutteuses magnifiques.

Magnifiques, mais aussi néophytes. Ne connaissant rien à cette lutte qu’elles sont censées pratiquer. Complètement nulles et pas le moindrement prêtes à mener des combats à la télé. Et pourtant, c’est pour cela qu’elles ont été engagées. Et qu’elles se retrouvent désormais à bosser sous la direction d’un réalisateur souvent défoncé, abonné aux remarques indélicates.

PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

Après deux saisons à Los Angeles, l’action de GLOW se déplace à Las Vegas. 

Époque oblige, la bande-son cumule des tubes des années 80, dont Listen to Your Heart et She’s Got the Look de Roxette. Parlant de looks, ils sont assez épatants. Justaucorps, leggings, cheveux crêpés. D’autant que chaque lutteuse a sa personnalité (encore une fois, question d’époque, ces personnalités sont extrêmement et volontairement stéréotypées). La série les aborde d’ailleurs, ces stéréotypes, en usant d’un côté bédé et vintage. Mais surtout, surtout d’humour.

Évènement éclaté 

Pas étonnant, donc, qu’on lui ait fait une place au festival Just for Laughs. Là où quelques actrices, un acteur et les créatrices de G.L.O.W. se sont retrouvés hier le temps d’une conférence à l’hôtel Hilton. Parmi les comédiennes, on comptait la New-Yorkaise Betty Gilpin, qui joue une lutteuse et maman composant avec la trahison de son mari et de sa meilleure amie. « C’est grâce à GLOW que j’ai fait du sport pour la première fois de ma vie », a-t-elle entre autres déclaré lors de cet évènement légèrement échevelé.

Un événement qui a débuté par la présentation de la bande-annonce de la saison à venir. Le public a applaudi. Puis la bande-annonce a défilé à nouveau. Cette fois avec les commentaires en direct des interprètes invités. Honnêtement, l’exercice s’est avéré peu concluant. C’était un joyeux bordel. Éclaté, comme plusieurs scènes de la série.

« Ah ! ÇA, c’est une bonne chanson ! » « Ah ! ÇA, c’était chouette à tourner ! » Soudain, à travers le brouhaha, la voix de Marc Maron s’est élevée : « Je ne suis pas dans ces scènes. Où suis-je ? » Et pendant quelques minutes, ça s’est un peu résumé à ça. « Oh, je suis là. » « Oh, je ne suis pas là. »

Parlant de présence, durant la conférence comme à l’écran, celui qui joue le patron rustre des lutteuses a été pas mal remarqué. Il s’est d’emblée faussement énervé du manque de chaises (ou plutôt, d’une chaise) sur scène. « Quel désastre ! C’est quoi, ce putain de festival ? Allez, tout le monde, rentrez chez vous ! », a-t-il lancé, imitant la manière de son personnage aux propos grossiers.

PHOTO WILLY SANJUAN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Marc Maron entouré des filles de GLOW, en 2018

Il faut dire que Marc Maron a acquis une solide notoriété pré-GLOW. Notamment grâce à sa baladoémission WTF (comprendre : what the fuck). Et dans le cadre de laquelle il a notamment interviewé Barack Obama, Robin Williams, Kim Gordon et Iggy Pop.

Visiblement, son personnage fascinait hier. Seul homme parmi ces dames, il a analysé l’évolution de son rôle, qui divise l’opinion. Certains le trouvent vraiment niaiseux mais attendrissant. D’autres, complètement déplacé et méchant. « Tant de femmes m’ont dit : “Il me fait penser à mon oncle !” “Il me fait penser à mon frère !”, a lancé énergiquement Marc Maron. Je n’avais pas réalisé à quel point c’était un trou de cul total. J’avais simplement l’impression que cet homme était triste. Brisé. » Promesse de l’interprète : « Dans la nouvelle saison, il sera moins con. »

Et le réel

Pour la petite histoire, notons que GLOW est inspirée d’une histoire vraie. Soit celle d’une fédération de lutte féminine qui a brillé dans une émission diffusée à la télévision américaine de 1986 à 1990. (À ce sujet, vous pouvez d’ailleurs visionner, sur Netflix toujours, le fort intéressant documentaire du même titre réalisé par Brett Whitcomb.)

Compte tenu de ce fait, l’animatrice de la conférence, Rachel Bloom (que certains ont pu voir dans Crazy Ex-Girlfriend) a voulu savoir comment la production avait réussi à rendre hommage à cette époque. Et ce, en évitant que la série ne soit reconnue QUE pour son esthétique. Les scénaristes et créatrices de l’émission, Liz Flahive et Carly Mensch, ont alors répondu avoir tout fait pour que « les années 80 ne bouffent pas tout ». « Nous ne voulions pas que vous vous souveniez du chouchou que telle actrice portait dans ses cheveux. Nous voulions que vous vous souveniez de la façon dont l’actrice se sentait à l’égard de ce chouchou. »

Elles ont également tenu à prévenir que si les deux premières saisons baignaient dans une « utopie féministe », la troisième allait mettre de l’avant beaucoup d’éléments sombres. Notamment, la question de l’impact de la lutte sur le corps. Le mythe voulant que tout soit faux et facile ? Eh bien, il est archi faux, justement. « C’est vraiment douloureux », a confié Betty Gilpin.

En me rendant sur le plateau, j’avais souvent l’impression d’être un golden retriever que l’on amenait chez le vétérinaire en lui mentant sur les atroces souffrances qu’il allait subir.

Betty Gilpin

Un tournage qui transforme

Sur une note sérieuse, l’actrice nommée pour une seconde année aux Emmy pour ce rôle a confié par la suite que cette série avait complètement changé son rapport à son corps. « J’ai appris à le traiter comme un objet fort. Fonctionnel. Pour la première fois, si je m’entraînais, ce n’était pas pour avoir de jolis abdos bien définis. Mais plutôt pour être capable de soulever mes collègues actrices et les jeter au bout de mes bras dans le ring. C’était très libérateur. »

Britney Young, qui personnifie la lutteuse Machu Pichu, a enchaîné : « J’aime que cette émission ne traite pas mon corps comme une “taille forte”. C’est uniquement un corps. » La comédienne, qui tient ici son premier rôle après avoir bossé en télé comme assistante, a noté que c’est une rareté. « Souvent, dans notre industrie, l’attention sera mise sur des femmes comme moi pour dire : “Regardez ! Regardez ! Nous avons de la diversité !” Et pour faire bien paraître la production. » Toutes ses collègues ont approuvé, se disant complètement transformées par le tournage.

Infatigable, Marc Maron a alors tenu à parler de son expérience sur la question : « Moi, j’ai montré mes fesses dans la première saison. » Conclusion de l’animatrice : « Merci pour votre bravoure. »

GLOW, saison 3, sur Netflix dès le 9 août