Avouez que vous sacrez depuis un mois après M. (excellent Mehdi Meskar), le pervers narcissique de la bouleversante télésérie Le monstre de Radio-Canada. Il est mieux de ne pas me tomber entre les pattes, ce petit %&*#@ de minable-là !

Avouez que vous sacrez aussi, bien malgré vous, après la pauvre Sophie (touchante Rose-Marie Perreault), la victime du bourreau qu’elle a épousé. Non mais, ça va lui prendre quoi, à Sophie, pour comprendre que son beau M., qui la frappe, l’humilie et l’isole, est un psychopathe de catégorie Mindhunter ?

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Rose-Marie Perreault dans Le monstre

Oui, on juge Sophie, on critique son aveuglement, sa naïveté, on se demande pourquoi elle ne s’enfuit pas, pourquoi elle endure, pardonne et retombe dans le piège. C’est fâchant et frustrant de la suivre dans cette valse de séduction-destruction. Crisse, Sophie, appelle la police !

Puis, comme dans les horribles scènes de viol collectif contenues dans l’épisode d’hier soir, on compatit avec cette jeune femme ensorcelée par un (dangereux) maître du charme.

J’avais oublié à quel point Le monstre jouait constamment avec nos sentiments les plus primaires.

Haine, dégoût, peur, pitié. J’ai vu cette très bonne série signée Chantal Cadieux (Une autre histoire) à sa sortie sur l’Extra de Tou.tv à la fin de février. Comme la majorité d’entre vous ne souscrit pas à cette plateforme numérique, c’est pertinent d’en reparler pour les 980 000 accros qui visionnent Le monstre les mercredis à 21 h.

Parce que c’est une œuvre forte, adaptée de l’histoire vraie de la comédienne Ingrid Falaise. Parce que la déconstruction du récit, qui se balade entre le présent (plus calme) et le passé (terriblement houleux) du couple, nous permet de mieux comprendre de quelle façon pernicieuse M. a piégé Sophie. C’est de la manipulation de haut niveau, avec une lente gradation dans l’intensité.

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Mehdi Meskar dans Le monstre

Un bouquet de fleurs, une claque au visage. Une crise de jalousie, un souper aux chandelles. Tu es ma femme, je t’aime, tu t’habilles comme une pute ! Je cache ton passeport et ton téléphone, mais vas-y, sors rejoindre tes copines.

Les parents de Sophie, campés par Jean-François Pichette et Macha Limonchik, ne savent plus comment agir avec leur fille. La méthode ferme ne fonctionne pas (Sophie les vole et s’enfuie dans le nord de l’Afrique). L’approche douce ne donne aucun résultat non plus. L’impuissance du père et de la mère, c’est également celle que le téléspectateur ressent.

Les scènes de violence du Monstre, très réalistes, me saisissent chaque fois. Reste qu’elles procurent l’électrochoc nécessaire pour mesurer l’ampleur de ce drame conjugal. Il ne reste que deux épisodes au Monstre. Après, place à la deuxième saison de Plan B, qui vous remuera d’une tout autre manière.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE VIDÉOTRON

Patrick Huard et Macha Grenon dans Les honorables

Autre série digne d’intérêt : Les honorables de l’auteur Jacques Diamant, que j’avais dévorée il y a quasiment un an sur le Club illico de Vidéotron, mais que TVA relaie depuis un mois les mardis à 21 h. Encore ici, une majorité de téléphages (près de 930 000, selon Numeris) se frottent à la famille Dessureaux à la télévision traditionnelle.

La révélation de ce thriller judiciaire touffu, c’est l’acteur Kevin Houle, qui incarne le narcissique et perturbé Tristan Rabeau, acquitté du meurtre de la triathlète de 18 ans Gabrielle Dessureaux. Les parents de la victime, deux juges incarnés par Patrick Huard et Macha Grenon, ne digèrent pas ce verdict de non-culpabilité et se décarcassent pour pincer eux-mêmes l’assassin de leur plus jeune fille.

Ce personnage du vilain Tristan Rabeau, froid et brillant, est au cœur de la costaude intrigue des Honorables, qui se déguste mieux en rafale. Parfois, ça devient confus entre le vol du test de dopage de Gabrielle, le truand assassiné dans son auto, sa colocataire défoncée, le comptable louche et l’implication des motards.

Il est rusé, Tristan Rabeau. Il a réussi à infiltrer la respectable famille Dessureaux, presque tous des avocats ou des magistrats, sans éveiller de soupçons. Il a probablement tué Gabrielle Dessureaux. Il a embauché Alicia Dessureaux (Mylène Mackay), la grande sœur de Gabrielle, pour le défendre, puis il a couché avec elle. La vidéo de leurs ébats lui sert maintenant d’outil de chantage.

L’épisode de mardi soir, où le père Ludovick (Patrick Huard), la mère Lucie (Macha Grenon), la fille Alicia et le fils Raphaël (Olivier Gervais-Courchesne) ont uni leurs forces pour coincer leur principal suspect, a été très bon.

C’est certain que cet arsenal de moyens plus ou moins légaux hérisserait le Barreau. Mais dans l’esprit de vengeance qui anime les Dessureaux, il n’y a rien de trop gros pour épingler Rabeau.