Le réalisateur montréalais Jean-Marc Vallée n'avait jamais pensé travailler à la télévision. Maintenant, il adore ça.

Après avoir réalisé la série à succès Big Little Lies à HBO et la nouvelle série à suspense Sharp Objects, il affirme vouloir « absolument » continuer à travailler avec la chaîne.

« Je sens que je fais partie de la famille et je veux continuer à développer la relation », a déclaré Jean-Marc Vallée lors d'une récente entrevue téléphonique.

« Tout tourne autour des gens et, quand vous trouvez votre équipe, vous ne voulez tout simplement pas la changer. C'est pourquoi je présente à mes amis américains tous les Québécois francophones que j'ai trouvés et avec qui je travaille depuis tant d'années maintenant. »

Le cinéaste faisait référence à l'équipe montréalaise sur Big Little Lies et Sharp Objects, une série en huit épisodes diffusée à compter de dimanche sur HBO Canada.

Amy Adams, cinq fois nommée aux Oscars, y tient le rôle de Camille Preaker, une journaliste alcoolique qui revient dans sa ville natale du Missouri pour écrire sur le meurtre d'une préadolescente et la disparition d'une autre. Patricia Clarkson joue la mère pleine de jugements de Camille, que celle-ci doit affronter alors qu'elle lutte contre des problèmes de santé mentale.

La distribution comprend également Chris Messina de The Mindy Project dans la peau d'un détective, Eliza Scanlen dans celle de la demi-soeur cadette de Camille et Elizabeth Perkins dans le rôle de potineuse principale de la ville.

Marti Noxon a créé et coécrit le scénario, inspiré du roman de Gillian Flynn.

Comme pour Big Little Lies, Jean-Marc Vallée a insisté pour que HBO lui permette de monter la série et de faire la postproduction au Québec avec son équipe locale. Le directeur photo montréalais Yves Bélanger, qui a reçu une nomination aux Emmy pour son travail dans Big Little Lies, a également prêté ses talents à Sharp Objects.

HBO a aussi laissé Jean-Marc Vallée tourner chacune des séries comme un film, lui permettant de filmer l'ensemble du projet avant de le monter, plutôt que de le faire épisode par épisode, comme c'est généralement le cas.

« [HBO] est le meilleur partenaire de tous les temps », a déclaré le réalisateur québécois, qui a remporté un Emmy pour Big Little Lies l'an dernier, alors que plusieurs membres de son équipe montréalaise étaient également finalistes pour des prix.

« Ils sont si créatifs, ils tiennent à offrir un produit de qualité, et [...] nous cherchons la même chose, nous voulons raconter de belles histoires, et ils ont mis en place ce carré de sable où ils invitent les gens du cinéma - acteurs, actrices, écrivains, réalisateurs - à venir jouer. »

Un processus organique

Pourtant, la télévision n'avait jamais été un objectif pour Jean-Marc Vallée, que le drame C.R.A.Z.Y. a mené à une série de films de grande envergure, allant de Dallas Buyers Club à Wild, en passant par Demolition.

« Je ne pensais pas que j'allais faire ça dans ma carrière cinématographique, a-t-il admis. Je voulais faire des longs métrages. »

Mais, Amy Adams l'a invité à réaliser Sharp Objects, et Reese Witherspoon l'a pointé vers Big Little Lies.

« J'ai dit : "Attendez une minute! Si ces actrices veulent le faire, je veux les suivre" », s'est-il souvenu.

« Je ne vois aucune différence, sauf [qu'une série télé] est plus longue et [que] nous avons plus de temps pour explorer et développer les personnages. »

Pour Jean-Marc Vallée, ce processus est organique et se fait sans répétitions ni projecteurs cinématographiques - juste un éclairage naturel et portable. Il aime aussi commencer à tourner dès que les acteurs arrivent sur le plateau, avec pratiquement aucun technicien à proximité. Les caméras tournent constamment, sans s'arrêter.

« L'essentiel est de capter la magie de ces acteurs et de toucher le coeur, et c'est ce que je vise, ce pour quoi je vis », a-t-il déclaré.

« C'est ce que j'aime le plus sur le plateau, c'est dire "coupez!" quand j'ai du mal à le dire, parce que je suis tellement ému et tellement impressionné - que ce soit beau, horrible, effrayant ou violent. »

S'il devait y avoir une deuxième saison de Sharp Objects, Jean-Marc Vallée aimerait la réaliser, mais seulement dans un avenir éloigné.

Pour le moment, il prévoit faire une pause de six mois, avant de réaliser deux films.

« Deux séries télévisées, l'une à la suite de l'autre, physiquement, c'est un marathon », a confié le cinéaste. « Donc, deux marathons de suite. Je suis épuisé en ce moment, et je ne veux certainement pas en courir un autre. »

« C'est pourquoi je suis heureux de retourner dans le monde du long métrage. Je n'aurai qu'un tournage de 40 jours, et ce sera si facile », a-t-il ajouté en riant.